Tamanrasset : des femmes se spécialisent dans la collecte de graviers pour faire face aux contraintes de la vie

Tamanrasset : des femmes se spécialisent dans la collecte de graviers pour faire face aux contraintes de la vie

fe5110a273ff86432258b5818c79739d_XL.jpgDe nombreuses femmes de la région du Tidikelt, notamment d’In-Ghar et In-Salah (Tamanrasset), ont défrayé la chronique des métiers, et opté, en quête d’une source de revenus, pour un travail dur et pénible, consistant en la collecte de graviers destiné à la construction.

Très loin de la douceur et du raffinement de la vie féminine, ces femmes, que la situation sociale n’a pas vraiment favorisées, contrairement à beaucoup de leurs congénères, sont nombreuses à braver quotidiennement les dures conditions naturelles caractérisant les hamadas de ces contrées sahariennes, pour aller collecter ce « précieux » gravier et subvenir aux besoins de leur famille.

Que ce soit sous le froid glacial de l’hiver, ou la chaleur insoutenable de l’été, marquant cette région du pays, l’une des plus chaudes au monde, ces femmes n’hésitent pas à investir, chaque jour dès l’aube, à bord de camions, la grande et aride hamada, à la recherche de sites pour la collecte de ce matériau indispensable à la construction.

L’objectif étant la collecte quotidienne de quantités de cailloux à entasser, durant trois à quatre jours, selon la saison et la disponibilité du matériau, pour pouvoir compléter un chargement de camion, moyennant une somme ne dépassant pas les 4.000 DA par chargement qui sera ensuite revendu aux entreprises et particuliers à des fins de réalisation de projets de construction.

Munies d’eau et d’aliments, ces femmes, vêtues d’habits usés, voilées de foulards bariolés et fardées de potions et produits locaux, pour certaines de Kerkem et safran, pour d’autres, le Mekkara et Hommira, des préparations à base de plantes pour protéger le visage du soleil et de la poussière suffocante, utilisent pour déterrer ce minerai, les moyens traditionnels disponibles, dont des tamis et des régimes de dattes usés et polis, des outils dérisoires et inappropriés, pour dépoussiérer le terrain et récupérer le gravier.

Pour Khalti Djamâa, une quinquagénaire, ces « chantiers » féminins, parsemés sur 10 kilomètres aux abords de la route reliant In-Salah et In-Ghar, et sur 11 aux abords de la RN-52 reliant In-Ghar à la wilaya d’Adrar, ne manquent pas d’attirer l’attention des usagers de la route, les amenant souvent à s’arrêter pour satisfaire leur curiosité concernant cette activité menée en plein désert, et, de surcroît, par des femmes.

Ammi Omar, un des camionneurs, estime que ces mains douces converties en « carrières naturelles » sont pourvoyeuses d’un matériau de construction, à un prix « largement inférieur » à celui pratiqué par les carrières industrielles qui connait, lui, une hausse effrénée, entraînée par la forte demande sur ce matériau induit par les nombreux chantiers de construction dans la région.

Des habitants d’In-Salah -rencontrés par « l’APS »- estiment, cependant, que cette forme d’exploitation du gravier, n’est pas sans conséquence sur la nature, puisque le sable retenu jusque là par ces petites pierres et autres résidus naturels, se trouve libéré au gré des vents, provoquant à la fois l’érosion du sol, la désertification et l’extension des zones sablonneuses.

Faisant très peu cas de ce constat, nécessité oblige, ces femmes ne « désarment » pas et continuent, pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, d’exploiter ces lieux.