Toujours cédée à 100 dinars, Mystère autour de la pomme de terre

Toujours cédée à 100 dinars, Mystère autour de la pomme de terre

pomme-de-terre-champ.jpg«Aujourd’hui, la pomme de terre est reine», nous ont déclaré hier des marchands de légumes du marché Boumezzou en nous montrant la qualité de la marchandise qu’ils venaient de débarquer.

« C’est de la bonne qualité et elle vient directement de Mostaganem. Regardez, elle est tellement fraîche que vous pouvez l’éplucher facilement avec les doigts », nous dit fièrement un marchand en procédant tout de suite à une démonstration pour nous convaincre. Question prix, nos interlocuteurs avanceront qu’ils ont acquis la marchandise au prix de gros dans le marché du Polygone à 85 dinars le kilo.

« Et à combien voulez-vous qu’on la cède au client ? A 100 dinars, et ce n’est pas cher payé ! », ont-ils estimé. En demandant pourquoi son prix reste fixé à cette hauteur ils répondront sans hésiter qu’il faut poser la question « aux organismes de contrôle de l’Etat qui laissent les mandataires faire ce qu’ils veulent ».

Dans la foulée, son voisin nous apprendra que le marché de gros du Polygone « a reçu ce matin (ndlr, hier) la visite des brigades de contrôle de la direction du commerce. Mais ce contrôle n’est que de la poudre aux yeux, a-t-il considéré, car les agents de contrôle se sont pointés à des horaires administratifs, à 8h et à 9h. Et ils n’ont rien trouvé, les grossistes ont tout vendu à l’aube, profitant de l’obscurité ». Un troisième a fait remarquer que la pomme de terre locale, celle de couleur rouge, est absente des étals car, selon lui, elle n’est pas tellement prisée par les consommateurs. «Pourtant, dira-t-il, elle est plus succulente et ne prend pas beaucoup d’huile à la cuisson».

Il ajoutera que cette catégorie de pomme de terre est rare parce qu’elle n’a pas été cueillie durant ces journées de pluie. «Parce que, a-t-il déploré, nos ouvriers agricoles ne veulent pas travailler sous la pluie et dans la boue». Et il tenta une comparaison disant que «la pomme de terre blanche qui nous vient de Mostaganem, cédée à 75 dinars le kilo au prix de gros, a été arrachée après le passage de la pluie qui a touché cette région ».

Après cette conversation édifiante avec les détaillants, nous avons navigué entre les étals pour relever les tarifs des autres légumes, éclipsés quelque peu par cette chère pomme de terre. Et là aussi, les prix ne sont guère indulgents avec la bourse du consommateur moyen, surtout si l’on considère que le kilo de courgettes est à 120 dinars, celui du piment fort également, les haricots verts et les haricots blancs qui, pour une fois, se sont entendus pour être cédés à 160 dinars le kilos, etc.

Le chou-fleur, quant à lui, a fait son entrée à hauteur de 140 dinars, la tomate toute rouge, venant tout juste de débarquer des serres en plastique des wilayas du Sud, est cédée à 80 et 90 dinars le kilo. Mais celui qui tient le haut du tableau est bien le piment doux, originaire de la même région du Sud et qui est cédé à pas moins de 180 dinars le kilo.

Deglet Nour, ou du moins la qualité de ce célèbre produit qui est commercialisé sur le marché local, se vend à 520 dinars le kilo. Pour l’ordinaire, celle de saison, elle est proposée à 220 dinars. Au rayon des viandes, le poulet premier choix est à 290 dinars. Pour les viandes rouges, le boeuf reste plafonné à 850 dinars et le mouton entre 1000 et 1200 dinars, selon la qualité.

La bonne viande hachée, non congelée, qui suit le prix du bifteck, évolue toujours dans les hauteurs de 1200 – 1300 dinars le kilo. Pour les bourses modestes, elles peuvent l’acquérir à 800, voire à 600 dinars, mais mélangée à des abats qui contiennent beaucoup de graisse. Ce qui n’est franchement pas le cas de le dire pour un pouvoir d’achat qui s’amincit de jour en jour.

A. Mallem