Films de la période coloniale : La location des archives coûte cher

Films de la période coloniale : La location des archives coûte cher

Les participants à une conférence sur la numérisation des films algériens ont plaidé vendredi dernier à Oran pour un partage plus équitable des archives des films et documentaires principalement ceux réalisés durant la période coloniale. Cette rencontre, intitulée « Archives et numérisation des films: mémoire des films algériens dans les archives allemandes », a été organisée dans le cadre du programme des conférences du festival international d’Oran du film arabe (FIOFA).

Elle a été animée par l’universitaire et cinéaste algérien, Ahmed Bédjaoui, la directrice adjointe de l’institut allemand du film et vidéo Arsenal et membre de la commission de sélection des films du festival international de Berlin, Birgit Kohler, le responsable de programmation du festival cinématographique de Berlin, Marcus Ruff, ainsi que la chercheuse jordanienne, Alaâ Younès. Les participants, pour la plupart des cinéastes, ont regretté le fait que les pays dans lesquels ont été réalisées ces œuvres (films et documentaires de renommée mondiale) durant la période de colonisation ne pouvaient profiter de ces films qui sont détenus dans les centres cinématographiques d’archives des pays colonisateurs.

Il s’agit, selon l’auditoire, de films, documentaires, vidéos et photos relatant des faits et événements qui « se sont produits en Algérie principalement ainsi qu’en Afrique noire, et qui sont toujours gardés par la France, la Belgique, l’Espagne et le Portugal, sans aucun droit pour les populations et pays concernés.

M. Bédjaoui a ainsi estimé que pour le cas de l’Algérie, il faudrait que des discussions soient menées avec les propriétaires des droits sur un partenariat ou d’une copropriété de ces œuvres filmées avant et pendant la guerre de libération car elles relatent des faits et événements particulièrement importants de l’histoire de l’Algérie. « Il faudrait discuter avec les Français qui détiennent la majorité de ces archives et aussi avec les Italiens et les Serbes, car ils sont en possession d’un grand nombre d’archives qu’ils ont eux-mêmes réalisées sur l’Algérie », a précisé le cinéaste algérien. Pour lui, « la location de ces archives coûte énormément cher. D’où l’importance de trouver une solution à ce problème ». Après des discussions avec l’Institut national français de l’audiovisuel (INA), l’ENTV s’est vue attribuée 970 heures de programmes (films, documentaires, vidéos).

Toutefois, ces programmes « ont soigneusement été filtrés », a-t-il déploré. Pour sa part, le cinéaste et critique, Saïd Benkhélifa, président du festival du cinéma méditerranéen de Annaba, a plaidé pour « un partage plus équitable de ces archives cinématographiques entre les détenteurs de droits exclusifs et les pays concernés ». Il est inadmissible, a-t-il déclaré, qu’ »un film, qui relate une période douloureuse d’un peuple colonisé, soit présenté dans plusieurs festivals internationaux et gagne des prix, mais qu’il ne peut être vu dans le pays où les scènes réelles ont été filmées ».

La rencontre a été axée sur la présentation des activités de l’Institut allemand du film et vidéo « Arsenal », principalement en matière de numérisation d’archives cinématographiques. Quelque 16 films algériens se trouvent actuellement au niveau de cet institut et feront l’objet d’une numérisation, dont « La Zerda, les chants de l’Oubli », d’Assia Djebbar, « Barakat » de Djamila Sahraoui, « Boualem Zid ilgoudam » de Moussa Haddad, et « La voie » de Slim Riad.