Travail de la femme en Algérie, Le choc des statistiques

Travail de la femme en Algérie, Le choc des statistiques

P140208-16.jpgLe choc des statistiques

Les chiffres présentés démontrent une contradiction quant au nombre de femmes actives.

La présence de la femme dans le monde du travail ne fait pas l’unanimité. Non pas au niveau social, mais sur le plan des statistiques. Entre le ministère du Travail, le Cread (Centre de recherche en économie appliquée pour le développement) et l’ONS (Office national des statistiques), les chiffres s’entrechoquent au point de faire apparaître de sérieuses contradictions sur l’employabilité de la femme.

Toutes ces contradictions ont été constatées mercredi dernier, lors d’une journée d’étude sur l’emploi féminin au Centre national d’étude, d’information et de documentation sur les femmes, la famille et l’enfance (Cneidffe) situé au Télémly (Alger). Les statistiques avancées par le représentant du ministère du Travail, Brahim Kheireddine, indiquent que le taux des femmes travailleuses dans le secteur public en 2012 a atteint 607.160, soit 31,8%. Les statistiques de 2013, selon le même responsable, indiquent que le dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (Daip) a enregistré 49.076 jeunes, dont 19.867 femmes, soit 7,6%. M.Brahim Kheireddine a indiqué aussi que les demandes enregistrées au niveau de l’Anem (Agence nationale de l’emploi), durant l’année écoulée sont de plus de deux millions de demandes, dont 576.416 femmes, soit 28,3%.

Pour sa part, Lakehal Amel, directrice des statistiques et de l’emploi à l’Office national des statistiques (ONS), a communiqué d’autres chiffres de 2013. Sur un échantillon de 21 000 ménages à l’échelle nationale, presque deux millions de femmes occupent un poste de travail avec un taux de 17%, alors que le chômage ne touche que 360.000, soit un taux de 9,8% dans les deux secteurs (privé et public) dont 16,3% de femmes. Mme Lakehal a souligné, par ailleurs, qu’une évolution notable est observée en ce qui concerne l’emploi féminin, car il a progressé de 15,3% en 2009, pour atteindre 17,5% en 2013.

D’un autre côté, et selon M.Musette Mohamed Saïd, directeur de la recherche au Cread, les chiffres avancés par l’ONS ne reflètent pas une profonde vision de l’emploi féminin. M. Musette estime que ces statistiques sont récoltées pendant des périodes précises et ne s’étalent pas durant toute l’année. Il a signalé, en outre, que les chiffres de l’ONS qui indiquent un million de chômeurs en Algérie, sont en totale contradiction avec ceux communiqués par le représentant du ministère du Travail qui indique que deux millions de demandes de travail ont été enregistrées au niveau de l’Anem. Il a déclaré également que «certaines familles comptent trois chômeurs et un seul travailleur. Pour d’autres, c’est l’inverse». Lors de cette journée d’étude organisée sous le thème «L’emploi féminin: défis et réalités», une convention de partenariat dans le domaine de la recherche a été signée entre le Cread et le Cneidffe pour une durée de quatre ans. La ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme Mme Souad Bendjaballah a indiqué: «Notre ministère a besoin d’enquêtes et d’études réalisées sur le terrain sur l’emploi féminin pour prendre les dispositions nécessaires», soulignant par la suite: «Les lois pour protéger la femme existent, mais sur le terrain la vérité est tout autre. Les chercheurs et enquêteurs doivent nous dire comment ces lois sont appliquées afin qu’on puisse les améliorer.» Pour clôturer cette journée d’étude, les participants, issus de plusieurs ministères, des associations patronales et syndicales ont avancé des propositions pour établir une feuille de route. Celles-ci s’articulaient principalement autour de la coordination entre les secteurs concernés par l’emploi de la femme, le changement de la vision de la société envers la femme, la formation des femmes en matière d’accompagnement, les quotas de travail exclusifs pour les femmes. Mais également donner de la visibilité au centre à travers les médias.