Le théâtre maghrébin perd une de ses icônes avec la disparition de Tayeb Saddiki

Le théâtre maghrébin perd une de ses icônes avec la disparition de Tayeb Saddiki

80963b91b28ed4d8fec03e67e884ceb2_S.jpgALGER – Le théâtre maghrébin perd une de ses plus illustres figures avec la disparition, vendredi à l’âge de 79 ans, du dramaturge marocain Tayeb Saddiki qui aura consacré plus de cinquante ans de sa vie au service du 4e art.

Tayeb Saddiki lègue à la postérité des œuvres mémorables comme « Diwan Abdrrahmane El Medjdoub », « Badie Ezzamane El Hamadhani » et « El Fil wa Essarawil », dont certaines ont été jouées dans les années 1960/1970 sur les planches algériennes que l’artiste a beaucoup fréquentées à l’époque.

Les amoureux du 4e art se souviennent encore de générales données en Algérie, à l’instar de la pièce « El Kibach », jouée en 1969 à l’occasion du premier Festival Panafricain à Alger.

Cette « relation étroite » avec l’Algérie s’explique par la vitalité du théâtre algérien dans ces années où nombre de dramaturges arabes se sont produits et fait connaître sur ses planches, rappelle le critique de théâtre Mekhlouf Boukrouh.

Tout en saluant la mémoire d’un « artiste engagé et avant-gardiste », M. Boukrouh évoque également les tournées que faisait Saddiki à travers toute l’Algérie en compagnie d’un autre grand nom du théâtre maghrébin, l’Algérien Mustapha Kateb et du dramaturge tunisien Ali Benayad.

Il rappelle aussi que le l’auteur de « El Harraz » et « Soltane Etolba » s’était illustré en puisant dans le patrimoine maghrébin à l’instar du  regretté dramaturge algérien Abdelkader Alloula dont Seddiki s’était inspiré dans son travail.

« C’est une icône du théâtre arabe qui disparaît, un artiste complet, à la fois dramaturge, comédien et scénographe », estime le critique.

Rendant hommage à son tour à un « grand professionnel » et  à un « créateur » parmi les « plus doués du monde arabe », le dramaturge algérien Mustapha Ayad salue également la mémoire d’un homme « aux grandes qualités humaines » qui avait, rappelle-t-il, un « grand respect » pour les hommes de théâtre algériens qu’il a reçus au Maroc à de nombreuses occasions.

Né en 1937 à Essaouira sur la façade atlantique du Maroc, Tayeb Saddki fonde en 1957 la troupe du « Théâtre ouvrier »  et joue des adaptations d’auteurs arabes comme l’Egyptien Tewfik El Hakim.

Dramaturge, metteur en scène et comédien, il adapte également des classiques du théâtre universel comme Samuel Beckett et puiser dans le répertoire traditionnel maghrébin.

En plus d’avoir dirigé de nombreuses troupes et travaillé dans des institutions de théâtre au Maroc, il se distingue au cinéma, notamment dans le film « Arrissala » de Mostafa El Akkad.

L’artiste a été plusieurs fois récompensé pour ses œuvres dans son pays et à l’international.