Histoire, mémoire et transmission: Raconter la guerre pour mémoriser l’histoire

Histoire, mémoire et transmission: Raconter la guerre pour mémoriser l’histoire

Nos étudiants connaissent-ils la symbolique de la date du 19 mai 1956 ? Connaissent-ils l’impact des évènements de cette journée sur notre glorieuse révolution ? Ont-ils conscience du degré de maturité, de responsabilité et du sacrifice des lycéens et étudiants de l’époque qui sont sortis dans les rues dire “non” à cette colonisation ?!

Que savent-ils de l’appel à la grève générale lancé par l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugéma) qui estimait qu’ “avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres ! À quoi donc serviraient ces diplômes que nous continuons à nous offrir pendant que notre peuple lutte héroïquement, pendant que nos mères, nos épouses, nos sœurs sont violées, pendant que nos enfants, nos vieillards tombent sous la mitraillette, les bombes, le napalm (…) Étudiants et intellectuels algériens, pour le monde qui nous observe, pour la nation qui nous appelle, pour le destin historique de notre pays, serions-nous des renégats ?”.

Dans le sillage de ces appels à une prise de conscience plus approfondie et afin de préserver cette Mémoire par la transmission de l’Histoire, l’équipe du magazine hebdomadaire radiophonique “Fach’hadou” de la Radio algérienne Chaîne 3 a concocté à son public une belle et riche journée “historique” samedi dernier, où ses nombreux invités devaient tour à tour raconter ce vécu inoubliable fait de bravoure, de sacrifices et de lutte pour que vive l’Algérie d’aujourd’hui libre et indépendante. Mais il n’y a pas eu foule à cette rencontre, et il semblerait que nos jeunes étudiants, diplômés et même les plus concernés d’entre eux, locataires du lieu, ne se sentent pas concernés par la chose historique.

Est-ce un ras-le-bol par rapport à la destruction d’un mythe nommé FLN ? Est-ce la faute de l’école qui a mal enseigné son Histoire ? Ou la faute à l’Histoire qui n’a pas transmis toute sa vérité ? Toujours est-il que les invités conviés à cette journée ont apporté leurs témoignages sur ce vécu mal connu et parfois falsifié. Des membres de la famille Yacef dont Amine, Mahmoud et Boualem étaient là pour évoquer la mémoire et rendre hommage au p’ti Omar, ce garçon exceptionnel, audacieux, courageux qui a pris conscience très tôt de la gravité de ce qui l’entourait et du devoir qu’il devait accomplir envers sa patrie ; et les p’ti Omar il y en a eu partout sur le territoire national, ces enfants qui ont sacrifié leur jeunesse, et pour beaucoup leur vie, pour que les enfants d’aujourd’hui aillent à l’école et vivent libres chez eux.

Zoulikha Bekaddour était là aussi, comme témoin et acteur à la fois, pour évoquer un peu ses mémoires de guerre et ses déboires d’après-guerre ; Abdelhak Benboulaid, fils du chahid Mustapha Benboulaid, est venu spécialement de Batna pour participer à cette journée-mémoire afin que nul n’oublie : “Certes, il y a encore des zones d’ombres dans notre histoire, mais le plus important est que les sacrifices n’ont pas été vains et que l’Algérie a arraché son indépendance.”

Mohamed Bouhamidi, Akli Mohand Saïd, fils aîné du colonel Mohand Oulhadj, l’historien Mohamed El-Korso, Mohamed Rebbah ont tous tenu à apporter leur contribution par la parole et l’écrit pour dire non à l’oubli et au silence, oui à la préservation de la mémoire, attention à la destruction de nos lieux parsemés d’Histoire, et surtout gloire à nos valeureux martyrs qui ont donné vie à notre glorieuse Révolution que les générations d’aujourd’hui doivent apprécier à sa juste valeur. Mais pour ce faire, un travail colossal semble être de rigueur, car ces espaces d’échanges sont de plus en plus déserts…