Ténès : Une ville historique enclavée et ignorée

Ténès : Une ville historique enclavée et ignorée

téléchargement-625.jpgLe nom Ténès, Anenss en berbère, voulant dire «campement, passer la nuit ou lieu de halte» car les Numides au début de leurs installations passaient la nuit au nord du plateau de Ténès, craignant la navigation nocturne et ses dangers, et s’approvisionnaient en eau potable dans les nombreuses sources de ce nouveau lieu. La toponymie de la région de Ténès est essentiellement d’origine amazigh car toute la région du Dahra était occupée jadis par des tribus berbérophones dont le dialecte zénète est différent du Kabyle des Zouaouas.

En l’an 1302, les Andalous commencent la construction de Ténès El Hadhara (la ville civilisée) appelée plus tard «Vieux Ténès» par les colons français, et où se trouve la mosquée de Sidi Maiza (considérée comme la 3e du pays et datant du début du Xème siècle. Ténès devient alors une ville universitaire et certains géographes arabes tels que El Bekri (1068) ou Al Yaakoubi viennent y travailler Ténès est une commune de la wilaya de Chlef, située à 52 km au nord de Chlef, chef-lieu de la wilaya,et à 200 km à l’ouest d’Alger. Ténès est une ville côtière de la mer Méditerranée, située au nord de l’Algérie, à mi-distance d’Alger (à environ 215 km à l’est) et d’Oran (à environ 230 km à l’ouest). La rivière Oued Allala, anciennement Oued Er-Rihan (rivière des Myrtes), en sortant de l’étroit défilé des gorges, où elle s’engage au nord de Sidi Akkacha (anciennement appelée Montenotte), contourne le « Vieux Ténès » par la droite pour aller se jeter dans la mer à moins d’un kilomètre, traversant une petite plaine côtière, délimitant ainsi les deux parties. C’est le cours d’eau le plus important de la région avec l’oued Taghzoult à l’ouest. Le massif calcaire du Cap Ténès, au nord-est de la ville est essentiellement formé de calcaires blancs compacts du Lias moyen, ces calcaires sont azoïques et de même nature que ceux du Chenoua à 90 km à l’est. Il s’agit du premier pointement de la chaine calcaire littorale en Algérie. Elle culmine à 642 m d’altitude, mais le mont Tazanount, au sud-est du Cap Ténès est le point le plus élevé du littoral du Dahra central avec ses 779 m. Le port de Ténès est un port de pêche et un port de commerce dédié exclusivement au transport de marchandises. Le port assure des liaisons maritimes vers les ports de l’Ouest algérien, Oran et Mostaganem, et vers le port d’Alger.

Le nom Ténès, Anenss en berbère, voulant dire «campement, passer la nuit ou lieu de halte», car les Numides au début de leurs installations passaient la nuit au nord du plateau de Ténès, craignant la navigation nocturne et ses dangers, et s’approvisionnaient en eau potable dans les nombreuses sources de ce nouveau lieu. La toponymie de la région de Ténès est essentiellement d’origine amazigh car toute la région du Dahra était occupée jadis par des tribus berbérophones dont le dialecte zénète est différent du Kabyle des Zouaouas. Ces noms anciens, dont la signification n’est pas toujours claire, disparaissent au profit de noms récents, la dissolution des confédérations et des tribus belliqueuses du Dahra au XIXe siècle par les français, l’acculturation qui s’ensuivit, l’assimilation dans les centres urbains et l’arabisation des populations a accéléré ce phénomène. Citons quelques exemples de toponymes amazighs de la région de Ténès : Oued Tafelilès, Tigharghar, Teraghnia, Djebel Tazanount, Guelamime, Djebel Achzerfet, Taghalimt, Mainis, Talassa, Aghbal, Bouyazit,Tadjna,Taghzoult, Djebel Tamist, Bouzguirat, Taougrit,etc.

Un haut lieu de la Préhistoire

L’histoire urbaine de Ténès commence au 9e siècle av. J.-C, avec les occupations successives, des Puniques, des Berbères, des Romains, des Vandales, des Byzantins, des Arabes, des Turcs et des Français. Vers Le VIIIe siècle av. J.-C., les Phéniciens fondent à Ténès un comptoir commercial et des échanges commerciaux apparaissent avec la population berbère. Des tombeaux existent à ce jour sur la côte de la ville. A partir de ce moment la ville porta le nom de Cartenna. Au IIIe siècle av. J.-C., située à l’ouest de la Numidie orientale, elle est placée sous le commandement de Syphax. Sous la domination carthaginoise, elle est délivrée par Massinissa à la fin du siècle. En l’an 30 av. J.-C, Selon l’historien romain Pline l’ancien, Auguste y installe les soldats de la 2e Légion romaine. Aujourd’hui sont découverts des vestiges datant de cette époque comme par exemple des mosaïques avec des inscriptions romaines : Caius Fulcinius Optatus, soldat de la 2e Légion, ou bien celle de Victoria, fille de descendance sénatoriale décrite dans le livre : « Le Trésor de Ténès ».

Entre 875 et 882, la région est entre les mains du chef militaire musulman Abou El Mouhajir Dinar, puis par les dynasties Rostemide, Maghraoua, Ziride, Almoravide, Almohade, Zianide et Mérinide.

En l’an 1302, les Andalous commencent la construction de Ténès El Hadhar appelée plus tard « Vieux Ténès » par les colons français, et où se trouve la mosquée de Sidi Maiza (considérée comme la 3e du pays et datant du début du Xème siècle. Lalla Aziza bent Soltane est la fille de Sidi Merouane El-Bahri, saint protecteur de la ville de Ténès et son roi pendant des années. De santé fragile, elle est morte très jeune. Son père qui l’adulait, décida de construire cette mosquée en son hommage.

Ténès devient alors une ville universitaire et certains géographes arabes tels que El Bekri (1068) ou Al Yaakoubi viennent y travailler. Au début du XVIe siècle, les Espagnols sont chassés par les Turcs, à la tête desquels se trouve Kheireddine Barberousse. La ville reste ainsi sous domination turque jusqu’à la colonisation française. La région de Ténès constitue un des hauts lieux de la Préhistoire du nord de l’Algérie. L’occupation continue et très ancienne de Ténès, depuis le Paléolithique moyen (période Atérienne) à nos jours en fait une ville au patrimoine préhistorique et archéologique assez riche. Les occupations successives de la ville ont laissé beaucoup de vestiges; pour la période préhistorique citons : les grottes préhistoriques au Cap Ténès, les stations de campements et ateliers de taille du silex en plein air tout le long du littoral, les escargotières ibéromaurusiennes et néolithiques etc., dont la plupart sont malheureusement détruites ou abandonnées. La construction de la nouvelle ville française sur les ruines mêmes de l’antique Cartenna, la dispersion des trouvailles, la destruction de ruines souterraines lors de la reconstruction font que la ville perdit beaucoup de vestiges de son passé glorieux. La nécropole punique appelée «tombeau phénicien» à Ténès, est abandonnée. Le même phénomène s’observe au Vieux Ténès, au sud de la ville, cité médiévale construite au IXe siècle ap-J.C. par des marins andalous, sa citadelle, Bordj el ghoula (Tour de l’ogresse), est complètement délaissée et sa petite casbah tombe en ruine ou est défigurée par des constructions récentes.

Le trésor de Ténès

Le Trésor de Ténès a été découvert en 1936 dans les thermes d’une villa de Ténès. Il est constitué par une collection de 19 pièces de bijoux. Ils devaient appartenir à de riches familles romaines qui vivaient à Ténès et qui cachèrent ce trésor à l’arrivée des Vandales en août 429. Le trésor de Ténès comprend 19 objets, dont 17 en or, 1 en argent, 1 en bronze. Trois fibules en or, l’une figurant un dauphin, les deux autres cruciformes. Sept éléments de garnitures de ceintures en or, à savoir : deux plaques-boucles, deux plaques-appliques, un bout de ceinture, et deux boutons-œillets; quatre bracelets en or, dont deux bracelets torsadés, un brisé, un autre orné de pierres précieuses, un autre en opus interrasile ; une ampoule d’argent ; deux étuis d’or, dont l’un, le plus petit, était un reliquaire; une anse de bronze brisée ; une broche en or, avec le médaillon d’une impératrice, et trois petites croix suspendues .

Par Rachid Moussaoui