Exposition de photographies de Adel Riame au centre culturel de Paris: “Tarakeft” : un hommage aux “Chibanis”

Exposition de photographies de Adel Riame  au centre culturel de Paris:  “Tarakeft” : un hommage aux “Chibanis”

Le CCA abrite, jusqu’au 17 juin, cette exposition dédiée à cette génération d’immigrés d’après-guerre, issus des anciennes colonies françaises, notamment l’Algérie.

Le Centre culturel algérien de Paris (CCA) abrite, depuis le 1er juin, l’exposition “Tarakeft” (caravane en tamazight) du photographe Adel Riame. Cette manifestation, qui se déroule jusqu’au 17 du mois en cours, se veut un hommage aux Chibanis, génération d’immigrés des années d’après-guerre, issus des anciennes colonies françaises (dont l’Algérie bien entendu) et qui ont largement contribué à la reconstruction de la France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, souvent dans des conditions très difficiles, mais qui ont vécu l’ingratitude et parfois le rejet. Puis le regard du photographe se pose sur des visages plus jeunes, les descendants de ces Chibanis, les jeunes de la diversité que la société française ne considère pas toujours comme faisant partie intégrante d’elle-même. Même sentiment d’exclusion, alors que ce sont des Français dans leur état civil.

Mais en philosophe (Adel Riame est doctorant chercheur en philosophie politique à l’EHESS), l’artiste cherche ce qu’il y a de meilleur chez l’homme et propose d’œuvrer pour créer les conditions du vivre ensemble. “Il faut que les Chibanis rencontrent un regard humain et bienveillant chez les Français et que leurs enfants trouvent leur place comme citoyens à part entière. Le vivre ensemble consiste aussi à montrer l’humanité de l’autre.” Selon Adel Riame, cette exposition, qui sera étoffée, sortira en Algérie en 2018, année où il compte également réaliser un projet de photos sur la Casbah avec la volonté de retracer, à travers l’architecture, l’histoire de l’Algérie pré et postcoloniale.

Outre l’exposition, Riame a également publié un recueil de photos et de textes choisis sous le même intitulé que l’exposition au CCA, Tarakeft, avec Abdelkader Al Andalussy Oukrid comme co-auteur. On y trouve des citations de Gandhi, d’Albert Camus, Jean-Paul Sartre, Al-Mutanabbi, Victor Hugo, Sedar Senghor, Khalil Gibran… et aussi des deux auteurs. C’est un livre emprunt d’humanisme, de poésie et de sagesse qui peuvent sauver le monde en rapprochant les hommes au-delà de toutes leurs diversités. Adel Riame ouvre son ouvrage par un long et émouvant poème à la mémoire de sa mère à laquelle il le dédie : “Souvent je fais ce rêve familier et étrange/d’une femme qui m’est connue, que j’aime, et qui m’aime/qui a fait, en partie, celui que je suis, pas un autre, ni le même/et qui, en me visitant chaque soir, me hante et me dérange”… Tout est philosophie et poésie sous l’objectif et la plume de ce natif d’Alger il y a une quarantaine d’années.

Après le baccalauréat, il entame un long voyage qui va le conduire jusqu’en Ouzbékistan où il rencontre un homme qui va donner corps à sa passion pour la photographie qui l’habite depuis son enfance. Aujourd’hui, vivant en France, il en fait aussi sa profession. La gardera-t-il lorsqu’il sera docteur en philosophie ? Parions que oui, eu égard à son amour pour la photo et ce qu’elle peut exprimer comme joie et peine, bonheur et tristesse. “Une photographie, comme une image, vaut mieux que mille discours”, semble affirmer celui qui est également pleinement impliqué dans le mouvement associatif. Comme quoi, Tarakeft n’est pas près de s’arrêter.