À la découverte de la Médersa Chammaiya, la première médersa au Maghreb

À la découverte de la Médersa Chammaiya, la première médersa au Maghreb

Savez-vous que la première médersa au Maghreb est Tunisienne? Elle s’appelle “Al médersa Chammaiya” (المدرسة الشماعية). Voilà son histoire racontée par Wild Tounes, un grand amoureux de la médina.

Située à quelques mètres de la mosquée Zitouna, cette école a été bâtie, entre 1236 et 1249, à l’époque Hafside, “par le premier sultan de la dynastie hafside Abû Zakariyâ Yahyâ plus précisément” indique Jamel Ben Saidane alias Wild Tunis au HuffPost Tunisie.

“Son nom revient, en effet, à son emplacement”, ajoute-t-il. Il est d’usage que la médersa soit associée à son fondateur ou à un érudit qui y a enseigné ou à l’endroit où elle est située. “Chammaiya” qui est placée dans une ruelle juxtaposée à souk El Chammaîne (marchands de cires et de cierges), puise son nom dans ce dernier. “Avec les années, ce souk a disparu pour laisser sa place à souk El Blaghgia,” note-il.

chamaiya

Avec son style architectural simple inspiré de l’Orient, la Chammaiya se distingue des autres “écoles” par la présence de deux iwans au niveau des galeries nord-est et sud-ouest. Ses sols et murs revêtus de calcaire ocre (kadhal) et ses façades symétriques ornées de niches polylobées témoignent du style de vie sobre de son fondateur.

La porte d’entrée de la Chammaiya donne sur un vestibule qui aboutit à une cour centrale. Cette dernière est entourée de portiques sur les quatre côtés, des chambres et une grande salle de prière. À gauche de l’entrée, un escalier monte à l’étage où des chambres entourent le patio. “La Chammaiya comporte plus d’une vingtaine de chambres,” précise Wild Tounes.

chamaiya

« Habituellement, les élèves prenaient les cours à la Mosquée Zitouna ou dans la grande salle de prière, et ils sont logés dans l’établissement » poursuit-il. Les services du waqf les prenaient en charge pour leur permettre de se consacrer à leurs études.

Après l’indépendance, la Chammaiya a été acquise par l’Union Nationale de la Femme Tunisienne. Au début des années 90, elle est transformée en centre de formation des métiers traditionnels du cuir et de la chaussure. « Mais depuis quelques années, le centre se trouve un peu délaissé et ne fonctionnait plus comme avant vu que d’une part l’Union Nationale de la Femme Tunisienne se trouve en difficulté et d’autre part les jeunes ne s’intéressent plus aux métiers du cuir et de la chaussure, » explique-t-il.

A part la Chammaiya, la médina de Tunis regorge de médersas, classées comme monuments historiques. Avec leurs styles plus ou moins similaires, ces médersas témoignent d’une époque où l’éducation et le savoir prenaient une grande importance. À l’instar d’El Chammaiya, on trouve la médersa El Achouria. Cette dernière a été construite pendant la période ottomane.

Située au numéro 62 de la rue Haouanet Achour dont elle tire son nom, El Achouria est l’unique médersa de la ville qui possède un minaret, d’une hauteur de 15,30 mètres. Une spécificité qui revient au fait qu’elle soit bâtie sur les vestiges d’une mosquée inachevée et de la médersa Ibn Tafargine.

achouria

Non loin de la Chammaiya se trouve, une autre médersa sous le nom d’El Bachia. Située à la rue des Libraires, cette médersa a été édifiée vers 1752 par le souverain husseinite Ali Ier Pacha. Contrairement à la plupart des médersas qui adoptent la doctrine malikite, cette dernière est dédiée à l’enseignement suivant le rite hanafite.

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Dans les années 1980, la médersa est restaurée avec le concours du ministère de la Formation professionnelle et de l’emploi qui la convertit en un centre d’apprentissage des métiers de l’artisanat.