Reprise des violences à Ghardaia, Qui attise le feu de la fitna?

Reprise des violences à Ghardaia, Qui attise le feu de la fitna?

ghardaia_850132_679x417.jpgLe calme ne revient pas à Ghardaïa pour s’installer durablement

Cette crise endémique intercommunautaire risque, à terme, de déstabiliser toute la région du M’zab.

Malgré toutes les mesures prises par le gouvernement pour apaiser l’esprit des habitants, le calme ne revient pas à Ghardaïa pour s’installer durablement. Les violences et les affrontements entre les communautés malékite et ibadite sont devenus cycliques et ne s’éteignent que pour mieux repartir. Ainsi, et deux jours après l’installation d’une commission interministérielle chargée de l’examen des voies et moyens pour consolider la maîtrise de la situation dans la région par le ministre de l’Intérieur, les heurts intercommunautaires ont repris.

C’est au moment où toute l’Algérie a célébré le 53e anniversaire de l’indépendance que des échauffourées violentes ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche entre des jeunes des quartiers de Kef Hamouda et de Baba Saâd à Berriane, faisant une dizaine de blessés dont deux grièvement.

Des heurts ont été également enregistrés dans des quartiers de la vallée du M’zab (Ghardaïa) où des groupes de jeunes, munis de pierres et de cocktails Molotov, ont relancé les hostilités par des jets de projectiles notamment dans les quartiers de Melika et Sidi Abaz. Le retour sporadique des affrontements soulève la question sur l’efficacité des initiatives du gouvernement.

Toutes les solutions proposées, alliant les aspects sécuritaires et économiques, n’ont pas abouti. Le ministre de l’Intérieur qui a annoncé, jeudi dernier, que l’Etat veillerait à l’application «rigoureuse» de la loi contre tous ceux qui «s’avisent de porter atteinte à l’ordre public ou de compromettre l’avenir de cette wilaya» ne s’attendait certainement pas à ce que la situation dégénère deux jours plus tard. A chaque fois que le gouvernement s’engage dans une démarche, la situation dégénère juste après. Ni le dialogue entre les représentants des deux communautés ni l’initiative du Premier ministre qui s’est rendu à deux reprises sur les lieux ni la dernière commission interministérielle n’ont réussi à ramener le calme.

Même la présence en force des agents de l’ordre s’est avérée peu porteuse de solutions. Déployées en grand nombre, les forces de l’ordre, appuyées par des unités de la Gendarmerie nationale, ont été mobilisées pour faire cesser ces incidents et sécuriser les habitants dans ces quartiers et mettre fin aux affrontements. Les résultats escomptés ne sont pas là. Cette crise endémique intercommunautaire risque, à terme, de déstabiliser toute la région du M’zab et pousser les habitants, notamment Mozabites, à adopter un autre langage et d’autres revendications plus radicales. Qui attise alors le feu de la fitna dans la région? A qui profite la situation? Le mal ne peut plus être enduré éternellement et les provocations ont trop duré. Pour les habitants de la vallée, la violence ne fait pas partie de leurs coutumes séculaires. Des notables locaux de différentes composantes de la société ghardaouie exhortent à chaque fois les pouvoirs publics à mettre un terme à cette situation, appelant les habitants à la «vigilance et à la sagesse» pour éviter ces affrontements. Sans effets. La dernière mesure du gouvernement était l’installation, jeudi dernier, d’une commission interministérielle chargée de l’examen des voies et moyens pour consolider la maîtrise de la situation dans la région. La cérémonie d’installation s’est déroulée en présence du directeur général de la Sûreté nationale (Dgsn), le général-major Abdelghani Hamel, d’un représentant du commandement de la Gendarmerie nationale et des secrétaires généraux des ministères concernés. La commission se réunit une fois par mois à Ghardaïa ou à Alger et oeuvrera, selon le ministre de l’Intérieur, dans le cadre d’une approche inclusive visant à réaliser, en premier lieu, la sécurité et la stabilité et à imprimer une dynamique de développement à Ghardaïa outre le suivi de l’application des décisions prises en faveur de la wilaya.