Livres économiques au SILA 2015: Des étudiants satisfaits, des chercheurs déçus

Livres économiques au SILA 2015: Des étudiants satisfaits, des chercheurs déçus

9c686cf4017eb73b422f220662b05564_L.jpgLes ouvrages économiques exposés au Salon international du livre d’Alger connaissent certains succés chez les étudiants, mais les chercheurs universitaires se disent plutôt frustrés par l’absence des livres hautement spécialisés en matière économique, indispensables pour les thèses doctorales.

Le livre d’économie, présent en force dans certains stands et quasiment absent dans d’autres lesquels sont dominés par les livres religieux, parascolaires, d’Histoire ou par les romans, est, de surcroît, plus ou moins cher pour les étudiants mais aussi pour certains chercheurs, a constaté l’APS à travers les stands du SILA 2015 auquel participent plus de 900 exposants.

Rencontrés au stand de l’Office des publications universitaires (OPU), de jeunes enseignants à l’université Chadli Bendjedid d’El Tarf déplorent le manque de livres économiques spécialisés.

« Nous préparons tous les deux un doctorat. Nous avons trouvé une multitude de livres sur l’économie dans ce salon.Mais à l’instar du SILA de l’année dernière, nous n’arrivons pas à trouver des livres très spécialisés dans la finance internationale et la monnaie », regrettent-ils.

Devant les étagères de stands consacrés par cet office aux publications économiques, des étudiants semblent, par contre, satisfaits de l’offre « abondante » des livres économiques.

Profitant des prix relativement avantageux offerts par l’OPU, oscillant entre 500 et 800 DA, ces jeunes se bousculent pour compulser, avant de les acheter, des ouvrages en langues arabe et française portant sur le management, la comptabilité, les statistiques, la fiscalité ou les techniques bancaires.

Interrogé sur les ouvrages économiques les plus prisés par les visiteurs, le chef du stand observe que l’engouement est « très important » même s’il est constaté uniquement chez les universitaires et non auprès du grand public.

« Le stock d’un livre portant sur la transition de l’économie émergente, cédé à 2.500 DA, a été épuisé au premier jour du salon, tandis qu’un autre ouvrage de quatre tomes sur l’économie algérienne a été raflé et les gens le réclament toujours », relève-t-il.

Trois autres ouvrages récents intitulés, respectivement, « comptabilité générale », « écrits monétaires » et « l’optimisation en fiscalité », ont également suscité un intérêt particulier chez des visiteurs.

Dans le stand d’une maison d’édition d’Alger, les manuels relatifs aux codes du commerce, d’investissement, des marchés publics, des procédures fiscales, ou aux dictionnaire de l’économie et des sciences sociales, disponibles en arabe et en français et cédés, respectivement, à 350 DA pour les codes et à 1.000 DA pour les dictionnaires, se sont vendus comme des petits pains.

Un même constat est relevé par une maison d’édition d’Oran qui offre cinq (5) titres d’économie sur les 483 exposés: « Un de ces titres, relatif à l’économie générale, s’est épuisé en trois jours », se réjouit son représentant en observant que les acheteurs sont exclusivement des étudiants.

A une autre maison d’édition algéroise, une dizaine de titres économiques portant, entre autres, sur les techniques bancaires, l’économie internationale et les réformes économiques en Algérie, sont vendus entre 150 et 600 DA.

Mais le constat semble le même au niveau des stands: les livres économiques dédiés à la recherche sont les grands absents.

Flambée des prix des livres importés

« J’ai fait pratiquement le tour du salon et je ne trouve toujours pas de livre spécialisé en droit des assurances », déplore un enseignant à l’université d’Alger et doctorant sur les garanties des assurances.

Quant aux prix de certains ouvrages économiques, poursuit-il, « je trouve que les prix sont plus chers que d’habitude. Un simple chercheur ne peut se permettre des ouvrages importés vendus à 8.000 ou 10.000 DA ».

Pour un autre universitaire, c’est uniquement chez l’OPU que des prix raisonnables sont appliqués: « Sinon, je suis choqué par les prix des livres importés. D’ailleurs, un livre que j’avais acheté à 1.500 DA en 2014 est vendu à 2.800 DA cette année ».

En bon économiste, il impute cette hausse à la dépréciation du dinar par rapport à l’euro.

Une virée chez les maisons d’édition étrangères exposantes confirme ce constat: Des livres et des dictionnaires économiques de haute qualité sont disponibles mais à des prix avoisinant parfois le SNMG.

C’est ainsi que dans le stand d’un éditeur français d’ouvrages universitaires, qui offre pourtant une remise de 20%, un dictionnaire des marchés financiers est cédé à 11.700 DA, un ouvrage sur le marketing international à 8.850 DA et un autre sur le marketing international à 7.670 DA , alors que d’autres sont fixés à 15.000 DA et plus.

Rencontré au niveau de ce stand, un économiste algérien connu avoue être venu au salon avec une somme de 150.000 DA mais il se demande si cela allait lui suffire pour satisfaire son appétit bibliophile.

Un autre stand français dispose d’une grande variété de livres de management, de comptabilité et d’encyclopédies d’économie, vendus à des prix allant de 1.500 DA à 6.000 DA.

« C’est trop cher », s’exclame un visiteur, qui est cadre dans une société publique nationale, en désignant du doigt le prix d’un manuel pour les chefs d’entreprise cédé à 3.000 DA.

Le stand d’un éditeur libanais, qui propose une quinzaine de titres en économie, signale « un recul net des achats en général et des livres d’économie en particulier alors que les prix proposés sont restés inchangés par rapport à l’année dernière ».

« Nous avons vendu une soixantaine de livres d’économie depuis le début du salon, à des prix allant de 500 à 600 DA seulement, mais les ventes sont en deça de nos attentes », selon son représentant.

Mais pour certains visiteurs rencontrés dans les différents stands, le problème ne résiderait pas uniquement dans la cherté du livre qu’il soit économique ou autre, mais plutôt dans l’intérêt porté pour la lecture.

« Pourquoi se plaindre de la cherté des livres alors que l’on n’hésite pas à débourser 5.000 DA, 10.000 DA ou 100.000 DA pour acheter des produits cosmétiques, un téléphone mobile ou des feux d’artifice sophistiqués? », s’interroge l’un d’eux.

Et d’opiner: « C’est un problème de culture et de classement des priorités dans une société qui n’accorde pas beaucoup d’importance à la lecture ».