Honaïne, ancien port du royaume de Tlemcen, d’Abderrahmane Khelifa: La cité enfouie ressurgit

Honaïne, ancien port du royaume de Tlemcen, d’Abderrahmane Khelifa: La cité enfouie ressurgit

Dans son ouvrage Honaïne, ancien port du royaume de Tlemcen, paru aux éditions Dalimen, l’archéologue et historien Abderrahmane Khelifa tente de la réhabiliter en offrant au lecteur un ouvrage fort instructif sur cette cité antique disparue.

 

Si le secteur du patrimoine culturel a été mis sous le boisseau à une période donnée, il n’en demeure pas moins que la dégradation de sites et monuments a alerté l’opinion publique nationale et internationale. Cette dernière a permis le classement de certains sites comme patrimoine mondial par l’Unesco avec obligation de les restaurer comme la Casbah ou les ksour. D’autres, sites ont été classés patrimoine national à sauvegarder. Dans ce panel archéologique et architectural, certaines cités anciennes disparues ou encore fonctionnelles ont eu par le passé une renommée certaine. Il en est ainsi de Honaïne qui mérite une halte tant son prestige a dépassé les frontières Honaïne qui a connu un passé florissant en raison de sa position stratégique de port, et une notoriété dans l’histoire, a sombré dans une évidente décrépitude et un oubli sans nom. C’est lors d’une mission dans les années 1970 à Honaïne que l’auteur décide bien plus tard d’entreprendre des fouilles sur les vestiges archéologiques de Honaïne. Son travail de recherche a fait l’objet d’une thèse de doctorat qui a focalisé de nombreuses années de labeur.

La route de l’or

Méconnue à travers les siècles et revisitée par cet illustre chercheur, Honaïne donne une vision d’une cité enfouie et isolée, ressurgit grâce à ses bons soins. Cette ouverture sur la Méditerranée, confère à cette cité une vocation commerciale et une escale maritime de la route de l’or. Selon cet archéologue et historien, «Honaïne a une particularité. Elle est le lieu de naissance d’un des plus grands hommes du Maghreb puisqu’il s’agit d’Abd El Mu’min Ibn Ali, fondateur de la dynastie almohade et unificateur du Maghreb depuis la Libye jusqu’aux côtes atlantiques du Maghreb extrême, en incluant l’Espagne musulmane et ce, au XIIe et début du XIIIe siècles. De plus, elle était le terminal de la route de l’or dès la fin du XIe siècle jusqu’au début du XVIe siècle. Un grand géographe comme Léon l’Africain atteste, lors de son passage dans ce port, avoir vu des sommes d’argent importantes perçues par le secrétaire du sultan zéyyanide de Tlemcen. Le port de Honaïne, à une certaine époque, dépasse en importance celui d’Oran. Ibn Khaldoun y prend deux fois le bateau pour se rendre en Andalousie. Le port perd de son importance, lorsque d’autres routes commerciales, atlantiques, plus directes sont découvertes. De plus, le port est occupé par les Espagnols en 1531. Les marchands ne s’y rendent plus. C’est le dépérissement que nous avons constaté lors des fouilles archéologiques que nous avons effectuées durant dix ans. Il y a quelque temps, on a construit un port de plaisance, qui a d’ailleurs détruit les anciennes structures médiévales de surveillance (tour de vigie)».

Carrefour d’échanges

Dans cet ouvrage de près de 400 pages, intitulé «Honaïne, ancien port du royaume de Tlemcen», cette cité historique est disséquée à travers des étapes initiées par l’archéologue pour comprendre son importance dans les temps anciens, notamment : Aspects physiques et topographiques, La préhistoire et l’Antiquité, Le pays orano-tlemcénien aux VIIe7 et VIIIe siècles, La renaissance des villes dans la zone côtière au IXe siècle et Les fouilles archéologiques. «Berceau de grandes civilisations, sa création est tributaire de sa position géographique stratégique, et de la beauté de ses paysages s’étendant de l’oued Kiss à la frontière avec le Maroc à l’oued Tafna à l’est. Carrefour d’échanges et de voies maritimes, Honaïne a su développer sa prospérité et faire parler de sa renommée. En témoignent de nombreuses sources documentaires d’archives qui rappellent que cette cité fut un réceptacle de cultures et de civilisations. Des chroniqueurs grecs et latins comme Tite Live, Hérodote, ou musulmans, notamment El Idrissi, ou Ibn Kuradhabi, ou Ibn Khaldoun dans ses récits de voyages, ou Léon l’Africain en ont fait des notes de voyages de cette cité antique», affirme Abderrahmane Khelifa. Ces recherches consignées dans cet ouvrage suscitent un engouement pour mieux appréhender ce port qui a fait la richesse de cette contrée.

Kheira Attouche