Amateurs de grillades Draria, le temple des brochettes

Amateurs de grillades Draria, le temple des brochettes

arton92491-14b2e.jpgLe temple de la brochette se trouve désormais à Draria, au sud de la capitale. Ici, la viande est bonne. De nombreux restaurants sur ce boulevard sont ouverts en été comme en hiver jusqu’à une heure très avancée de la nuit.

L’odeur des grillades chatouille les narines depuis l’entrée de la commune d’El Achour. Elle ouvre ainsi l’appétit des automobilistes. Pris dans une interminable circulation, ces derniers s’impatientent de trouver une place de stationnement. Et s’installer à la table du restaurant de leur choix. Les habitués sont connus, ils peuvent même confier les clefs de leur voiture au caissier ou au gérant du restaurant. Les autres, ceux qui viennent de temps à autre ou carrément pour la première fois, se hasardent à trouver le bon coin. Simbad, Ryad, El Djazira, El Andaloussia, sont autant de d’appellations qui font la notoriété de ce lieu depuis le rond-point, à proximité de la pompe d’essence, jusqu’au célèbre lycée sportif. Draria est devenu en peu de temps la destination préférée des amoureux des grillades sur feu de braise. Même les pizzerias et les rôtisseries poussent un peu plus. Des coins plutôt bien fréquentés. La clientèle se sent plus rassurée en présence des forces de l’ordre dont le commissariat est à proximité. A voir le monde qui y déferle, on comprend que la culture de dîner dehors commence à s’ancrer. Selon certains clients, les restaurants spécialisés dans les grillades, à Draria, assurent un service de qualité sur le plan des mets mais aussi du timing. En effet, les serveurs se chargent d’orienter et d’installer les clients aussitôt que ces derniers font leur apparition dans le restaurant. Ils leur proposent le menu suivi du plat du jour. Parfois, le bouzellouf (barek iïnou) est le plat du jour. Les consommateurs se lèchent les babines bien avant de passer leur commande. Quelques minutes après, tout le monde est servi. C’est ce qui enchante d’ailleurs les clients.

Le service est très rapide, contrairement à certains restaurants qui mettent du temps à répondre aux commandes de leurs clients qui, au final, sont furieux et vont jusqu’à quitter les lieux. A l’intérieur, les salles sont spacieuses, l’espace entre les tables est respecté, l’espace fumeur est isolé et les bébés de 7 mois à 4 ans ont leur propre chaise sécurisée. Ce qui permet aux parents de déguster leurs plats tout en gardant l’œil sur leur progéniture. Les commodités sont à la portée de tous, seulement les prix affichés ne sont pas accessibles à tous. Une brochette de viande est à 60 DA l’unité, celle de foie à 75, alors que les merguez à 65 DA. Si le chiffre est multiplié par 10 pour les différentes viandes citées, s’ajoutent à cela l’assiette de frites, le fameux h’miss à l’huile d’olive en plus de la boîte de jus d’un litre ou la bouteille de soda, la facture revient pour deux personnes seulement à pas moins de 3.000 DA. Pareil pour les rôtisseries qui, par ces soirées d’été, fourmillent.

Les estivants et l’arrivée des émigrés agitent les lieux. Et pourtant, un poulet rôti, sans frites, est à 900 DA contre 1.000 celui cuit sur la braise. Le prix a été revu à la hausse comparativement à l’année précédente, où le poulet rôti, consommé sur place ou emporté, était à 650 DA.

Quand l’odeur du « chwa » envahit les quartiers

Du côté des quartiers populaires, la grillade est aussi pratiquée par des petits jeunes. La saison estivale pointant du nez, ils se transforment en restaurateurs locaux proposant des petits casse-croutes rapides. En fin de soirée, outil de fortune en main, ils font ce qu’ils appellent « chwa ». Même si l’action en elle-même crée une ambiance particulière au sein des quartiers, il n’en demeure pas moins que les grillades sont souvent préparées dans des conditions d’hygiène déplorables. La viande est exposée à la poussière et à la pollution en plus des odeurs nauséabondes qui se dégagent des avaloirs. Et c’est ainsi qu’un nouveau commerce a vu le jour. Celui de vendre des grillades sur des étals de fortune installés de manière anarchique à travers plusieurs rues et quartiers de la wilaya d’Alger. Sans le moindre respect des normes d’hygiène et de salubrité, des jeunes chômeurs gagnent leur journée, en exposant la santé des consommateurs à un vrai danger. Plusieurs citoyens interrogés affirment ne pas être dérangés par ces fast-foods occasionnels. Comme il est à relever que pendant plusieurs heures, cet aliment, plutôt sensible et facilement périssable, n’est pas bien conservé et la chaîne de froid jamais respectée, ce qui réduit la durée de péremption. Malgré les risques d’intoxication, les consommateurs ne s’en soucient guère et consomment ces sandwiches de « chwa » avec grand appétit.

L’essentiel est d’assouvir leur envie selon leur bourse. Dans ce cas-là, faut-il éviter de manger hors de chez soi ? Certainement. Il existe quand même de bons restaurants et des pizzerias qui font honneur à la gastronomie à Alger. Il suffit juste de connaître les bonnes adresses pour être définitivement fixé sur la qualité de la cuisine, de l’hygiène et du service. Quant aux « restaurateurs » amateurs, il leur est juste conseillé de trouver la bonne méthode, d’assainir les lieux et de cuire la viande fraîche aussitôt achetée.