Omar brousky, journaliste et auteur marocain, à l’expression : « C’est un voyage au coeur du pouvoir de mohammed vi »

Omar brousky, journaliste et auteur marocain, à l’expression : « C’est un voyage au coeur du pouvoir de mohammed vi »

P140921-19.jpgOmar Brouksy, universitaire et journaliste marocain durant plus de 15 ans, a commencé comme rédacteur en chef à l’hebdomadaire Le Journal avant que le Makhzen ne le ferme pour avoir publié un scoop sur l’implication de certaines figures de l’opposition socialiste marocaine dans le coup d’Etat organisé par le général Oufkir contre Hassan II en août 1972.

Omar Brousky avait travaillé également comme correspondant de l’AFP à Rabat et cela malgré le fait que le roi eut refusé son accréditation en qualité de correspondant de l’agence française avant de se consacrer à partir de 2012 à ce livre qui récolte le maximum d’informations connues ou secrètes sur le règne de Mohammed VI. Il nous explique dans cet entretien les raisons de cette sortie à la fois médiatique et politique.

Comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre à charge contre le roi Mohammed VI?

L’idée n’est pas récente, elle remonte à 2009, à l’époque où j’étais rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le Journal, qui a été fermé sur instruction de Mohammed VI. Mais la rédaction du livre a été retardée à cause du printemps arabe en 2011, qui avait bouleversé la région. Ce n’est qu’après que j’ai repris la rédaction du livre en 2012 en me focalisant sur les entretiens et la récolte de l’information.

Comment avez-vous tenu en secret la rédaction d’un livre sur la monarchie?

La rédaction était tenue secrète et les entretiens se sont faits en toute discrétion. Ce qui n’était pas évident, puisque j’ai interrogé plus de 30 personnes pour la rédaction de ce livre. Et malgré toutes les précautions prises, l’information a fuité puisque certains sites d’information avaient révélé l’existence d’un projet de livre sur le roi quelques semaines après l’avoir bouclé.

Vous avez choisi pour la préface du livre, la plume de l’auteur du pamphlet contre le roi Hassan II, Gilles Perrault, c’est du marketing ou c’est éditorial?

C’est les deux à la fois, d’abord, parce que Gilles Perrault est un grand écrivain que j’admire et que j’avais eu l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises.

Nous partageons les mêmes principes de justice, de liberté d’expression et de gauche. A l’époque, quand j’avais fini la rédaction du livre, je lui ai demandé de le lire. Il avait beaucoup apprécié et il m’avait demandé de le publier sans attendre.

D’ailleurs, il y a dans le livre des éléments dans la continuité de l’époque de Hassan II qu’on retrouve sous le règne de Mohammed VI, même si Mohammed VI n’est pas Hassan II et que Tazmamart et la répression du Makhzen n’existe plus. Cela dit, la même façon de régner et de maintenir le pouvoir nous rappelle l’époque de Hassan II.

C’est pour cette raison essentielle que j’ai demandé à Gilles Perrault de préfacer le livre. C’était un honneur pour moi. Dans votre livre, vous n’avez pas évoqué les relations algéro-marocaines, qui restent tendues depuis plusieurs années, c’était voulu?

Oui, c’était voulu, car l’objectif du livre ce n’était pas les relations algéro-marocaines, mais la question du voyage au coeur du pouvoir de la monarchie de Mohammed VI. C’est une enquête sur le pouvoir et l’influence.

Les relations algéro-marocaines ne sont pas le sujet principal même si le sujet s’impose et j’en parle dans quelques chapitres.

Le livre se concentre sur la nature du pouvoir personnalisé et lié à une seule personne qui est le roi. Un pouvoir qu’il centralise et qu’il partage avec six à sept de ses anciens camarades de collège. Toute l’ancienne garde du roi Hassan II a été graduellement écartée du pouvoir.

Qu’attendez-vous et qu’est-ce que vous redoutiez après la sortie de ce livre?

Je ne redoute rien du tout, je suis conscient et j’assume avec responsabilité les conséquences de ce projet. Seulement, il faut préciser qu’ à aucun moment je n’ai porté atteinte à la personne du roi. J’apporte une importance capitale au respect de la vie privée des personnes. Le livre se base uniquement sur une enquête journalistique approfondie, sur des chiffres vérifiés et recoupés et sur des témoignages fiables.