Un changement ministériel est imminent, Quel gouvernement pour gérer l’austérité ?

Un changement ministériel est imminent, Quel gouvernement pour gérer l’austérité ?

large-27756الحكومة-تحضر-لقانون-مالية-تكميلي-مستعجل-fd491.jpgLa tâche incombera-t-elle à l’équipe actuelle coordonnée par le Premier ministre Sellal ou sera-t-elle dévolue à de nouveaux profils qui pourraient, par exemple, être recrutés dans la sphère des technocrates ?

Appréhendée, finalement, dans sa terrible réalité de contrainte “sévère” et “inquiétante”, la crise induite par la chute drastique des prix du pétrole n’a laissé au gouvernement que le choix de concocter dans l’urgence, il faut le dire, un plan d’austérité budgétaire. Un plan détaillé qui a fait l’objet, dès jeudi dernier, soit le surlendemain du conseil restreint, présidé par le président Bouteflika, d’une instruction aux ministres et walis mais aussi au DG de la Fonction publique.

Les mesures édictées pour amortir des implications négatives de la crise du pétrole sur l’économie nationale sont assorties d’une mise en route diligente, tant est qu’elles prennent effet dès 2015, autrement dit immédiatement. Ainsi en est-il, entre autres, du gel des recrutements dans la Fonction publique. Soit. La question qui se pose cependant reste celle de savoir quel gouvernement gèrera cette période d’austérité longue d’au moins une année.

La tâche incombera-t-elle à l’équipe actuelle coordonnée par le Premier ministre Sellal ou sera-t-elle dévolue à de nouveaux profils qui pourraient, par exemple, être recrutés dans la sphère des technocrates ? L’on sait, pour l’avoir observé de par le monde et même chez nous durant la crise de la fin des années 80, que les crises appellent à des gouvernements dits justement de crise.

La règle devrait logiquement valoir pour la crise qui désormais frappe présentement le pays de plein fouet. À plus forte raison lorsqu’on sait que les mécanismes, qui ont prévalu dans la composition du gouvernement Sellal, tiennent en grande partie des considérations politiques, celles ayant trait notamment aux dosages partisans.

Un remaniement ministériel en vue

D’ailleurs, d’aucuns ont qualifié le gouvernement Sellal de gouvernement d’étape, dès sa nomination en septembre 2012. Son remaniement était dans l’air du temps. Il devait même intervenir dès après l’élection présidentielle d’avril 2014. La crise, née de la durabilité de la tendance baissière du prix du brent sur les marchés internationaux, pourrait agir en facteur qui mettrait un terme aux tergiversations en la matière. Des sources proches du gouvernement évoquent une atmosphère de fin de mission pour l’Exécutif.

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui, selon nos sources, se verrait renouveler la confiance, se prépare déjà à étrenner un nouvel Exécutif qui sera dominé par le profil technocrate, notamment à la tête des secteurs dans lesquels les effets de la crise se feront le plus ressentir. Nos sources évoquent le débarquement d’au moins une dizaine de ministres du gouvernement actuel lors d’un remaniement au courant du mois de janvier, voire au plus tard début février.

Nos sources soulignent aussi la forte éventualité de voir, austérité oblige, le regroupement de deux ou plusieurs départements dans un seul ministère. Mais pour l’essentiel, outre le doigté dans la gestion des retombées financières de la crise du pétrole, le nouvel Exécutif aura aussi à se prévaloir de tact politique. Car, il va sans dire que la crise en appelle nécessairement à des concessions de la part du gouvernement qui, pour se sortir de l’impasse, aura impérativement besoin de négocier des passerelles avec les partis de l’opposition, des syndicats et des associations.

Cela est encore plus difficile dans l’état actuel des choses, avec une opposition qui non seulement fait bloc mais aussi n’entend la négociation que dans le sens de l’engagement véritable d’une transition démocratique. Si on ne peut pas prédire quel chemin la négociation politique empruntera, on peut néanmoins soutenir que le virage est encore plus ardu à négocier pour le gouvernement qui n’usera pas de l’opulence comme d’un paravent.

Risques de perturbations sociales

Le gel des recrutements dans la Fonction publique, de loin le plus grand employeur, ne restera pas sans conséquences sur le front social.

À coup sûr, la décision impactera lourdement le chômage dont la courbe est déjà ascendante. D’autant que le secteur économique reste, dans sa globalité, assez peu développé pour prétendre absorber la masse de main-d’œuvre qui arrivera sur le marché du travail en 2015.

Le constat est valable aussi bien pour le public que pour le privé. Pour ce dernier encore davantage, puisque moult contraintes, entre autres les blocages administratifs, voire politiques, freinent son essor. Mille et un projets d’investissements sont tombés à l’eau faute de quitus gouvernemental, dans plusieurs secteurs d’activité (PME et grands projets industriels).

Ce qui est donc prévisible, c’est une stagnation en matière d’emploi, ce qui n’est pas sans risque sur la germination de la contestation sociale. Les syndicats activant dans le secteur de la Fonction publique avertissent déjà de ce risque, préconisant, eux, plutôt que le gel des recrutements, la réduction du train de vie de l’État.

La demande de ce que les gros salaires des hauts fonctionnaires et des parlementaires soient revus à la baisse, comme il se pratique, au demeurant, par ailleurs. Ils alertent aussi sur le risque de la réaction sociale et syndicale si le gouvernement venait à manquer à sa promesse de réviser le fameux 87 bis. Cette révision grèvera fortement le budget de fonctionnement de l’État qui, pour 2015, prévoit déjà, dans le cadre de la loi de finances, de dépenser 2 104 milliards de dinars en salaires des fonctionnaires.

S A. I.