Mémoires du géologue Abdelkader Saâdallah: “Va de l’avant. De la tribu à la culture globale”

Mémoires du géologue Abdelkader Saâdallah: “Va de l’avant. De la tribu à la culture globale”

C’est l’histoire d’un homme qui a réussi dans la vie par son travail et les efforts qu’il a fournis pour devenir celui qu’il est aujourd’hui : un géologue polyglotte, expert auprès de plusieurs compagnies pétrolières à travers le monde.

Va de l’avant. De la tribu à la culture globale (*) est l’ouvrage de Abdelkader Saâdallah, republié en Algérie à la fin 2016, aux éditions Ingese. L’auteur y raconte sa tribu, sa famille, mais aussi son pays et, inévitablement, sa “petite” vie parmi les siens, depuis sa naissance, durant la période coloniale, jusqu’à l’indépendance de l’Algérie.

C’est l’histoire d’un homme, né dans une ferme de colons, rapportée à travers de petites histoires qui l’ont marqué, comme la dépossession des terres, la dureté de la vie, les privations de la famille et le dévouement des parents, qui a réussi dans la vie par son “seul” acharnement à apprendre toujours davantage, ainsi que par son aptitude à déceler les fenêtres d’espoir et à aller toujours de l’avant et à “survivre”.

Abdelkader Saâdallah, né en 1944 dans la région de Aïn Témouchent, à l’ouest du pays, a vécu, étudié et enseigné en Algérie jusqu’à 1994. L’ancien professeur de l’université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene (USTHB) s’est ensuite installé en France et a exercé en tant que chercheur au CNRS et professeur en géosciences à l’université de Besançon (France), de 1994 à 1996. Aujourd’hui, il vit en Norvège et travaille à son propre compte, dans un bureau de consulting, SaadGeo, devenant ainsi expert auprès de plusieurs compagnies pétrolières à travers le monde. Dans son livre, l’auteur décrit la vie à la campagne, pendant les années 1940 et 1950, notamment, dans la ferme coloniale Casimir. Une ferme construite sur les anciennes terres de Benkriche, la famille de sa mère, des terres “bonifiées” de la sueur des Saâdallah.

Il se penche sur les rapports sociaux au sein de la famille tribale, revisite la dislocation du système tribal et s’intéresse à l’organisation moderne du travail agricole. Sa mère, Talia Bent Benkrich, serait l’image la plus marquante de la “culture tribale” par sa résistance exprimée sous forme de résignation. Quant à son père, Tayeb Ould Si Bouziane Saâdallah, ancien tirailleur durant la Première Guerre mondiale, employé plus tard comme commis à la ferme Casimir, il incarnerait une force de survie “d’acier”.

Pour Saâdallah, la découverte du monde moderne a fait prendre conscience à son père de la nécessité des études. Plusieurs souvenirs sont évoqués dans le récit : les études, le travail à l’épicerie, l’approche des filles, la vie à Aïn Témouchent, l’aide d’une pied-noire, la guerre, l’École normale d’instituteurs d’Oran, les actions “haineuses” de l’OAS, le départ à Tlemcen et enfin le référendum d’autodétermination. Du début jusqu’à la fin, l’ouvrage de Abdelkader Saâdallah est traversé par plusieurs dimensions : temporelle, géographique, sociale, linguistique, culturelle, religieuse et politique.

Pour ce qui est de la dimension politique, elle reflète le point de vue, très critique de l’auteur, sur les hommes ayant marqué l’histoire de l’Algérie indépendante. Dans la préface, le chercheur Ahmed Ben Naoum, professeur émérite à l’université de Perpignan (France) et chercheur associé au Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques d’Alger (Cnrpah), relève que cet ouvrage est un fantastique récit de vie, tel qu’en leurs méthodes les sciences de l’homme et de la société le dénomment.

Plus loin, il précise que l’auteur est parvenu à “dire la vie de la société qu’aucun romancier, ni aucun sociologue, historien ou chroniqueur, n’aurait réussi à restituer de manière aussi vivante, aussi précise, aussi émotionnelle et aussi accessible”. Va de l’avant, de Saâdallah : un livre à ne pas rater !