Capello ne connaît pas les Atos

Capello ne connaît pas les Atos

J’ai un ami à Londres (et je vous assure que ce n’est pas un harrag) qui a croisé en début d’année Fabio Capello à une réception à l’hôtel Al-Fayed.

Discutant football, Capello était surpris que mon ami soit Algérien (il faut dire qu’il est élégant en smoking) et qu’il l’interroge en ces lieux luxueux sur Al-Khadra.

Au-delà du fait que Capello ignore que les Algériens ont le don de se démultiplier à l’infini et qu’on peut même les croiser en Antarctique (juste une question de visa ou de résidence), l’entraîneur italien a été plutôt vache dans sa confession : “Votre équipe est de seconde zone.

Mis à part un ou deux joueurs, elle va se faire étriller. Vous n’avez pas le niveau”. Interloqué, mon ami lui demanda alors pourquoi il dit l’inverse dans la presse britannique : “Je ne vais tout de même pas dire que vous êtes nuls. Voyons !”, répondit Capello.

J’ai gardé ce petit secret pour moi avant de le livrer à 48 heures du match face aux amateurs de pudding. En espérant, tout aussi secrètement, que les Verts sachent la vérité et que cela pourrait les motiver pour le match de vendredi. Je me suis également dit qu’un grand entraîneur, et Capello en est un, est obligé dans le football moderne de maîtriser aussi bien les aspects technico-tactiques que la communication en public.

Et là, j’ai eu une pensée pour Rabah Saâdane. Au-delà du fait que je ne partirais jamais en vacances avec lui tellement je lui en veux, je me suis demandé si notre sélectionneur se rend compte de ce qu’il dit en public et que, vu les circonstances désastreuses de l’après-Slovénie, il avait encore quelque chose à dire de sensé.

Sinon, j’ai été frappé par une information venant d’Afrique du Sud. Imaginez, le président de la FAF, Raouraoua, le président du Conseil de la nation, Bensalah, et le ministre de la Jeunesse et des Sports, Djiar, ont débarqué dans le vestiaire des Verts après la défaite pour remonter les bretelles à tout le monde.

Il ne manquait que Bouteflika pour improviser un Conseil des ministres à Polokwane. C’était la distribution habituelle des blâmes et des remontrances devant des joueurs silencieux dont quelques-uns voulaient se teindre les cheveux en brun pour ne pas être particulièrement visés.

Je me suis dit qu’on ne sait toujours pas communiquer. Alors que le pays est ravagé par la défaite (si l’on excepte le chômage, l’inflation, la corruption et les grèves), l’État algérien, à travers ses zélés intermédiaires, découvre tout à coup que Saâdane n’est pas bon et que les joueurs ont trop dormi sur les lauriers qu’on leur a tressés depuis Omdurman.

D’ailleurs, le président de notre fédé, en habile chef d’entreprise, a mis sur la table tous les avantages dont ont joui le staff et les joueurs depuis leur qualification. En un mot, vous avez été gâtés par le plan quinquennal et vous n’avez même pas rendu la monnaie. Le peuple demande des comptes et, pas de bol, c’est tombé sur vous.

Moi, qui ne peux même pas m’acheter une Atos à crédit (d’ailleurs ils ont arrêté le crédit et ce n’est même pas sûr que j’aurais choisi une Atos), j’ai été gêné par cette approche mercantile. Évidemment, il faut des primes de match, des primes de déplacement et des frais de mission pour que Saâdane aille superviser des joueurs qu’il n’a même pas retenus mais, pour moi un peu vieux jeu certainement, jouer une Coupe du monde pour sa nation est déjà la meilleure des primes et que ce discours est mal approprié face à des joueurs déjà millionnaires.

C’est certainement une question d’époque. Ces années fric me dérangent même si ce n’est que ça dans le fond pour certains dirigeants de notre football.

Et j’ai pensé, à nous autres crédules, en chantant “Djeich ! Chaâb ! Maâk ya Saâdane !”, en me disant que je vais appeler un ami à moi à la Défense nationale pour qu’il pense à retirer la mention “armée” dans ce slogan. Sinon, on va encore dire que c’est la faute d’un général qui tire les ficelles dans les vestiaires. Et si c’est le cas, je voudrais bien qu’on titularise le soldat Boudebouz.