Boualem Bessaïah, dix ans avec le diplomate, l’intellectuel et l’homme politique: Un hommage personnel d’Ibrahim Roumani

Boualem Bessaïah, dix ans avec le diplomate, l’intellectuel et l’homme politique: Un hommage personnel d’Ibrahim Roumani

Parce que côtoyer pendant une dizaine d’années un homme de son envergure l’a marqué à jamais, le docteur, écrivain et responsable au ministère des Affaires étrangères, Ibrahim Roumani, vient de publier aux éditions Anep, un ouvrage, presque biographique, sur la vie et le parcours du défunt Boualem Bessaïah. Cette parution, qui coïncide avec le premier anniversaire de la disparition de Boualem Bessaïah, n’est pas une biographie. Ou du moins, c’est ce que ce refuse à dire son auteur, Ibrahim Roumani. «Je ne suis pas le biographe de Boualem Bessaïah, et mon livre n’est pas une biographie. Tout simplement parce que cet ouvrage se limite à la période de 10 ans où j’ai connu Boualem Bessaïah. Cet érudit a eu une vie tellement riche et remplie d’événements en tous genres qu’il m’est impossible de tous retranscrire… D’autant plus que je ne dispose pas de toutes les informations requises sur lui, qui me permettent d’en faire une biographie. De plus, Bessaïah était très peu loquace. Il écoutait beaucoup ; c’était un bon observateur qui n’aimait pas parler de lui…», d’emblée indiqué Ibrahim Roumani. Dans son ouvrage de plus de 300 pages, Ibrahim Roumani évoque donc la partie de sa vie où il a connu Bessaïah. Notamment à Rabat (Maroc) de 2002 à 2005 où Bessaïah était alors ambassadeur de l’Algérie et Roumani son assistant, et la partie aussi où Bessaïah a présidé le Conseil constitutionnel (2006 à 2012)… «Au bout de ces dix années passées presque jour pour jour avec Bessaïah, il était devenu pour moi un ami et un proche avant tout. J’ai énormément appris à ses côtés ; c’était une personne unique et très rare. Car, au-delà du diplomate et de l’homme politique qu’il était, c’était un intellectuel hors normes qui jouissait d’un immense potentiel littéraire…», a-t-il témoigné avec beaucoup d’émotion, avant de revenir brièvement sur cet enfant d’El Bayadh (né en 1930 et mort le 28 juillet 2016). «Cet homme politique et homme de lettres algérien fut, du 11 juin 2016 à sa mort, ministre d’État, conseiller spécial auprès du président de la République, représentant personnel du chef de l’État dans le gouvernement Sellal. Cet ancien professeur et docteur de lettres et sciences humaines, de formation bilingue (arabe, français) avait durant la Guerre d’indépendance algérienne, rejoint le maquis au début de 1957, et occupait d’importantes fonctions dans les rangs de la Révolution armée (un des adjoints de Boussouf). Il était aussi parmi les fondateurs des services secrets algériens et dirigea à ce titre la section du contre-espionnage de la base Didouche Tripoli, en assurant la mission de membre du secrétariat général du Conseil national de la Révolution algérienne de 1959 à 1962.»

Un érudit

«À l’indépendance, il occupe les fonctions d’ambassadeur dans plusieurs capitales européennes et arabes (Berne, le Vatican, Le Caire, Koweït City, Rabat). En 1971, il est nommé secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. En 1979, il entre au gouvernement et occupe plusieurs postes ministériels. Nommé successivement ministre de l’Information, ministre des Postes et Télécommunications, ministre de la Culture et, enfin, ministre des Affaires étrangères en 1988, il participe, au sein de la tripartie, Algérie-Maroc-Arabie saoudite, décidée par le sommet arabe de Casablanca, aux efforts déployés pour aboutir à l’accord de Taéf. En 1997, il est nommé membre du Conseil de la nation au titre du tiers présidentiel, puis élu président de la commission des Affaires étrangères de ce Conseil. Après avoir occupé le poste d’ambassadeur à Rabat (Maroc), il est nommé président du Conseil constitutionnel en septembre 2005 par le président de la République, poste qu’il occupa jusqu’à mars 2012… Auteur de plusieurs ouvrages littéraires et historiques, notamment sur l’émir Abd El Kader, Bessaïah est aussi l’auteur du scénario du film historique, Épopée du cheikh Bouamama… Son dernier ouvrage publié à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance, L’Algérie belle et rebelle, de Jugurtha à Novembre, est préfacé par le président Abdelaziz Bouteflika», a indiqué Ibrahim Roumani.