Quatre ministères touchés par un remaniement, L’enigme Benyounès

Quatre ministères touchés par un remaniement, L’enigme Benyounès

amara-benyounes_850356_679x417.JPGBouteflika a procédé, ce jeudi, à un mini remaniement ministériel, un peu plus de deux mois, seulement, après la grande lessive de mai. Quatre départements sont concernés et plusieurs interrogations s’imposent. Le plus notable dans ces changements est celui du limogeage du ministre du Commerce, Amara Benyounes. Un fidèle d’entre les fidèles, qui quitte, ainsi, le gouvernement à la surprise générale.

 Le président-fondateur du MPA, un parti satellite qui fait du programme de Bouteflika un sacerdoce, se voit éjecté de son ministère, quelques jours, seulement, après avoir donné une interview à un journal, en ligne, où il ne donnait, nullement, l’impression d’être sur le départ. Les observateurs lieront ce changement aux difficultés relationnelles entre Benyounes et le Premier ministre, rendues publiques par l’affaire de la libéralisation de la vente des boissons alcoolisées.

Un dossier qui a poussé Sellal à discréditer son ministre, alors attaqué par les milieux islamo-conservateurs. Si le limogeage de Benyounes répond à cette logique, tout porte à croire que le gouvernement vient de céder du terrain devant ces derniers, en recentrant sa politique. Un gage de bienvenue pour le retour au giron de certains partis islamistes qui y verraient un signe de bonne volonté de l’Etat, pour accélérer la construction du Pôle politique autour du Chef de l’Etat, évoqué par Ouyahia.

L’autre lecture de ce soudain lâchage est liée à la volonté affichée, publiquement, par le désormais ex ministre du Commerce à déclarer la guerre aux importateurs frauduleux. De Tizi Ouzou, il avait parlé de son intention de publier la liste de tous les importateurs algériens. Une première dans un pays où ce segment d’activité reste, étroitement, lié à des lobbies puissants.

Evoquant, encore, cette question de lobby, des observateurs imputent ce limogeage à ce que Benyounes aurait touché à des intérêts français, en déclarant, notamment, le 21 juin dernier, que «le gouvernement algérien n’était pas au courant du contenu du projet d’implantation d’une usine Peugeot en Algérie.».

Il sera repris, moins de 24 heures, plus tard, par son collègue de l’Industrie, Abdesselam Bouchouareb, qui le contredit, publiquement, en affirmant que le projet du constructeur français avance bien. On soupçonne, encore, Benyounes d’être derrière la fuite d’un rapport accablant, sur Renault et Peugeot, accusés d’optimisation fiscale. Le nom de son remplaçant est en soi une surprise, là encore, puisqu’il s’agit d’un retour, 20 ans après, à la tête du ministère du Commerce. Belaïb Bakhti, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait, déjà, occupé le poste, en 1997, alors nommé par Liamine Zeroual.

L’ex porte-parole du RND qui avait joué un rôle-clé dans la destitution de Ouyahia est, ainsi, le nouveau ministre du Commerce. Sur son bureau, des dossiers d’actualité comme celui de l’assainissement de l’importation, défendu par Sellal himself. Si le départ de Khomri était attendu, puisque l’homme est absent pour cause de maladie, son remplaçant El Hadi Ould Ali, ex-directeur de la Culture de la wilaya de Tizi Ouzou, à la tête du département de la Jeunesse et des Sports laisse également, perplexes les observateurs. Il s’était surtout fait remarquer, en tant que directeur de campagne de Bouteflika, dans la wilaya, lors des deux dernières élections présidentielles.

Sid Ahmed Ferroukhi se retrouve à la tête du ministère de l’Agriculture et du Développement rural englobant de fait celui de la Pêche, dont il détenait le portefeuille, depuis mai 2015.

Il remplace Abdelkader Kadi qui avait déjà été éjecté, auparavant, du ministère des Travaux publics et nommé wali de Tipaza.