Patrimoine Ahellil : un ferment identitaire.

Patrimoine Ahellil : un ferment identitaire.

Les participants à une conférence sur le patrimoine  Ahellil, organisée hier à Timimoune, ont été unanimes à souligner que ce  patrimoine de l’Ahellil a de tout temps et depuis des siècles constitué le garant  culturel de la société dans le Gourara.

Le Dr. Abdelkrim Benkhaled de l’Université d’Adrar a indiqué, dans une  communication sur la symbolique socioculturelle de l’Ahellil, que ce patrimoine  immatériel est une tradition soufie (mystique) qui a caractérisé les liens entre  gens du Gourara et leur attachement à leur identité face aux différents courants  de changement, jusqu’à ne plus dissocier entre le Gourara et l’Ahellil.

L’intervenant a, lors de cette rencontre tenue à la bibliothèque de  lecture publique de Timimoune dans le cadre du 10e festival culturel national d’Ahellil, précisé que ce patrimoine est la consécration de l’identité socioculturelle  de la population du Gourara, exprimée par les textes poétiques déclamés lors  des fêtes et différents autres évènements locaux où se manifestent la quête  d’unité et de cohésion sociale.

Il a ainsi appelé à multiplier les initiatives, de la part des différents  acteurs, pour porter le flambeau de ce legs et le transmettre aux générations  futures, en intensifiant les efforts de recherches, de répertoire et d’authentification  du patrimoine Ahellil, pour le mettre à l’abri de l’oubli et de l’extinction,  comme cela s’est produit pour des genres patrimoniaux de certains peuples.

M. Abdelali Baboula, un homme de culture s’intéressant aux questions  culturelles propres au Gourara, a pour sa part évoqué le lien des Mourabitine  et des Mouahidine parmi les populations zénètes avec le patrimoine Ahellil et  son accompagnement des mutations socioculturelles qu’a connues la région depuis  le 5e siècle du calendrier hégirien.

D’après le même intervenant, ce sont les Mourabitine qui ont introduit  l’instrument de musique dans le patrimoine Ahellil, influencés par la culture  andalouse, avant que les Mouahidine ne viennent plus tard s’y opposer fermement,  lui ôtant ainsi sa coloration musicale pour un temps avant qu’il ne la retrouve  avec la chute des Mouahidine.

A travers ce développement, l’orateur a tenu à démontrer la capacité  du patrimoine Ahellil, intemporel, à s’accommoder des évolutions civilisationnelles  traversées par le Maghreb arabe, tout en restant témoin des différentes phases  historiques vécues par la région.

Les activités de ce 10e festival culturel national se poursuivent  avec des soirées de chants Ahellil présentées par les troupes participantes  au théâtre de plein air de l’Oasis Rouge (Timimoune), en présence de nombreux  touristes venus se laisser bercer par les airs d’Ahellil et ses sonorités émanant  des T’bel (tambourin), Bangri (instrument à cordes traditionnel), Nay (flûte)  et clappements rythmés de mains des membres des troupes.

Le festival devait être clôturé tard dans la soirée d’hier et couronné par une remise de prix aux participants et la présentation des recommandations  devant être prises en considération en prévision de la prochaine édition de  cette manifestation culturelle annuelle, selon les organisateurs.