Journée nationale de l’artiste: Hommage au défunt Ali Maâchi

Journée nationale de l’artiste: Hommage au défunt Ali Maâchi

Chaque année depuis 1997, l’Algérie célèbre la Journée de l’artiste à la date du 8 juin, et a instauré depuis un prix dénommé “le Prix Ali- Maaâchi”. Mais pourquoi cette date et qui est Ali Maâchi ? Concernant l’ancienne génération, elle le connaît sûrement, de nom et de réputation. Ali Maâchi est ce musicien, chanteur-compositeur natif de Tiaret en 1927, qui a fait partie très jeune des Scouts musulmans algériens (SMA), ce qui lui a donné très tôt la fibre patriotique qu’on lui reconnaît aujourd’hui et qui lui a fait choisir le sacrifice de sa vie pour que vive la liberté d’expression et s’arrache l’indépendance de l’Algérie.

Mobilisé en Tunisie pour accomplir son service militaire en 1949, puis se déplaçant dans de nombreuses capitales arabes, il y rencontre de nombreux musiciens qui lui permettront de perfectionner ce don de musique et de s’adonner à son art de manière plus professionnelle. En 1953, de retour à Tiaret, sa ville natale, il crée la troupe musicale Safir Ettarab, composée d’anciens membres des scouts, et qui sera l’ambassadrice de la chanson et de la belle parole de cette époque. Des paroles qui chanteront la beauté, la femme, l’amour, le ciel et la mer, mais qui diront aussi et surtout la douleur de l’éloignement, la tristesse de voir son pays colonisé, la rage de voir cette violation de sa patrie. Après le déclenchement du 1er Novembre 1954, les éléments de la troupe déposent leurs instruments et participent au combat libérateur.

Ali Maâchi en fera partie. Plus tard, il est fait prisonnier et lâchement torturé. Le 8 juin 1958, lui et deux de ses compagnons (Djilali Bensotra et Mohamed Djahlène) sont sauvagement assassinés par les bourreaux de la milice française qui ne s’arrêteront pas à cet assassinat, mais qui iront au-delà de la sauvagerie en pratiquant sur eux ce qui s’appelait alors “la corvée de bois”.

Ils leur ligoteront les pieds et iront suspendre leurs cadavres à un platane de la place Carnot de Tiaret (actuelle place des Martyrs), durant toute la journée sous les yeux ahuris de la population meurtrie. Commémorer cette date, c’est rendre hommage à ces “artistes martyrs” d’hier, c’est dire aux générations d’aujourd’hui, artistes ou autres, que chacun dans son domaine a eu à défendre sa patrie contre l’ennemi… Peut-être que cette triste histoire a été oubliée, ou inconnue de nos jeunes, mais qui d’entre nous n’a pas eu à entonner un jour ce fameux refrain de Angham el-Djazaïr (Mélodies d’Algérie), une belle chanson pérenne, de profondes paroles rebelles, venues répondre à un certain chanteur arabe, en l’occurrence Farid el-Atrache, qui avait oublié de citer l’Algérie dans une chanson qui répertoriait les pays du monde arabe, mais surtout une chanson qui voulait courageusement signifier à l’Autre que “Non, mon pays c’est l’Algérie !”.

Ô gens, quel est mon meilleur amour / Ô gens, quel est mon grand amour / Si vous me le demandez, de joie je vous répondrais / C’est mon pays l’Algérie ! (Ya nass amahou houbbi el-awfar / Ya nass amahou azzi el-akbar / Law tessalouni nafrah ou nabchar / wenkouuuuul biladi el-djazaïr !).

Un refrain superbement repris par la défunte chanteuse Nora et beaucoup d’autres artistes contemporains pour dire que l’art a contribué et contribuera toujours à faire rayonner un pays pour peu qu’on ait la bonne manière de le faire…