Destruction symbolique d’un million de cd pirates Un show pour marquer les esprits

Destruction symbolique d’un million de cd pirates Un show pour marquer les esprits

24718.jpgLe phénomène du piratage et des téléchargements illégaux, voire même des codes permettant de rendre opérationnels des logiciels très coûteux, représentent un « sport national » que beaucoup d’Algériens pratiquent allègrement.

Voilà pourquoi le «spectacle» offert ce lundi par Khalida Toumi au cours de la destruction d’un million de CD pirates était surtout une opération ponctuelle, visant à faire illusion et diversion puisque rien ne changera avant très longtemps.

En effet, il faut dire que cette quantité détruite ne représente qu’une goutte dans l’océan car des milliers, voire des millions, de CD et de DVD «illicites» sont toujours commercialisés à travers les différentes localités du pays au vu, parfois, des forces de l’ordre.

Interrogée en marge de cette opération pour savoir les actions que son département compte entreprendre pour mettre un terme à ce phénomène, Khalida Toumi a indiqué qu’il existe déjà deux ordonnances datant de 2003, qui sont en totale conformité avec les conventions internationales relatives à la protection des oeuvres artistiques, dont celle de Rome et de Berne.

Comprendre : les lois élaborées pour protéger la propriété intellectuelle ne sont pas, tout comme les autres lois en Algérie, appliquées sur le terrain. Une chose qui n’a pas été sans conséquences puisque des centaines de milliers de supports « illégaux » se vendent toujours dans les vidéothèques et, même parfois, sur les routes. C’est ce que nous avons, d’ailleurs, constaté hier lors d’une tournée effectuée dans quelques coins de la capitale.

En effet, même si le nombre des « points de ventes illicites» des CD et des DVD piratés a diminué, suite aux dernières opérations de nettoyage effectuées par la police dans le cadre de la lutte contre l’informel, il n’en demeure pas moins que ces supports sont toujours proposés à la vente, même dans les magasins, comme c’est le cas à la rue «Charras» et au Boulevard «Hassiba Ben Bouali» à Alger-Centre.

Par ailleurs, la première responsable du secteur de la Culture a révélé que l’Algérie va prochainement ratifier la convention de 1996 relative, entre autres, aux téléchargements.

La même oratrice a en outre ajouté, dans son allocution, que l’opération de destruction de ces supports démontrait la volonté du gouvernement d’assurer toute protection des oeuvres artistiques et d’éradiquer toute sorte d’atteinte à la propriété intellectuelle.

Selon elle, la protection des droits d’auteurs fait partie des « priorités du gouvernement». De son côté, le DG de l’ONDA, Benchikh El Hocine, a souligné que ledit office est plus que jamais déterminé à défendre les intérêts matériels et moraux de la communauté des créateurs et auxiliaires de la création.

Il a aussi précisé que les agents de l’ONDA vont se déployer davantage sur le terrain pour concrétiser les engagements de l’Algérie en matière de lutte contre la contrefaçon des oeuvres littéraires et artistiques. En tout état de cause, il faut admettre que beaucoup reste à faire pour le département de Khalida Toumi, en matière de lutte contre le piratage, qui est devenu une «culture » qui existe même chez les producteurs et les artistes.

Dans ce sens, le chanteur kabyle Takfarinas, qui a assisté à l’opération de la destruction des oeuvres piratées, qui s’est déroulée hier dans le parking du Palais de la culture Moufdi-Zakaria, a soulevé le problème de certains chanteurs non-connus par le public qui, avec la complicité de leurs producteurs, collent les timbres de leurs productions sur celles des chanteurs célèbres pour gagner illégalement de l’argent.

« C’est une chose très grave que l’ONDA doit sérieusement prendre en compte », a-t-il lâché. Le roi de la « Yal music » a également estimé que l’état doit sévir pour mettre un terme au phénomène du « téléchargement » qui a, a-til dit, contraint plusieurs producteurs à baisser rideau. Mieux,Takfarinas a plaidé pour la criminalisation des actes du piratage et du téléchargement.

« Le geste de l’ONDA est salutaire, mais cet office en collaboration avec l’État bien sûr doivent sévir contre les pirates et ceux qui recourent à des méthodes douteuses pour gagner de l’argent sur le dos des artistes en criminalisant ces actes », a-til poursuivi.

Les autres artistes présents interrogés sur ce point, à l’instar de Hamidou pour ne citer que celui-ci, ont eux aussi déploré le fait que le piratage a pris des proportions alarmantes et ont indiqué qu’ils partagent le point de vue de Takfarinas, concernant la criminalisation de cet acte.

Soufiane Dadi