Il a transformé une partie de sa demeure en galerie d’art: Yessaad Hocine, un artiste peintre pas comme les autres

Il a transformé une partie de sa demeure en galerie d’art:  Yessaad Hocine, un artiste peintre pas comme les autres

«Dès mon retour en Algérie, j’ai décidé d’ouvrir une galerie et le seul endroit disponible était ma maison. Alors je l’ai divisée en deux : une partie pour ma famille et l’autre pour mon art et le public.»

Le 8 août 2017, sans fanfare ni trompette, une nouvelle galerie d’art a ouvert ses portes à El Anasser, à 7 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj : la galerie “L’Univers de l’artiste Yessaad Hocine’’. Située en plein centre-ville, dans une résidence familiale à la façade beige. Elle n’a l’air de rien, vue de l’extérieur, mais ses deux étages d’expositions répartis sur des paliers multiples lui confèrent un cachet bien particulier, qui met en vedette l’art auquel elle se dédie : le contemporain et l’art plastique.

“C’est la première galerie d’art à Bordj Bou-Arréridj”, aiment se vanter les voisins de l’artiste. “On touche un autre créneau. On est plus près de Monsieur et Madame Tout-le-Monde”, dira l’artiste à l’ouverture de sa galerie.

Tableaux, sculptures et photographies trouvent évidemment leur place à la galerie “L’univers de l’artiste Yessaad Hocine’’, mais il en est de même pour les métiers d’art et l’artisanat, notamment des bijoux, des sacs, des chapeaux, des objets décoratifs d’ébénisterie artisanale et des lampes. La touche de l’artiste est surtout dans la conception des calendriers. “C’est simple, mais unique et exceptionnel”, dira un critique d’art présent à l’ouverture. Tout un étage dédié à ces calendriers éternels qui prennent des formes uniques et des systèmes de calculs étranges mais précis.

En tout, ce sont des centaines de tableaux et objets d’arts de toute une vie qui sont en exposition permanente ou qui vont être vus pour la première fois en Algérie. “Mon déménagement je l’ai fait avec mes tableaux et mes objets d’art”, dira l’artiste en ajoutant qu’il a payé cher pour rapatrier ces œuvres d’art. “Le transport m’a coûté les yeux de la tête.”

De maison à galerie

L’idée d’ouvrir une galerie dans sa demeure est venue à Yessaad Hocine avant son retour en Algérie. “Dès mon retour en Algérie, j’ai décidé d’ouvrir une galerie et le seul endroit disponible était ma maison. Alors je l’ai divisée en deux : une partie pour ma famille et l’autre pour mon art et le public”, dira fièrement l’artiste.

La galerie “L’Univers de l’artiste Yessaad Hocine’’ est ouverte presque tous les jours, ainsi que sur rendez-vous. L’entrée est gratuite.

Qui est Yessaad Hocine ?

Yessaad Hocine est né en 1940 à El Anasser, à 7 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Couvreur le jour, peintre le soir et poète la nuit. Yessad Hocine vit 24 heures sur 24. Le jour comme bon nombre de ses compatriotes algériens il a pataugé dans les chantiers parisiens. Le soir assis sur son lit il peint avec des gouaches sur du papier. La nuit, “il forme des poèmes dans sa tête” qu’il écrit au petit matin, sur un cahier d’écolier.

Dès son arrivée en France en 1961 et pendant dix-sept ans rien n’a distingué Hocine de ses compatriotes. Il mène une vie difficile loin de sa femme et de ses trois enfants, coupé de ses racines. Mais il leur écrit de longues lettres ornées de dessins naïfs et des portraits des héros algériens. Et puis en 1979, il découvre la peinture et y consacre ses week-ends et toutes ses soirées. Lorsqu’il rentre le soir, il se met à ses pinceaux à ses gouaches et à ses calendriers. Ce qu’il va peindre ?

Il ne le sait pas. Une maison, des bateaux, un paysage, des bijoux d’artisanat, Un premier trait, un autre et au fur et à mesure le dessin prend forme. Parfois les lettres de l’alphabet s’imposent à lui. Elles lui servent de support et donnent alors naissance à un monde imaginaire fantastique dans lequel les villes, les visages, les hommes, les pierres, la calligraphie arabe et des formes sorties tout droit de sa fantaisie se mêlent et se défient. Une technique particulière ? Un style ? Autodidacte, il peint comme il sent. “Ce que je peins reflète mon âme”, dira-t-il. “Certains tableaux sont l’expression de la dure réalité de la vie de l’émigré, seul, loin de sa famille”, ajoute-t-il. Yessaad Hocine a pu non seulement exposer dans les grandes galeries de France et côtoyer des artistes de renoms mais a aussi décroché plusieurs prix et de reconnaissances.