Médéa : compétition pour la « Grappe d’Or », l’adaptation prend le dessus sur l’oeuvre originale

Médéa : compétition pour la « Grappe d’Or », l’adaptation prend le dessus sur l’oeuvre originale

bacddca3f031f47ab560d26ea6db9779_L.jpgL’adaptation a pris le dessus sur l’oeuvre originale peu présente parmi les pièces sélectionnées pour la « Grappe d’Or » du festival national de théâtre comique, qui se tient depuis le 30 septembre à la maison de culture Hassan El Hassani de Médéa, contrastant avec l’objectif initial de cette manifestation, à savoir l’émergence d’un théâtre d’essence et d’inspiration locale, a-t-on constaté.

Le théâtre comique, au même titre que les autres genres, peine à se libérer de l’emprise de l’adaptation, omniprésente dans cette 10è édition ou cinq pièces sur les huit spectacles en lice pour la « Grappe d’Or » sont des adaptations de grands auteurs classiques, en l’occurrence Molière, Shakespeare et Tchékov.

A cette petite liste sont venus s’ajouter, d’autres auteurs, de nationalité bulgare, à l’instar de Sett Kostov, auteur de l’oeuvre adaptée par le théâtre régional de Saida pour sa pièce « Ninna », ou encore, « Kareb Al-Ghaba », une adaptation du théâtre régional de Béjaia de l’oeuvre de Nicolai Kholiakov.

Si rien n’empêche, sur le plan de l’éthique, de recourir à cette formule pour monter une pièce de théâtre, le mieux serait de puiser dans des textes issus du « terroir » du riche patrimoine culturel national et du précieux répertoire laissé par les pionniers du quatrième art. Ces troupes auraient gagné en originalité en allant puiser dans ce patrimoine, plus à même de traduire la réalité de la société, à refléter ses craintes, ses angoisses et ses attentes, au lieu d’emprunter à d’autres cultures des oeuvres et des textes peu « adaptés » à la notre.

Est-ce le manque d’auteurs dramaturges de talents ou d’oeuvres littéraires de qualité qui pousse ces troupes à chercher « ailleurs » ce qui fait défaut « ici », d’opter pour cette « solution de facilité » censée les mettre à l’abri de moult tracas ou freiner leur élan créatif, s’interrogent certains observateurs.

Les avis des critiques et des spécialistes divergent. Les uns reconnaissent l’existence de cette tendance chez nos troupes théâtrales, qu’ils expliquent par la crainte, d’une part, de l’échec, dans le cas où elles opteraient pour un texte original, car rien ne garantit son acceptation par le public, et la difficulté, d’autre part, à mettre en scène des oeuvres ou textes littéraires, destinés initialement à la lecture, plus qu’au théâtre, soutient-on.

D’autres critiques induisent, par contre, ce phénomène à l’incapacité du théâtre algérien, de manière générale, à assurer la relève dans le domaine de la dramaturgie.

La disparition, affirment-ils, de dramaturges de renoms, tels que Mustapha Kateb, Mahieddine Bachtarzi, Mahboub Stambouli, Alloula ou Benguettaf, a laissé un grand vide que ne parviennent toujours pas à combler les générations qui les ont suivis, hormis quelques rares cas exceptionnels, comme Omar Fetmouche ou Ziani Cherif Ayad.

Continuer d’évoluer dans cette voie n’est pas une « tare » en soi, estiment ces critiques qui ne voient pas, d’ailleurs, d’un « mauvais oeil » cette pratique, car elle constitue, à défaut d’un sursaut, une « bouée de sauvetage » pour un quatrième art qui lutte contre vents et marrées afin d’éviter la dérive.