“Les faiseurs d’Oasis ”, de Samir Benmalek: Les secrets du Sahara exaltés

“Les faiseurs d’Oasis ”, de Samir Benmalek:  Les secrets du Sahara exaltés

Sorti aux éditions Média-Plus, ce recueil de récits de 85 pages, premier de ce journaliste et agronome, raconte l’histoire de trois “mages” qui créèrent le Sahara que nous connaissons aujourd’hui, avec ses oasis, ses richesses et sa beauté.

Publié dernièrement aux éditions Média-Plus avec le soutien du Programme d’aide à la publication de l’Institut français d’Alger (IFA), Les faiseurs d’oasis, première œuvre littéraire de Samir Benmalek, journaliste et ingénieur agronome diplômé de l’université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene (USTHB), est un recueil de récits et une déclaration d’amour au Sahara, ses habitants et ses légendes ancestrales.

Après un passage à la Station de recherches scientifiques sur les zones arides de Béni Abbès (Béchar), l’auteur s’est inspiré de son parcours et ses années passées dans le Sud algérien pour créer quatre récits, fortement ancrés dans un univers fantasmagorique avec des personnages soumis aux rudes lois d’une nature tantôt généreuse, tantôt dévastatrice et meurtrière. Éponyme au titre de l’ouvrage, le premier récit met en scène le jeune Nanouma qui aspire à vivre à Tombouctou, afin de devenir imam, calligraphe ou même astronome.

Poussé par la cupidité d’un marchand qui lui promet monts et merveilles s’il achète une écorce magique, le jeune adolescent s’embarque dans une aventure au sinistre épilogue. Ainsi Benmalek dépeint justement les travers des hommes et leur cupidité, qui fait d’eux des êtres sans cœur, une description amplifiée par l’aridité du désert et qui devient personnage à part entière, avec ses ergs, garas, son soleil impitoyable et son air “lance-flamme”.

Les chapitres “Micha” et “Noire”, retraçant respectivement le passage d’un scientifique russe Micha Alexendrievitch, et Mustapha, un jeune du Nord algérien à la station de recherches sahariennes de Béni Abbès, peuvent, dans une certaine mesure, incarner l’alter ego de l’auteur, qui lui aussi est passé par ce centre fondé en 1924 à Béchar par Nicolas Menchikoff. Les connaissances des deux personnages et surtout leur adaptation à ce climat aride ne pouvait qu’émaner d’un connaisseur et habitué des lieux, qui décrit le désert dans ses moindres détails.

Par ailleurs, ces récits sont entrecoupés pas les passages de trois “mages” dont la seule mission est de créer des oasis au fil de leurs pérégrinations sahariennes, à leur tête Othman, l’âme de ces infinis espaces dorés, avec sa détermination, ses vastes connaissances, sa sagesse et surtout son amour pour cette terre si généreuse lorsqu’on sait s’y prendre.

Avec une plume poétique et un humour acéré, Benmalek dénonce des sujets comme l’esclavagisme et le racisme “noir” ou l’égoïsme, “la soif de l’homme” et dit ainsi que, partout où il se trouve et quelle que soit son origine, l’humain, en laissant choir les valeurs essentielles, devient le pire ennemi de lui-même. Ainsi, le deuxième chapitre est porté par une légende russe, du roman Souris bleue, donne-moi de l’eau de Tchinghiz Aïtamov, que le personnage de Micha reprend frénétiquement dans le cruel espoir de trouver de l’eau.

Deux mondes opposés sont réunis par le journaliste où le jeune Kirsik (héros du roman) est condamné de la même manière et à des milliers de kilomètres, par l’aridité du climat kazakh et une soif meurtrière que le Russe et ses malheureux compagnons connaîtront à Béni Abbès. Un premier ouvrage qui donne le ton, avec une écriture libérée et dénonciatrice, portée par un humour fin mais mordant, sans jamais toutefois minorer les problèmes auxquels fait face la population du Sud, comme lorsqu’il narre le long et pénible parcours de citoyens, dans un bus surpeuplé et sans climatisation, ou son isolement qui subsiste encore

aujourd’hui.

Yasmine Azzouz

Les faiseurs d’oasis, de Samir Benmalek, éditions Médias-Plus, 85 pages, 750 DA, 2017.