Hausse vertigineuse du prix des voitures à Oran: La direction du commerce ouvre une enquête

Hausse vertigineuse du prix des voitures à Oran: La direction du commerce ouvre une enquête

Dans leur démarche, «les membres de ladite commission se rendront à l’usine de Renault Algérie Production où ils auront droit à des explications».

Une première dans les annales du commerce algérien. Une enquête vient d’être ouverte. Celle-ci est axée essentiellement sur la hausse vertigineuse du prix de la voiture dont le montage est algérien. La direction du commerce d’Oran est l’instigatrice d’une telle enquête, tout en se conformant au ministère de tutelle qui s’est prononcé récemment sur la hausse vertigineuse qu’a connue le marché de l’automobile.

Le premier responsable du département du commerce a sommé sa représentation locale de passer au crible un tel marché, tout en tirant au clair cette affaire à partir de ses racines, c’est-à-dire en enquêtant à partir de l’usine de montage. Une telle enquête sera menée par une commission spéciale comprenant des agents du ministère du Commerce et ceux de la direction locale du commerce.

Dans leur démarche, «les membres de ladite commission se rendront à l’usine de Renault Algérie Production où ils auront droit à des explications sur les différentes étapes observées dans le montage de la voiture algérienne», a-t-on appris, expliquant qu’«il est anormal que la voiture algérienne ne soit pas accessible à tous les Algériens vu la cherté de son prix».

Est-ce un scoop magistral ou s’agit-il encore d’une annonce destinée à la consommation locale? Plus que déterminés dans une telle démarche, on apprendra que les envoyés spéciaux du ministère du Commerce auront, pendant plusieurs jours, du pain sur la planche en passant au peigne fin toutes les étapes entreprises dans le cadre du montage de la voiture algérienne, à commencer par les ateliers d’assemblage jusqu’à sa commercialisation et ce, tout en mettant en exergue les facilités accordées par l’Etat algérien à ces assembleurs de voitures en leur accordant des avantages fiscaux et l’accès au foncier au prix symbolique.

A Oued Tlélat, toute une surface de foncier, appartenant à l’usine des textiles, a été sacrifiée au nom de l’investissement pour faire l’assemblage d’une voiture acquise par les richissimes. Or, les premiers rounds des négociations, les investisseurs, regroupés dans ce projet que l’on a dit gagnant-gagnant, n’ont pas cessé de répéter que «la voiture algérienne sera accessible à toutes les Algériennes et à tous les Algériens». Au final, la majeure partie des Algériens ont eu droit à une bagnole au prix choquant.

Il n’y a pas de fumée sans feu! Le fabricant français, même en s’alliant avec le ministère de l’Industrie et la Snvi, ne s’est sans aucun doute pas installé en Algérie pour faire le montage de sa voiture à vendre au prix pouvant lui causer des pertes sèches. Là, le consensus est commun, notamment chez les spécialistes et les économistes soutenant que chacun des partenaires doit défendre sa part des dividendes et de ses intérêts économiques.

Il s’agit, pour plus d’un, de la nature des négociations et clauses contenues et paraphées dans un tel investissement. Qui a eu le mot final? A qui profite un tel investissement? Hormis le peu de bribes prononcées sur la nature du contrat, l’essentiel n’est jusque-là pas dévoilé, notamment en ce qui concerne le mode commercial.

Mieux encore, l’Etat algérien, qui a annulé le crédit consommation s’est retrouvé contraint de se rétracter, tout en mettant en place un dispositif permettant aux Algériens de consommer le produit made in Bladi.

Dans le tas, les banques algériennes se sont mises de la partie en accordant des crédits à des personnes négociant l’achat des produits locaux, dont la voiture algérienne. Là où le problème est réellement posé est le fait que des milliers d’Algériens voient cette voiture comme un mirage se dessinant à l’horizon, mais difficile à atteindre, malgré toutes les facilités et crédits bancaires qui leur ont été accordés dans le cadre du processus de la consommation des produits de fabrication locale.

Il s’agit justement de cette politique commerciale et cette conception des choses qui nécessitent la révision de bout en bout, étant donné qu’elles sont mises à profit par des futés et des charognards ne trouvant rien de mieux à faire que de spéculer à l’insu même des cadres et responsables de Renault Algérie Production. Il suffit de se rendre au marché des voitures des Castors pour tirer au clair une telle évidence.

La voiture Renault est revendue sur le marché informel au dividende dépassant 200.000 DA dès qu’elle a été acquise à partir de l’usine. Il est donc clair que cette voiture fasse l’objet de la surenchère et de la spéculation. La Sandero Stepway n’est pas en reste. Les dividendes qu’elle engrange atteignent parfois la somme pouvant frôler les seuils de 300.000 DA. Ceci dit, l’usine de fabrication doit revoir sa copie en ne vendant pas au premier venu.

Idem pour la direction du commerce ainsi que les autorités en charge du commerce à qui incombe la responsabilité de raser les marchés informels comme ceux de El Maqari (ex-Saint-Eugène et des Castors). La même politique est normalement à observer dans le marché des voitures de Masra dans la wilaya de Mostaganem. A quoi donc peut servir une enquête dont les conclusions sont connues à l’avance?