Salon de l’automobile de l’ouest à Oran: La foire d’empoigne.

Salon de l’automobile de l’ouest à Oran: La foire d’empoigne.

Il y avait foule mercredi aux abords du Centre de conventions d’Oran (CCO) où s’est ouverte la 16e édition de l’automobile de l’Ouest (Autowest 2016) dans une confusion indescriptible. Des centaines de citoyens s’étaient massés depuis le matin le long du CCO dans l’espoir de figurer parmi les premiers arrivants aux stands d’exposition pour passer commande.

Une certitude vite battue en brèche par les représentants des firmes et un service d’ordre débordé. L’ouverture du salon, vers 14h, a avivé les tensions et exacerbé le sentiment de “hogra” chez des citoyens déjà harassés par les heures d’attente dans un froid glacial. Dès 6h du matin, de potentiels acheteurs arrivaient par petits groupes de plusieurs wilayas du pays. Des visiteurs originaires du centre ont passé la nuit dans leur voiture sur le parking tout proche.

Ils sont surpris par une longue file d’attente de clients venus d’autres localités de la wilaya d’Oran. Le ton monte très vite, des voix fusent en interpellant les organisateurs du salon sous le regard impuissant des policiers. Un citoyen de la wilaya de Khenchela ne décolère pas, affirmant qu’il fait le pied de grue depuis 8h du matin. Son voisin, un habitant de Saïda, est arrivé à 5h du matin. La plupart des citoyens que nous avons interrogés ignoraient que l’ouverture du salon était fixée à 14h. Dans la mêlée générale, la nervosité a atteint son paroxysme.

Transis de froid et affamés, les visiteurs, parqués dans un couloir de haies en fer, crient au mépris et à l’arrogance. Le décor est planté et le clou du spectacle : des centaines de visiteurs en furie forcent la grande porte grillagée en se ruant littéralement vers l’entrée du CCO. Et pour corser le tout, les organisateurs ont installé deux postes à l’entrée du Centre pour faire payer 20 DA l’accès. “Cela s’apparente à du misérabilisme, et au vu de l’organisation, les responsables devraient avoir honte”, lance un quinquagénaire originaire de Béchar.

À l’intérieur, c’est la cohue. De nombreux citoyens sont massés devant le stand de Renault Algérie production. C’est la foire d’empoigne. Il faut jouer des coudes et se battre le cas échéant pour se frayer un chemin menant au guichet de commande pour arracher le document donnant droit à un véhicule Renault Symbol à 160 millions de centimes. On exhibe le papier comme un trophée remporté de haute lutte. Dans cette ambiance survoltée, une bagarre éclate entre des citoyens et le staff technique d’une chaîne de télévision privée.

La police tente d’intervenir pour ramener le calme. Un citoyen accompagné de sa fille âgée de 3 ans, veut arracher la caméra des mains du journaliste. “C’est ça, vous voulez nous donner en spectacle aux étrangers pour dire que les Algériens ne connaissent pas de crise. Rendez-moi le film ou je fais un malheur”, hurle-t-il. Sa fillette pleure, elle est récupérée par un citoyen qui essaie d’expliquer à l’énergumène que les journalistes ne font que leur travail. À 18h, la tension était encore palpable dans l’enceinte et à l’extérieur du CCO où des centaines de citoyens continuaient d’affluer.

Dans ce grand désordre, la disponibilité des véhicules est très limitée et la livraison imminente impossible.