Après de longues tractations et expertises Le Fonds national d’investissement rachète Djezzy à 51%

Après de longues tractations et expertises Le Fonds national d’investissement rachète Djezzy à 51%

uneB332.jpgUne des différences fondamentales avec l’industrie, c’est que le monde des télécom n’a surtout pas peur de prendre des risques, d’autant qu’ils disposent de trésoreries considérables ou peuvent facilement trouver des investisseurs prêts à parier sur leurs projets.

Depuis août 2009, la directive dite «Ouyahia» permet au gouvernement de prendre 51% du capital d’une entreprise étrangère quand elle doit passer par le notaire. 2010, Vimpelcom, coté à Amsterdam et Newyork, achète Wind pour 6 milliards de dollars à Orascom télécom. Un peu à la poupée russe, à l’intérieur de Wind se trouve OTH, basée en Egypte et qui est l’opérateur de référence d’Orascom Télécom Algérie, plus connu sous le nom de Djezzy, qui exerce ses activités en Algérie. Avril 2014, 51% d’OTA vont appartenir au Fonds national d’investissement (FNI) et 49% à Vimpelcom à travers GTH –Global télécoms holding, ex-OTH filiale de Vimpelcom à 51.9%- selon un deal signé mercredi dernier à Paris entre Vimpelcom et GTH et le FNI pour la somme de 2,643 milliards de dollars, soit une valorisation d’OTA autour de 8 milliards de dollars. «Franchement nous sommes satisfaits de cet accord et je pense que tous mes collègues de Djezzy pensent la même chose», nous dit Vincenzo Nesci, Ceo de OTA que nous avons contacté.

La clôture de ce deal est fixée pour la fin de l’année en cours et GTH suspend jusqu’à la clôture son droit à l’arbitrage international. De plus, selon le pacte des actionnaires, Vimpelcom gardera le contrôle opérationnel. Vimpelcom, par cette vente règle son problème de dette. Le mois dernier, Vimpelcom avait annoncé un plan de refinancement de sa filiale italienne, Wind, plombée par des dettes. D’ailleurs, une fois la signature avec GTH effectuée, l’action Vimpelcom a bondi de 8,34 à 9 dollars en une journée. Et les experts pensent que l’action va s’élever entre 10 et 11 dollars très rapidement. GTH gardera une participation de 45,6% et échangera en d’actifs mobilier de Vimpelcom les 3,4% des actions de l’actionnaire minoritaire de Djezzy, d’une valeur de 178 millions de dollars auxquels il faut ajouter les 56 millions de dollars de dividende. «L’accord stipule que Cevital peut reprendre dans 5 ans les 3.4% dans OTA au même prix [178 millions de dollars NDLR]», nous souligne Farid Bourennani, expert financier auprès de Cevital contacté par nos soins.

Selon cet accord, OTA va distribuer un dividende de 1,862 milliard de dollars à GTH avant la clôture de la transaction, qui doit intervenir avant la fin de l’année 2014 avec un premier dead line le 30 septembre et un deuxième le 31 décembre 2014. Au final, GTH devrait empocher un gros pactole avec des dividendes de 4,4 milliards de dollars, après déduction des taxes et le règlement de «tous les différends en suspens entre les parties et le paiement des amendes connexes», indique le communiqué de Vimplecom. En outre, «tous les profits seront utilisés pour rembourser les prêts d’actionnaires en circulation prévus par VimpelCom à GTH», poursuit le même texte.

Pour sa part, Ahcène Haddad, PDG du FNI et propriétaire de 51% de OTA souligne que «Cette acquisition s’inscrit dans la mission confiée par les pouvoirs publics algériens au FNI de participer au développement économique de l’Algérie et à notre plan stratégique». De plus, toutes les activités seront transférées à Optimum télécom Algérie, une filiale entièrement détenue par OTA, ajoute le FNI, assurant que «cette réorganisation interne de la structure de Djezzy n’aura aucun impact sur ses conditions d’exploitation et n’affectera pas les conditions d’emploi de son personnel». Un pacte d’actionnaire décrit la structure de gouvernance d’OTA et délimite le champ de chacun des actionnaires ainsi que les clauses relatives à la composition, aux modalités de désignation et de révocation et aux pouvoirs des organes de direction et de surveillance des sociétés. Il permet à VimpelCom de conserver le contrôle managérial et opérationnel d’OTA mais confère au FNI des droits de veto sur les grandes décisions stratégiques, ajoute le FNI.

«C’est un gros, gros soulagement pour nous», nous affirment un des agents d’un point de vente de Djezzy à Alger tout en ajoutant «je peux mieux voir l’avenir, maintenant». D’un autre côté, Farid Bourennani, nous dit que «l’accord intervient au terme d’un processus long et complexe ayant mobilisé, depuis de nombreux mois, plusieurs experts et cabinets conseils». Par ailleurs, dans un communiqué de presse très long, JO Lunder, Chief Executive Officer de VimpelCom, écrit que «cet accord à long terme est favorable et le règlement représente une réussite pour toutes les parties prenantes», avant d’ajouter «qu’il résout notre différend en Algérie et nous permet de consolider notre position de leadership fort en Algérie. Cet accord va nous permettre d’investir davantage dans un réseau de 3G haute vitesse pour profiter pleinement du potentiel de croissance de données mobiles dans le pays.»

Enfin il est à signaler que les principaux actionnaires de Vimpelcom sont Alfa Group du milliardaire russe Mikhaïl Fridman et le groupe de télécommunications norvégien Telenor.