Elle évoque dans son livre le palmarès prestigieux de l’écrivaine: “Assia Djebar, une figure de l’aube”, de Djoher Amhis-Ouksel

Elle évoque dans son livre le palmarès prestigieux de l’écrivaine: “Assia Djebar, une figure de l’aube”, de Djoher Amhis-Ouksel

Assia Djebar, une figure de l’aube est un livre de Djoher Amhis-Ouksel paru en 2016 aux Éditions Casbah. Dans une forme aussi concise qu’accessible, l’auteure présente l’œuvre d’Assia Djebar et les principaux thèmes qui la composent. Le lecteur commencera par découvrir cette écrivaine géante, chantre de la littérature algérienne d’expression française.

De son vrai nom Fatma-Zohra Imalhayène, elle est née le 30 juin 1936 à Cherchell. Sa mère appartient à la famille des Berkani, de la tribu des Aït Menacer. Son père Tahar, instituteur, est originaire de Gouraya. Après des études dans sa ville natale, puis à Blida, Paris et Sèvres, elle devient professeur d’histoire moderne et contemporaine. Elle enseigne à l’université d’Alger ainsi qu’à la faculté des lettres de Rabat, avant de devenir professeur titulaire à l’université de Baton Rouge aux États-Unis, puis à l’université de New York. Ainsi, le lecteur saura qu’Assia Djebar avait de qui tenir et que son parcours personnel était aussi riche que son œuvre culturelle. Celle-ci la montre d’abord romancière dès 1957 où elle publie son premier roman, La Soif, suivi des Impatients en 1958.

L’œuvre d’Assia Djebar qui est composée de plus de vingt titres, tous genres confondus (romans, nouvelles, poésie, théâtre), a été traduite en vingt-trois langues. Elle a reçu des dizaines de prix et de distinctions dans le monde entier. Un palmarès prestigieux, en somme. Djoher Amhis-Ouksel souligne que “la thématique des œuvres d’Assia Djebar est dominée par son parcours personnel et la condition des femmes musulmanes faite de claustration et d’impossibilité de s’affranchir des contraintes de la domination masculine”. Elles ont également permis au public de découvrir l’importance de la culture orale, la mémoire féminine et l’identité multiculturelle ancestrale de la société algérienne, “tout en désignant cette grande femme de lettres comme une intellectuelle engagée et une romancière d’envergure universelle, mais également comme une observatrice lucide et intransigeante de la société algérienne”. Membre de l’Académie française, Assia Djebar évoque la langue de Molière comme celle de “l’Autre”, celle des “dominants” depuis 1830, mais qui lui a permis une ouverture sur l’universel et qui l’a enrichie culturellement.

En tant que femme, la maîtrise des langues étrangères a favorisé son épanouissement personnel, tout en gardant en mémoire “le berbère des montagnes du Dahra et l’arabe de sa ville”. Le thème de la condition et du statut de la femme depuis la nuit des temps et particulièrement depuis l’avènement de l’islam revient comme un leitmotiv dans l’œuvre d’Assia Djebar, avec toujours l’espoir d’impulser le changement.

Quelle conclusion conviendrait mieux à ce livre de Djoher Amhis-Ouksel que les mots à la fois touchants et profonds de Mohamed Dib s’adressant à Assia Djebar : “Vous êtes allée plus loin que jamais, et surtout plus loin que nous tous, vous avez touché notre horizon à tous, cet horizon sous lequel se profile tout ce qui fait ce que nous sommes.” Celui qui touche l’horizon approche-t-il de la vérité ? La lecture du livre de Djoher Amhis-Ouksel apporte des réponses à cette question, d’où l’intérêt de le lire pour tous ceux qui veulent découvrir ou redécouvrir la grande Assia Djebar.