Le Pentagone veut un 4×4 furtif intraçable

Le Pentagone veut un 4×4 furtif intraçable

2533871lpw-2533878-article-jpg_3168375_660x281.jpgLa jeep des temps modernes sera à hydrogène, autonome, silencieuse, sans émission de chaleur et génératrice d’énergie. Une révolution pour remplacer le dispendieux Hummer.

L’armée américaine se met au vert et le Pentagone a commandé à General Motors (GM) un 4×4 roulant à l’hydrogène qui sera utilisé dans des zones de combat, notamment pour des missions de reconnaissance.

Cette voiture électrique produisant sa propre énergie sera un 4×4 basé sur la Chevrolet Colorado, a révélé jeudi le premier groupe automobile américain sans davantage de détails. Ni la date de début de production ni celle de livraison ne sont connues. GM rappelle juste partager deux sites – Pontiac et Warren, dans le Michigan (nord) – avec l’armée américaine destinés au développement de la technologie à hydrogène.

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Selon une source proche du dossier, GM et l’Army Tank Automotive Research Development and Engineering Center (Tardec) sont en pleine phase de conception et de design de cette voiture équipée d’une pile à combustible qui ne rejette que de la vapeur d’eau. La technologie à laquelle le premier constructeur automobile américain va avoir recours sera distincte de celle développée depuis 2013 dans le cadre de son partenariat avec le japonais Honda, assure Dan Flores, un porte-parole.

Les deux groupes automobile travaillent ensemble sur un système de propulsion à pile à combustible de nouvelle génération pouvant être construit à moindre coût et en masse. Le géant de Detroit et le Tardec ont, eux, officialisé leur collaboration en signant un contrat fin septembre.

« C’est un contrat sur plusieurs années pour fabriquer (…) un véhicule de reconnaissance équipé d’une pile à combustible », souligne Doug Halleaux, porte-parole du Tardec.

Silencieux et à faible signal

Malgré son coût dispendieux et des difficultés spécifiques liées à son infrastructure et au stockage, impliquant de gros réservoirs résistants, l’armée américaine, qui veut s’affranchir de la dépendance à l’essence sur les champs de bataille, trouve plusieurs atouts au véhicule à hydrogène.

Il est considéré comme silencieux (moins bruyant qu’un véhicule classique), ce qui le rend beaucoup plus difficilement détectable par l’ennemi, souligne Dan Flores. La motorisation à hydrogène dégage peu de chaleur, ce qui est un avantage pour toutes sortes d’opérations de repérage ou de transmissions de données. Des tâches qui nécessitent normalement des générateurs diesel avec toute une logistique derrière pour les alimenter en carburant, poursuit M. Flores. Elle dispose en effet d’une forte puissance électrique, capable d’alimenter divers appareils de transmission et de communication sur le terrain.

« Le véhicule à hydrogène est silencieux, ce qui aide, bien évidemment, pour un nombre de choses spécifiques que fait l’armée », confirme un haut gradé américain sous le couvert de l’anonymat. Non seulement la diminution ou l’élimination des combustibles fossiles pour la génération d’énergie sur les théâtres de guerre simplifie la logistique, mais elle réduit aussi les coûts de maintenance et élimine le risque d’attaque contre les convois de carburant dès lors que des unités mobiles pouvant produire l’énergie nécessaire sont déployées.

12 mois de tests

Le Pentagone teste ainsi depuis 2012 à Hawaï, un État qui importe le gros de son énergie, des 4×4 à hydrogène fournis par… GM, qui a également livré à l’armée américaine un pick-up roulant à l’hydrogène calqué sur la Chevrolet Silverado. Mais ce véhicule est destiné essentiellement à la livraison de colis. GM, qui a cédé sa division militaire en 2003 à General Dynamics, fournit aussi depuis août jusqu’à 55 000 moteurs diesel Duramax à l’armée pour le JLTV, le remplaçant du célèbre camion de combat Humvee.

Le groupe automobile espère que les tests du Pentagone qui vont se dérouler pendant douze mois dans des conditions extrêmes (chocs et vibrations à répétition pour les réservoirs d’hydrogène et les durites métalliques qui les relient) vont l’aider à glaner de précieuses informations pour rattraper son retard sur ses concurrents.

La guerre de l’hydrogène entre les grands groupes automobiles est dominée pour l’instant par Hyundai, qui commercialise sa ix35 depuis 2013 en Californie, et par Toyota et sa Mirai, en vente depuis cette année. Honda promet l’arrivée de sa FCV en mars prochain, tandis que Daimler (Mercedes-Benz) et BMW travaillent chacun sur un modèle de série. GM promet un véhicule grand public d’ici à 2020.