Bania prépare un album à paraître dans quelques mois : Un nouveau souffle du diwane

Bania prépare un album à paraître dans quelques mois : Un nouveau souffle du diwane

bania.jpgLa formation Bania, groupe de diwane algérien créé à Paris, prépare son premier album Alwane, qui sortira prochainement. Son leader Abdelhafid Bidari et son guitariste Thierry Fournel, rencontrés à Alger, nous ont donné quelques détails sur cet opus qui comporte 13 titres.

L’art diwane s’exprime aujourd’hui de deux manières : les cérémonies traditionnelles et spectacles qui nous font découvrir les bradjs (morceaux) tels que pratiqué dans le cadre du rituel ; et la fusion, qui est parfois décriée mais qui reste un moyen efficace pour présenter un répertoire riche et une tradition puissante. Bania, formation créée au milieu des années 2000 par Abdelhafid Bidari, est constituée de musiciens, originaires, pour la plupart, de plusieurs régions d’Algérie.

“L’idée était qu’on fasse un peu de traditionnel et qu’on intègre des guitares ou des rythmes un peu différents ; qu’on fasse quelque chose à notre sauce. Ce n’est pas vraiment du diwane traditionnel mais on joue des morceaux qui sont purs, traditionnels”, nous explique Abdelhafid Bidari, rencontré à Alger lors de la 7e édition du Festival international de la musique diwane (du 8 au 14 août).

Il était invité par le groupe Global Gnawa qui s’était produit dans le cadre de cet événément. Le guitariste Thierry Fournel, membre de Global Gnawa et de Bania, a complété le propos du maâlem en soulignant que “Hafid, qui est représentant des musiques gouarir et Ahellil, intègre cette musique dans le groupe Bania. C’est ça l’originalité aussi ; il maîtrise super bien les instruments comme le guellal et les rythmes, les rythmes du Sahara”.

Abdelhafid Bidari, qui maîtrise aussi bien le gourara que le diwane, et qui a pratiqué le diwane traditionnel dans le cadre de concerts mais aussi de “lilas” (cérémonies rituelles), notamment à Paris, a évoqué l’album Alwane de sa formation Bania, qui sortira dans quelques mois. Sur ce disque, on retrouvera diverses influences et différentes “touches”, qui ne dénaturent pas le diwane ; le groupe aspire à lui donner une autre dimension. Concernant le travail d’arrangement, Thierry Fournel note qu’“on est parti de la formule traditionnelle, et on a commencé à composer, à arranger, en respectant les modes, en essayant de ne pas trop en rajouter… C’est difficile, c’est un répertoire qui a des centaines d’années, et on ne peut pas le détruire comme ça.

On essaie d’arranger sous le contrôle de Hafid, sous le contrôle du maâlem, on met des touches (de blues, de jazz…)”. Cette prudence est motivée par le fait que le son de la musique diwane est déjà “balèze”, et la démarche du groupe a été d’opter pour des arrangements plutôt subtils. “On a mis presque un an à concocter le répertoire, à recommencer tout, à refaire, à travailler en répétition et en studio (un peu en France et un peu en Algérie). Hafid a fait chanter les frères qui jouent gouarir pour les chœurs. On a travaillé nos guitares, la basse… Et il y a des invités qui sont venus sur l’album : Youcef Boukella et Karim Ziad”, signale le guitariste.

Si l’album sort dans quelques mois en France, en Algérie rien n’est encore clair. Mais pour nos deux artistes, “on sait que l’Algérie est demandeur”. Quant au contenu d’Alwane, on découvrira un flot de sons oscillant entre des morceaux repris à la manière traditionnelle et d’autres qui seront en fusion. “On a pris Daoui et on l’a laissé traditionnel. Il y a aussi Moussa et Jamangaro. Pour ce dernier morceau, on a invité au goumbri maâlem Houari Bousmaha d’Oran. Bouderbala sera en fusion”, nous révèle Abdelhafid Bidari.

En plus de Balayji (le 3e “Sergou”) et “Abdallah”, Bania reprendra à sa manière dans ce disque des titres de gouarir et de chellali, ainsi qu’un peu d’ahellil. On retrouvera également des compositions du groupe, notamment, Guinawa. En attendant Alwane, Bania continue d’animer des concerts. Le groupe sera d’ailleurs le 27 septembre prochain à 20h30 au Centre culturel algérien de Paris.

S. K.