Histoire: On oublie la politique mais pas la musique

Histoire: On oublie la politique mais pas la musique

Pourquoi, lorsqu’un un homme politique n’apparaît pas à la télévision, tout le monde constate son absence alors que pour les artistes de renommée, qu’on ne voit pas durant des années, personne ne s’en inquiète ?

On sait bien que tout le monde suit les informations politiques mais on sait aussi que personne ne peut vivre sans écouter de la bonne musique. Et pourtant, on s’inquiète plus pour l’absence des hommes politiques que celles des chanteurs et artistes. Y a-t-il un journal télévisé qui a, un jour, parlé de la disparition des activités artistiques du grand maître de la chanson andalouse Mohamed Kheznadji ? Pourtant, ce grand chanteur est considéré comme le pionnier de ce style, notamment après la disparition d’Ahmed Serri. Attend-on son décès pour en parler et lui rendre un hommage à titre posthume ? C’est vrai qu’un tel maître n’a pas besoin des hommages et autres médailles qu’on pourrait lui décerner puisque les connaisseurs savent bien ce qu’il vaut et des artistes de cette trempe resteront dans l’histoire même si de leur vivant, ils n’ont pas eu le droit d’être programmés dans des spectacles ou des émissions télévisées. On devrait savoir qu’en censurant de tels chanteurs, ce ne sont pas eux les perdants mais toute la vie culturelle actuelle et celle du futur. Kheznadji n’est pas le seul à être ignoré. Le monde de la chanson chaâbie continue d’ignorer le dernier des grands maîtres Mazouz Bouadjadj pour le seul motif qu’il habite Mostaganem et non à Alger, la capitale. D’autres chanteurs tels que Mohamed Ghafour de Tlemcen ou Layachi Dib d’Annaba et Ammar Labrator, Cheikha Tounès ainsi que Mostefa Djerridi qui chantait aussi bien en arabe qu’en chaoui, ont été marginalisés durant toute leur carrière pour ce motif. Il faut rappeler que des comédiens, musiciens et chanteurs se sont à ce jour retirés chez eux et restent inconnus faute de programmation et de médiatisation alors qu’ils ont les capacités et les dons pour une carrière internationale.

Marginalisation

Certains chanteurs ont été ignorés pendant une longue période et d’autres ont abandonné carrément leur carrière artistique pour le motif que le style qu’ils ont adopté ne sied pas aux gestionnaires des institutions culturelles et artistiques comme ce fut durant une époque pour le sahraoui, le bédoui et même la chanson chaouie et kabyle. La grande chanteuse Seloua a également souffert de cette marginalisation puisqu’elle a été mise sur la liste rouge durant plusieurs décennies pour des raisons qui restent inconnues. Des chanteurs et chanteuses tels Mohamed Slim, Mahieddine Bentir et d’autres plus jeunes tels que le Batnéen Youcef Boukhentache et Nardjess ont également été écartés du monde des spectacles sans que personne n’en parle. Pour ceux qui ne tiennent à mettre au devant de la scène que les hommes politiques, on devrait savoir que l’histoire a prouvé que ce sont les noms des artistes qui resteront dans les mémoires. D’ailleurs, si on demande à n’importe que personne de citer les noms des présidents ou des ministres d’une époque, ils ne pourront pas. Ils n’ont en mémoire, par contre, que ceux des musiciens et chanteurs.

Bari Stambouli