8e Festival national de musique andalouse sanaa : Hommage au musicien Hadj Omar Bensemmane

8e Festival national de musique andalouse sanaa : Hommage au musicien Hadj Omar Bensemmane

portraitbensemane-299x330.jpgL’ouverture de cette édition, qui a été donnée avant-hier à la salle Ibn Zeydoun, a vu le fils du musicien Hadj Omar Bensemmane, Yacine égayer la soirée avec des morceaux de la musique zyriabienne devant un public mélomane venu nombreux. Une manière de rendre hommage à son père, le regretté El Hadj Omar Bensemmane.

Tous les musiciens et élèves des conservatoires doivent savoir que cet homme fut un des derniers proches contemporains des illustres maîtres Mohamed Ben-Teffahi et Laho Seror, deux des disciples du grand maâlem Mohamed Ben Ali Sfindja. Né en 1906 à Saint Eugène (Bologhine) dans une famille d’origine andalouse et infiniment mélomane, Omar Bensemmane, l’aîné d’une famille nombreuse, est venu très tôt à la vie active. Cordonnier-bottier de son état, Hadj Omar Bensemmane recevait dans son échoppe de la Casbah nombre de musiciens dont certains maîtres parmi les plus réputés de la musique andalouse comme le virtuose violoniste Laho Seror, Mahieddine Lakehal, Mkhilef Bouchaâra, Ahmed Sebti et bien d’autres.

A leur contact, El Hadj Bensemmane allait apprendre et mémoriser un lot important de touchias et de morceaux du répertoire classique, qui en firent dans ce domaine la source la plus précieuse à laquelle s’abreuvèrent ou se référèrent nombre de musiciens et de chanteurs de l’Ecole d’Alger. Membre fondateur d’El Djazaïria en 1930, Omar Bensemmane rejoint les rangs de l’association nouvellement créée et y retrouve Mohamed Fekhardji (1896-1956) et son frère Abderrezak Fekhardji (1911-1984), Abdelkrim M’hamsadji (1904-1999), Mustapha Kechkoul, Khayreddine Hassen Khodja, Mohamed Mezaache et, un peu plus tard, Sadek El Bedjaoui (1907- 1995). C’est là qu’il devient élève de Mohamed Ben-Teffahi. Soucieux de préservation et de transmission, El Hadj Omar Bensemmane, véritable phonothèque vivante, a rigoureusement mémorisé tous ces enseignements qu’il rétrocédait généreusement à tous ceux qui le lui demandaient. Pour tous les mélomanes qui l’ont approché, et le décrivent d’une simplicité et d’une gentillesse à toute épreuve, Hadj Omar était ce qu’il était convenu d’appeler «une référence» connue et reconnue dans Tout-Alger en matière de musique classique andalouse qu’il enseignait à titre bénévole.

Disparu en 1972, il a laissé derrière lui un véritable trésor. Pour reprendre les termes du maitre Sid-Ahmed Serri qui s’exprimait à son propos : « Si Hadj Omar Bensemmane faisait partie de ces amateurs de la lignée de Si Mohamed Ben-Teffahi qui donnaient sans rien attendre en retour, et dont le rôle dans la sauvegarde et la propagation de notre art musical a été plus déterminant que celui des grands maîtres. Si ces amoureux au grand cœur de la musique sont parfois inconnus du public, ils ne le sont pas de nos artistes.

C’est auprès d’eux que des chanteurs connus ont, bien souvent, enrichi leur répertoire d’œuvres oubliées, comparé leurs connaissances et recherché la référence devant leur permettre de mieux authentifier certains morceaux. » Pour sa générosité et son œuvre dans la conservation de ce patrimoine précieux, cette 8e édition du Festival national de la musique andalouse sanaâ lui est dédiée. Il est à souligner que Yacine Bensemmane avait collaboré, en 2004, avec la cantatrice Beihdja Rahal à l’enregistrement de la nouba Mezmoum. Sur une nouba donnée par Laho Seror à Omar Besemmane en 1937, ce dernier l’a transmise en 1966 à son fils avant que Beihdja Rahal ne résolve l’authenticité de certains morceaux .