L’écrivaine algérienne Assia Djebar, membre de l’Académie française, est décédée

L’écrivaine algérienne Assia Djebar, membre de l’Académie française, est décédée

bcc9910f5777aaeaf820c3e397d0d452_L.jpgL’écrivaine algérienne Assia Djebar est morte samedi 7 février à l’âge de 78 ans. L’auteur de “La Soif” avait été la première personnalité du Maghreb élue à l’Académie française.

Née en Algérie, elle avait choisi de faire du français sa langue d’écriture, « ensemencée par les sons et les rythmes de l’origine (…). Oui, ma langue d’écriture s’ouvre au différent, s’allège des interdits paroxystiques, s’étire pour ne paraître qu’une simple natte au dehors, parfilée de silence et de plénitude », expliquait Assia Djebar dans le discours d’entrée à l’Académie française qu’elle prononça en juin 2006.

Assia Djebar avait alors soixante-dix ans, et avait été élue un an plus tôt dans la vénérable institution. De ce lien particulier à la langue française – « lieu de creusement de mon travail, espace de ma méditation ou de ma rêverie, cible de mon utopie peut-être, je dirai même ; tempo de ma respiration, au jour le jour », disait-elle encore –, Assia Djebar avait fait depuis toujours le moteur d’une œuvre romanesque habitée par la « l’immense plaie » de la colonisation française et la description/dénonciation de la condition faite aux femmes dans le monde musulman.

Décédée ce samedi 7 février, à Paris, Assia Djebar était née en 1936 à Cherchell, en Algérie, fille d’un instituteur qui avait choisi de lui faire suivre des études en français. Élève brillante, elle avait intégré, en 1955, l’Ecole Normale supérieure de Sèvres.

Deux ans plus tard, elle publiait son premier roman, La Soif, premier jalon remarqué – elle est alors comparée à Sagan par certains critiques – d’une bibliographie marquée aussi par Les Enfants du nouveau monde (1962), Les Alouettes naïves (1967), Femmes d’Alger dans leur appartement (1980), ou encore L’Amour, la fantasia (1987), et plus tard La Femme sans sépulture (2002) et Nulle part dans la maison de mon père (2007). Demeurant toujours, et de plus en plus, attachée au thème féministe qu’elle développait, via la forme romanesque, en puisant à sa propre existence, à l’expérience aussi de sa mère et à celle des femmes des générations antérieures.

Abordant aussi l’histoire de l’Algérie, de la conquête francaise au XIXe siècle aux violences des années 1990, passant par la décolonisation. Ecrivaine autant qu’intellectuelle engagée, Assia Djebar a été par ailleurs professeure d’université (en Algérie, puis aux Etats-Unis), auteur pour le théâtre et cinéaste (La Nouba des femmes du Mont Chenoua, 1978 et La Zerda ou les chants de l’oubli, 1982).