Hicham el djack hôte de ennahar tv : « La répression des libertés m’a poussé à écrire »

Hicham el djack hôte de ennahar tv : « La répression des libertés m’a poussé à écrire »

hichem.jpg«Tant que je suis hors de l’Égypte, je ne pourrai la critiquer, par principe, pour moi elle demeure Oum El Dounia, mais venez chez moi et vous pourrez m’entendre!»

Le célèbre poète controversé égyptien Hicham El Djack était l’invité, mardi dernier, de la chaîne télé Ennahar TV. Arrivé avec plus d’une heure de retard, le poète s’est tout de même confondu en excuses et son charisme volubile finira par nous faire oublier ses longs moments d’attente. Il fera remarquer, d’emblée, avoir été invité à moult reprises, mais n’a pu répondre positivement qu’à la chaîne Ennahar qui remplit, selon lui, les critères du professionnalisme. «Le plus important est de respecter l’arabité et l’Islam. On subit beaucoup de marchandages, il faut parfois savoir poser ses conditions… et la chaîne Ennahar TV a répondu à ses critères-là…», dira-t-il en substance. Evoquant son célèbre poème Visa récité en direct à la télé devant moult présidents arabes, le poète dira avoir osé, certes, mais il ne pensait pas revenir.

«C’était audacieux de ma part, mais je sentais que je n’allais pas poursuivre l’émission donc je me suis dit, vas-y fais-le… Il y avait 40 grands poètes arabes aussi. Je ne pensais pas que j’allais poursuivre l’aventure. Je me suis dis que je devais dire, ce que j’allais dire, quitte à partir après mais je suis resté au final!» Parlant de ses ouvrages poétiques des plus engagés, Hicham El Djack tiendra à signaler que son écriture controversée existait bel et bien sous le règne de Moubarek. «Elle était dans la rue, à l’université. J’ai des poèmes qui datent de 1998, 1999, 2005, etc. Ces poèmes-là ne sont pas nés après la révolution, même si je reconnais que la célébrité est venue à ce moment-là..

Aujourd’hui, il y a des espaces de liberté aussi qu’il n’y avait peut-être pas à cette époque.. Et non! Ce n’est pas la mort de Ahmed Najam qui m’a propulsé au-devant de la scène. J’étais d’ailleurs très triste quand il est mort. On mangeait ensemble parfois… Un grand artiste ne meurt jamais. Il est encore vivant, comment parler donc de successeur? Cela ne veut pas dire qu’il m’a offert l’opportunité pour briller. Ceux qui ont des choses à dire, à mon avis, ils le diront tôt ou tard…»

Expliquant les raisons qui l’ont poussé à se lancer dans la littérature politique, le poète arabe dira que c’est avant tout en raison des «douleurs, quelles que soient que le peuple a eu à subir durant ces années» et de rétorquer: « Non, je ne suis pas si jeune que ça, j’ai 40 ans. Et ce qui m’a poussé à écrire est la répression des libertés. Certes on a toujours pu dire ce qu’on pense. Mais aboyer dans le vide, est-ce cela la démocratie?» s’est-il interrogé sceptique. A propos des médias en général et des mass médias algériens en particulier l’hôte de Ennahar TV dira que tout le monde possède une ligne éditoriale qu’on soit pro-étatique ou dans l’opposition, regrettant en outre que la Télévision algérienne n’ait pas démissions qui passent en direct…Une déclaration à peine déguisée pour dénoncer le manque de liberté d’expression dans les télés algériennes.

S’agissant de l’actualité tragique à Ghaza, le poète arabe dira avoir déjà été en Palestine avec une autorisation dans les règles en étant le seul d’ailleurs à s’être déplacé sans la délégation nationale de son pays, mais là les choses sont très complexes et il ne sait pas encore s’il pourrait y retourner. A propos de Mahmoud Darwich, Hicham El Djack dira que ce dernier représente un symbole et il est hors de question qu’il en soit un «khalife» ou un successeur arguant que «l’art est contre l’idée de l’extinction»…

Répondant aux accusations de plagiat, le poète fera remarquer avoir effectivement copié quelques strophes du patrimoine égyptien, mais avoir été surtout innocenté au niveau du tribunal donc «cette idée de refuser de me rencontrer pour plagiat est fausse et non avenue». Il demandera aussi à l’assistance la possibilité de rencontrer des poètes algériens de façon à pouvoir apprécier notre littérature sans piper mot…l’auteur de Djoha dira ne pas vouloir imprimer de recueils de poésie, mais chercher le bon éditeur qui fera en sorte de publier quelque chose qui sortira de l’ordinaire et qui fera du bruit, car signer des ventes-dédicaces aux copains ne l’intéresse pas.

Aussi «écrire des chansons ou jouer dans un film ne m’intéresse pas non plus. je suis né pour faire de la poésie et rien d’autre!» a-t-il estimé. Selon lui, ce qui a été le plus audacieux au final n’était pas de clamer de la poésie subversive devant la caméra, a-t-il ajouté même si devant de nombreux chefs d’Etat arabes mais de le faire sur la place Tahrir à deux jours avant l’éviction de Hosni Moubarek. Au final, il avouera refuser de dire du mal sur son pays en dehors de ses frontières. «Tant que je suis hors de l’Égypte, je ne pourrai la critiquer, par principe, pour moi elle demeure Oum El Dounia, mais venez chez moi et vous pourrez m’entendre!» dira cet homme qui n’a pas froid aux yeux.