Hommage à Mohamed Tahar Azoui: Il a écrit l’histoire après l’avoir faite

Hommage à Mohamed Tahar Azoui: Il a écrit l’histoire après l’avoir faite

Le professeur, historien et moudjahid Mohamed Tahar Azoui a consacré sa vie à la défense de l’Algérie durant la Guerre de libération nationale et après l’indépendance.

 

En effet, militant de la première heure, Mohamed Tahar Azoui, qui avait décidé d’activer pour le FLN jusqu’à l’indépendance, s’est engagé à continuer sur cette voie jusqu’ à la fin de sa vie. Ce militant, qui a connu la torture des soldats français dans les camps de concentration, connaissait bien l’histoire du colonialisme français car il est de ceux qui en ont le plus souffert. Né le 29 octobre 1929 au douar d’ Ichmoul à Batna, le professeur Azoui, a appris le noble Coran et acquis une éducation islamique avant de continuer ses études à l’école de M’chounèche avant de rejoindre l’institut Ben Badis à Constantine. Ayant vu les souffrances de ses parents et de son peuple face à l’occupant français, il ne pouvait que répondre à l’appel de la Révolution pour rejoindre l’ ALN. Son militantisme mena le colonialisme à l’interner à plusieurs reprises dans les camps de concentration. Après le 5 juillet 1962, Azoui fête l’indépendance de l’Algérie avec tout le peuple et décide de reprendre ses études. Il s’inscrit donc, à l’institut des études arabes à l’université d’Alger. Une longue carrière d’enseignant l’attend. Les élèves du lycée El-Mokrani des années 1960-70 gardent de très bons souvenirs de ce professeur, son humour et son langage exceptionnel pour donner ses leçons. Un jour, lorsque des élèves avaient insisté sur le retrait de Messali Hadj et son malentendu avec le FLN, le professeur Azoui avait répondu : «Ecoutez, mes enfants, je ne réponds pas à votre question mais je vous dis une chose : Tous les dirigeants arabes sont atteints d’une maladie. Dès qu’on les applaudit, ils ne veulent plus quitter leurs sièges».

Militant à vie

Historien et chercheur, Mohamed Tahar Azoui a continué à militer au sein de l’association du 1er Novembre 1954 et à écrire dans plusieurs revues. Ses conférences lors des séminaires sur l’histoire de l’Algérie et de sa Révolution étaient sérieusement suivies et prises en considération par les chercheurs, les historiens et les étudiants. Il était également invité par les instituts islamiques pour donner des communications et intervenir lors des débats. M. Azoui a écrit six ouvrages consacrés à l’histoire et à l’Islam. Son dernier livre paru en 1999 traite de l’invasion culturelle dans le monde musulman. Il est également l’auteur de Ben Boulaïd et la Révolution algérienne et Les camps de concentration durant la Révolution algérienne. Les ouvrages de ce professeur devraient être traduits en français. On ne sait pas s’il y a à Batna une institution qui porte le nom de ce grand militant à qui on devrait rendre un grand hommage. Feu Mohamed Tahar Azoui restera parmi ces hommes qui ont écrit l’histoire après l’avoir faite.

Bari Stambouli