Université / Crise : Facultés de pharmacie et de chirurgie dentaire, la grève tourne à l’impasse.

Université / Crise : Facultés de pharmacie et de chirurgie dentaire, la grève tourne à l’impasse.

Alors que le ministère de l’Enseignement supérieur appelle les étudiants en pharmacie et chirurgie dentaire à rejoindre les amphis en leur assurant que leurs revendications ont été prises en charge, les grévistes ne décolèrent pas et poursuivent leur mouvement de protestation qui s’est radicalisé.

En grève depuis déjà quatre mois, les étudiants en pharmacie et malgré les assurances du ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, sont déterminés à aller au bout de leur action. « Ce que nous voulons, c’est un décret ministériel, c’est le seul moyen de nous garantir l’application des mesures décidées », nous a déclaré Hassani Arezki, représentant des étudiants en pharmacie de l’université Mouloud Maameri de Tizi Ouzou.

Concernant le vote pour la suspension ou le maintien de la grève organisé par l’administration de la faculté Alger 1, jeudi dernier, notre interlocuteur a qualifié cela d’ingérence dans les affaires des étudiants. «Je trouve cela inadmissible que l’administration oblige les étudiants à voter. Heureusement que la majorité a opté pour le maintien de la grève », a-t-il fait savoir.

En effet, sur les 832 étudiants participants, 79,68% ont été pour le maintien de la grève, tandis que seulement 19,11% d’entre eux ont souhaité reprendre les cours. Interrogé sur les dernières assurances données par le département de Tahar Hadjar, notre interlocuteur nous a déclaré que les étudiants demeurent sceptiques et que seul un décret ministériel les empêchera d’aller vers une année blanche.

« Je sais que cela est extrême, mais nous n’avons pas peur de l’année blanche », nous a-t-il fait savoir. D’autre part, nous avons appris que trois étudiants en pharmacie du département de Batna ont décidé d’entamer dès demain une grève de la faim pour dire leur exaspération vis-à-vis d’une situation qui ne semble pas vouloir prendre fin.

Plusieurs grévistes au CHU de Tizi ouzou

S’agissant des étudiants en chirurgie dentaire, qui sont nombreux à avoir entamé une grève de la faim mardi dernier, les choses vont de mal en pis vu la dégradation de l’état de santé de la plupart des grévistes, nous a indiqué une source proche.

«A l’université Mouloud Maameri, ils sont quatorze jeunes hommes et quatre jeunes filles à avoir eu recours à ce moyen de protestation extrême. Jeudi passé, plusieurs d’entre eux ont été évacués vers le CHU pour recevoir des soins d’urgence, mais ils ne veulent pas lâcher », a fait savoir Arezki Hassani.

D’autre part, les grévistes ont dénoncé le laxisme de l’administration pour ce qui concerne la prise en charge médicale des grévistes de la faim. « Nous avons demandé à l’administration de dépêcher une équipe médicale sur place pour veiller sur les grévistes, cela est notre droit surtout que les ambulances mettent plus de vingt minutes pour arriver sur place, mais cela n’a pas été fait », s’est indigné Hassani avant d’ajouter : «Certains grévistes nous ont rapporté qu’ils ont été victimes d’intimidations et de dépassements au niveau même du CHU de Tizi Ouzou, cela est aberrant ».

De leur côté, les autorités tentent tant bien que mal de calmer les tensions en appelant les étudiants à reprendre les cours et éviter l’année blanche. En effet, lors de la réunion du secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur avec les recteurs des facultés de sciences médicales, il a été convenu de « la nécessité d’accélérer la relance des commissions pédagogiques pour les deux branches en vue de l’élaboration d’un programme de rattrapage des cours», rapporte un communiqué de la tutelle.

« Dans l’impossibilité d’assurer un rattrapage des cours pour les années concernées, ces commissions pédagogiques pourraient annoncer une année blanche, d’autant que les revendications pédagogiques objectives ont été prises en charge. Un calendrier sera arrêté pour la prise en charge de ces revendications conformément à la feuille de route et aux mécanismes convenus avec les représentants des étudiants des deux filières, à l’issue de la série de rencontres tenues avec les représentants du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique », rapporte le même document. Seddiki Mohamed, SG du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière a pour sa part affirmé que l’annonce d’une année blanche est une décision pédagogique et non administrative ».