Le réalisateur Djaâfer Gacem : «Héliopolis est mon prochain projet »

Le réalisateur Djaâfer Gacem : «Héliopolis est mon prochain projet »

Même s’il n’est plus à présenter, Djaâfer Gacem est l’un des meilleurs réalisateurs, producteurs et scénaristes algériens. Son génie créatif et sa verve artistique font de ses productions de véritables œuvres d’art, très convoitées et attendues par les téléspectateurs. Après les sitcoms, Djemai Family (trois saisons), Nass M’lah city (trois saisons), Dar El Bahdja, Kahwat Mimoun, Bouzid Days, Achour El Acher (deux saisons), les caméras cachés Wesh Dani et L’autre face, Djaâfer Gacem s’est également illustré dans le feuilleton dramatique Mawiid Maâ El Kadar… Aujourd’hui et pour la première fois, Gacem se lance dans le cinéma… Dans cet entretien, D. Gacem revient avec nous sur le succès d’Achour El Acher et nous parle de ses projets…

La série Achour El Acher 2 a eu un immense succès auprès du public, en Algérie et à l’étranger. Comment expliquez-vous ce succès ?

Parfois, le succès est inexplicable. Même si il y a des raisons quelque part, qui peuvent expliquer l’impact positif sur la population. Je pense que les Algériens se sont identifiés à cette série.

Notamment, à travers le peuple, son roi, son harem, ses ministres ainsi qu’à travers les sujets proposés et développés. Le téléspectateur a fait aussi le comparatif avec la période actuelle et celle d’Achour, ce qui était un défi pour cette série.

Car, le fait d’avoir créé une sorte de royaume de vie, un roi, des sujets, une population dont les péripéties quotidiennes sont décalées par le temps mais qui restent actuelles, ont captivé l’attention du téléspectateur qui a compris qu’à travers cette fiction, on était en train de parler de sujets chauds de l’actualité… Bien que les sujets évoqués n’étaient pas adressés qu’à une certaine catégorie de la société.

Pas uniquement au cercle du pouvoir, gouvernement, mais aussi à la société, aux gens qui ne travaillent pas, El Hogra, l’arbitraire… En abordant tout cela, c’était aussi un risque pour moi, car je pouvais avoir un refus de certains en vu des sujets évoqués… Donc, il y a eu ce mérite, ce défi, et je suis heureux que ça a bien marché. Je tiens à dire aussi que si je n’avais pas eu de bons retours de la première saison, je n’aurais pas fait la deuxième.

Donc, réaliser Achour El Acher 2 était-il un défi pour vous ?

Bien que cela fait longtemps que je voulais faire ce genre de série, on était tout de même partis dans une aventure périlleuse où l’on ne voyait pas l’horizon, et c’était, le premier défi. Du coup, lorsque j’ai trouvé les décors et les personnages qui correspondaient à ce que je voulais, je me suis lancé dans une deuxième saison. Cette dernière se voulait aussi un peu plus technique et mieux faite, puisque maintenant, on connaît les personnages.

Il fallait, donc, travailler sur leurs caractères, l’approfondir et mieux aborder les scénarios. Et c’est pour cette raison qu’il n’y a pas eu d’Achour El Acher en 2016, deuxième défi. Le troisième et le plus majeur, était d’en faire une comédie dramatique. Car les gens aiment rire, seulement rire sans âme ne signifie rien. Il fallait un but et c’était difficile de lier et d’allier le rire et le message, d’où la dramaturgie. Car à un certain moment, il fallait aller vers le drame et faire disparaître Achour pour créer justement le suspense. Il n’y avait pas de comédien et à un certain moment on a pleuré. Et c’est cela l’émotion, qu’elle soit en rire ou en drame.

Comment s’est fait le casting, le choix des acteurs ?

Aujourd’hui, je suis très heureux des acteurs d’Achour El Acher. Ils ont été fabuleux, au point où j’étais aussi spectateur de leurs jeux. Le fait de voir le brassage de tous ces talents est surprenant ! Lorsqu’on voit, par exemple, certains acteurs qui excellent dans la comédie tel que Ennouri (Blaha Ben Zyan) le sultan Achour (Salah Aougrout) ou le général Farès (Mohammed Yabdri) se faire dépasser dans le jeu dramatique par d’autres, à l’instar du ministre Kendil (Sid Ahmed Agoumi), la reine Razane (Yasmine Amari), la princesse Abla (Souhila Maâlem) ou le prince Lokmane (Ahmed Zitouni), c’est, en fait, un bon équilibre complémentaire. Il faut aussi souligner que les acteurs ont aimé leurs personnages, l’histoire et la jouer dans cet environnement. Du coup, le téléspectateur a adhéré à la sincérité de ce jeu. En fait, la magie du cinéma c’est quand il y a pas de caméra, et là, on sentait qu’il n’y avait pas de caméra en face d’un Agoumi ou d’un Borhan (Madani Naâmoune), d’un Redjlaoui qui voulait absolument se marier (rires).

Chacun dans ses problèmes : Achour drôle, qui nous fait pleurer par sa disparition.

Il aime sa femme mais voudrait bien aussi se remarier avec Maria…et c’est cette contradiction avec nous-mêmes qui est difficile à incarner et à mettre à l’écran. Donc, il fallait mettre cette dose de comédie, mais le fond de la série est bien dramatique…

Une troisième saison d’Achour El Acher en perspective ?

Oui, si les acteurs sont tous d’accord. Car, il faut dire qu’on s’est crevés au travail durant les 3 mois de tournage et autant en préparation, ainsi que les 7 mois d’écriture… Et même si on était à l’étranger, on a participé à la fabrication des costumes et décors… Dans cette deuxième saison, il y a eu aussi Soukan el Mamlaka (les habitant du royaume) qui ont été aussi acteurs… Il y avait parfois plus de 300 personnes à gérer, et c’est difficile…

Avez-vous reçu une offre de la chaîne BBC pour vendre ce programme ?

Non. On a eu beaucoup de tractations, une très bonne presse de la BBC arabe notamment. On est passés sur El Djazeera, El Arabia, Jeune Afrique…et Achour El Achour a pu dépasser les frontières cette année et c’est un plaisir. Mais il ne s’agit pas ici de vendre, car c’est une autre paire de manches, les dialogues restants algériens…

Vous vous êtes brillamment illustré dans les genres comiques et dramatiques et, aujourd’hui, pour la première fois, vous vous lancez dans le cinéma. Parlez-nous de ce nouveau projet…

Ça faisait longtemps que je voulais faire du cinéma. Aujourd’hui, j’ai l’occasion grâce au ministère de la Culture.  Ce film est une idée conjointe et commune avec d’autres scénaristes. On l’a proposé et coécrit et il a été validée par le ministère de la Culture. A ce moment, on est en préparation pour commencer la réalisation.

Le film parle des événements du 8 mai 1945 à Guelma, en Algérie. Je voulais donner un aperçu de ce qui s’est passé à Guelma en 1945 sans pour autant faire du documentaire car, mon film, sera une fiction qui draine la réalité.

Et même si c’est très recherché, toutes les informations dont on dispose n’aboutissent pas à faire un travail documentaire. Même si certaines choses sont réelles… Héliopolis, c’est donc le titre de mon prochain projet cinématographique. Héliopolis, c’est une petite bourgade aux alentours de Guelma qu’on appelle police… Et c’est un beau titre que j’adore…

Vous avez débuté le tournage ?

Les repérages, les castings se feront au mois d’août et septembre prochains. Après, une autre phase de préparation commencera.  Le tournage débutera en décembre si tout va bien et se fera probablement à l’Ouest de l’Algérie, à Aïn Témouchent, dans l’Oranie, car ces régions recèlent des villages qui correspondent au thème recherché des années 1940, car c’est un défi de trouver des décors, des costumes et effets militaires de cette époque-là…

Salah Aougrout fera-t-il partie de ce projet ?

Non. Aougrout est un très bon comédien même s’il n’est cantonné que dans ce créneau. Je pense qu’il fait aussi un très bon comédien de dramaturgie et on l’a bien vu. Seulement, je pense le réserver pour d’autres projets, d’autres fictions… Eventuellement, pour Achour 3.