Colloque national du hca à djanet : Le tifinagh entre la symbolique et le pragmatisme

Colloque national du hca à djanet : Le tifinagh entre la symbolique et le pragmatisme

P141021-17.jpgLes travaux du colloque national se sont poursuivis dans l’après-midi du samedi et durant toute la journée du dimanche dernier autour de la thématique centrale «Tifinagh une norme graphique à valoriser». Cinq conférences aussi riches les unes que les autres ont été données dans l’après-midi de samedi sous l’oeil veillant du modérateur Halouane Hacene.

Elles ont toutes portées sur la graphie tifinaghe. C’est Yacine Zidane, auteur et journaliste, qui a ouvert le cycle des conférences en présentant une communication sous l’intitulé «Enseignement du touareg à l’université: cas du département amazigh de l’université de Béjaïa». L’orateur a présenté l’enseignement de cette variante berbère du Sud, le contenu enseigné et les objectifs assignés par ce module.Puis, il a présenté sa propre expérience dans cet enseignement et la méthode proposée.

A cet effet, il ne manquera pas de souligner l’importance de ces modules d’enseignement tout en regrettant que l’administration ne donne pas beaucoup d’importance à ces dialectes qui définissent cette licence amazighe. «Il est plus qu’indispensable de revaloriser l’enseignement des trois dialectes au sein du département d’amazigh, sinon il faut changer le nom de la licence en licence du kabyle» dira-t-il. Il présente, à cet effet, son dernier livre qui sera édité sous peu aux éditions du HCA.

Un ouvrage de 300 pages réparti sur six chapitres et intitulé: «Manuel d’apprentissage du touareg.» La deuxième conférence a trait à la question «pour ou contre l’écriture du kabyle en tifinagh» présenté par Cherif Sini enseignant de l’université de Tizi Ouzou. Dans sa communication, M. Sini a déclaré que «l’adoption du tifinagh a besoin d’une légitimation graphique à la hauteur de la légitimation graphique du latin…et à besoin surtout d’une politique clairement en faveur de la revendication kabyle.

M.Boualil Ahmed, enseignant universitaire à Tizi Ouzou de son côté a développé la question relative à la gestion linguistique du territoire intitulé «Appel à une gestion plurilingue du territoire multilingue» où il a expliqué clairement qu’un espace devient territoire dès qu’il y a appropriation qui est forcément linguistique… Par contre, en développant son analyse, le conférencier conclut en avançant qu’une mauvaise gestion de l’espace multilingue induit une catastrophe écologique.

La quatrième communication intitulée «attitude et représentation des lycéens amazighophones vis-à-vis du tifinagh» a été présentée par M.Mellal Rachid de l’université de Tizi Ouzou qui a rendu publique une enquête menée auprès d’une quarantaine de lycéens répartis en quatre groupes et inscrits en classe de lettres et philosophie ainsi que de langues étrangères, issus de quatre lycées de Tizi Ouzou.

Dans son enquête, le conférencier est arrivé à la conclusion selon laquelle, le tifinagh, le caractère usagé pour l’écriture de tamazight, constitue pour les enquêtés une symbolique identitaire. La cinquième et dernière conférence intitulée «écrire en tamazight: du caractère symbolique au caractère pragmatique» développée par le Dr Mouloud Louaouci, celui-ci s’est positionné clairement et d’emblée quant au choix de la graphie «je suis latiniste impénitent et tifinaghiste par amour».

Ainsi, il a déclaré pour justifier son choix que l’écriture de la langue a toujours été instrumentalisée et d’une manière pas loin d’être péjorative avant d’argumenter son choix «le choix pour l’Algérie devrait être des plus simples. Nous pouvons à la fois conjuguer la symbolique et le pragmatisme en optant naturellement pour le tifinagh en tant que marqueur territorial (espace amazigh) et le caractère latin pour accrocher nos wagons au monde de la modernité d’autant que nous n’avons pas le droit moral de remettre en question une expérience de vingt années en matière d’enseignement.

Quant à la journée du dimanche, le matin, les participants ont suivi un cours modèle assuré par Hamza Mohamed, enseignant de tamazight au (moyen) à Tamanrasset, portant sur l’enseignement de tamazight en tifinagh. Dans l’après-midi, une expédition dans le grand désert a été organisée pour permettre aux participants de découvrir les gravures rupestres témoignant de l’ancrage du tifinagh dans cette région de Djanet jalouse de son appartenance au monde amazigh. Le colloque a pris fin le lundi matin par une rencontre du HCA avec le mouvement associatif activant dans le domaine culturel amazigh afin de parler des perspectives communes pour l’avenir.