“Marée noire, colère rouge” de Vautier, jamais présenté aux téléspectateurs

“Marée noire, colère rouge” de Vautier, jamais présenté aux téléspectateurs

b2643bd7144988a148852b21a9dbd49f_L.jpgPARIS – La deuxième journée hommage au cinéaste René Vautier, dans le cadre des 16es Journées cinématographiques dionysiennes (JCD) sur la censure, a été consacrée dimanche à son film « Marée noire, colère rouge » qui dénonce les intérêts financiers et le trafic des pétroliers.

Réalisé en 1978, en couleur, le long métrage (1h05) n’a jamais été présenté aux téléspectateurs français, le film dénonce les mesures prises par les autorités centrales françaises, lorsque le 16 mars 1978, le pétrolier supertanker « Amoco Cadiz » coule au large de Portsall, petit port du Finistère nord.

Il a même pointé du doigt les remorqueurs et le rôle des médias « complices » de la politique des autorités françaises.

Face à la marée noire, il y avait eu la « colère rouge » des Bretons et des élus locaux qui n’ont jamais été consultés. Pour que ce film passe à la télévision, on avait demandé (les chaînes de télévision) à René Vautier de couper les manifestations  des Bretons qui critiquaient la télévision, la radio, les informations distillées aux Français.

L’autre documentaire qui a retenu l’attention des spectateurs, présents à ce cycle de projections non-stop dans deux salles différentes à Saint-Denis, est « Le Fort du Conquet » (1983, noir et blanc, 7 mn) qui montre comment une partie de l’histoire de la guerre de libération est occultée.

Le documentaire, des images des archives de René Vautier détruites par un commando de l’extrême droite, est monté à partir de témoignages de moudjahidine torturés par Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national (FN).

En procès contre Jean-Marie Le Pen en 1985 pour diffamation, l’hebdomadaire satyrique Le Canard Enchaîné a été aidé par les témoignages d’Algériens torturés, dont certains sont même venus soutenir le journal.

René Vautier dénonce, à travers ce court métrage, la loi d’amnistie de 1963 qui protège l’homme politique, interdisant l’utilisation d’images pouvant nuire à des personnes ayant servi pendant la guerre contre Algérie.

Au cours des séances payantes de ces journées cinématographiques, les organisateurs ont également programmé, jusqu’à la clôture mardi, d’autres films chinois, iraniens, allemands, russes, français et américains frappés par le sceau de la censure.

Les JCD passent en revue entre autres des cinéastes comme Yves Boisset, face à la censure, qui a connu des ennuis avec  son troisième long métrage, « Un condé » (1970), un film interdit pendant six mois en France, à cause d’une scène d’interrogatoire jugée « trop musclée », puis amputé de douze minutes avant de connaître un énorme succès public.

Ce cinéaste, auquel on lui a rendu un hommage, s’est engagé à aborder les thèmes les plus brûlants de l’époque, dont l’affaire Ben Barka dans  « L’Attentat » (1972), le racisme ordinaire dans « Dupont la joie » (1975), la guerre de libération nationale dans « R.A.S. » (1973).

A titre de rappel, les JCD abordent de nombreux aspects de la censure au cinéma, politique, juridique, économique, religieuse, autocensure, qui, selon les organisateurs, « continue de s’exercer sous diverses formes plus ou moins visibles ».