Education artistique: Ah, si on savait investir !

Education artistique: Ah, si on savait investir !

Une information postée, hier sur Facebook, nous informe que durant la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», deux millards de centimes ont été dépensés pour la Djouzia.

 

Si cette information est confirmée, on devrait se poser quelques questions, notamment sur l’utilité de la dépense de deux milliards de centimes en Djouzia dans le domaine artistique et culturel. C’est vrai que la Djouzia fait partie du patrimoine culturel traditionnel et artisanal algérien puisqu’elle est l’équivalent de la nougat française pour Constantine et l’Algérie. On pourrait nous dire que la Djouzia de Constantine est de très bon goût et il fallait satisfaire les invités. On est d’accord car on a déjà goûté à cette Djouzia de la Ville des ponts mais la question reste posée : qu’aurait-on pu faire avec 2 milliards de centimes ? La réponse est simple. Au prix de dix mille dinars l’unité, on aurait pu acheter 2 000 guitares d’excellente qualité et les offrir aux écoliers et aux jeunes de la wilaya de Constantine. On aurait pu leur offrir l’instrument de leur choix, par exemple de violons, des clarinettes, des harmonicas pour avoir parmi ces 2 000 jeunes au moins, quelques dizaines de virtuoses dans quelques années. Continuant dans ce sens, on pourrait aller plus loin et se demander si on avait évité d’inviter quelques stars pour nos divers festivals telles que Nancy Adjrem, ramenée à coups de milliards, au moment où de brillants chanteurs et chanteuses algériens sont cloîtrés chez eux car marginalisés. L’argent offert à Nancy Adjrem et à tant d’autres, telles Wafa Wahbi qui n’a d’une chanteuse que le corps, aurait mieux servi à distribuer des pianos, des guitares, des batteries à toutes les écoles, CEM, lycées et maisons de jeunes.

La belle époque

On aurait pu encourager des commerçants à importer ces instruments en leur offrant des subventions pour les revendre à bas prix comme c’était le cas dans les années 1970. On se souvient qu’à cette époque, bien qu’on ne pouvait trouver des disques des Beatles, il y avait par contre, des instruments de musique dans les monoprix et n’importe quel enfant ou jeune pouvait s’offrir une clarinette, un violon ou un piano électrique. On pouvait trouver même un xylophone. A cette époque, la musique était une matière obligatoire dans les lycées et les collèges, tout comme les mathématiques, et c’est pour cela que les jeunes étaient calmes et ne voyaient les armes que dans les films Western. C’est vrai qu’on veut relancer ces matières mais cela reste insuffisant tant qu’elles ne sont pas obligatoires dans les examens, notamment le baccalauréat. On se demande pourquoi le ministre de la Culture ne penserait pas à reporter un festival et à consacrer son budget à la dotation des associations culturelles en matériel. C’est ainsi qu’on pourrait encourager par exemple les associations musicales qui se trouvent à l’intérieur du pays, notamment au Sud. Le ministre a bien raison de changer la périodicité de certains festivals annuels qui sont désormais organisés tous les deux ans pour, d’un côté, limiter les dépenses et mieux préparer ces manifestations, mais il serait judicieux de placer cet argent dans du matériel qui reste ou à le dépenser dans des formations sérieuses. Il faut noter que les gestionnaires des institutions chargées d’organiser des festivités artistiques nous ont habitués à ces dépenses souvent inutiles.

Enfin, au lieu de consacrer tout le budget à faire la fête, ne peut-on pas consacrer une partie pour relancer la musique à l’école ? Chaque enfant et chaque jeune devraient avoir droit à un instrument de musique ou à une trousse de peinture et une palette. C’est ainsi qu’on pourrait vraiment investir dans le secteur culturel et artistique.

Bari Stambouli