Production d’hydrocarbures : Bouterfa défend l’option du schiste.

Production d’hydrocarbures : Bouterfa défend l’option du schiste.

Noureddine Bouterfa remet le dossier du schiste au cœur des débats. Le ministre de l’Energie a estimé que le déclin « inéluctable » du gaz conventionnel imposait le développement du gaz de schiste. « Nous sommes condamnés à y aller un jour ou l’autre. Maintenant, il faut dialoguer, sensibiliser et être à l’écoute des préoccupations afin de dédiaboliser les hydrocarbures non conventionnels », a indiqué Noureddine Bouterfa dans une interview accordée hier au quotidien l’Expression.

Connu pour son franc-parler, le ministre de l’Energie relance le débat sur les hydrocarbures non conventionnels, creusant ainsi son sillon de défenseur du schiste, un sujet tout aussi sensible qu’excitant. Au lendemain de la révision de la loi sur les hydrocarbures de 2013, plusieurs troubles ont éclaté çà et là à travers plusieurs wilayas du Sud.

Ladite révision de 2013 a prévu, faut-il le rappeler, « l’introduction de mesures fiscales incitatives pour encourager les activités relatives aux hydrocarbures non conventionnels ». Un article de loi qui a mis le feu aux poudres, provoquant des heurts entre agents de l’ordre et manifestants, à In Salah notamment, non loin des premiers puits d’expérimentation. Après plusieurs jours de manifestations, le gouvernement a cédé à la pression de la rue, annonçant l’arrêt provisoire des forages à In Salah. Depuis, la loi demeurait une simple déclaration à manifestation d’intérêts sans que des textes d’application viennent clarifier les intentions de l’Exécutif. Noureddine Bouterfa semble vouloir donner du contenu au précédent article compris dans la loi de 2013.

Selon lui, le gouvernement pourrait recourir à la révision de cette loi dans son aspect fiscal si cette démarche s’avérait nécessaire. Elle est d’ailleurs à la source de l’échec des précédents appels d’offres, à en croire le ministre de l’Energie. « Nous examinons la situation pour voir s’il est absolument nécessaire de réviser la loi. Personnellement, je ne suis pas très favorable à la révision de but en blanc.

La loi est incitative dans beaucoup d’aspects, mais il y a certains paramètres à réviser par voie réglementaire de façon à donner plus d’attractivité au secteur sans avoir à modifier le texte législatif », a-t-il noté. En tout cas, dans son aspect lié aux hydrocarbures non conventionnels, la loi de 2013 est restée vague tant sur le plan des incitatifs fiscaux que du point de vue de la production et de sa commercialisation.

Noureddine Bouterfa suggère à demi-mots que l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels serait une solution au déclin des ressources conventionnelles. Quoi qu’il en soit, l’actuel ministre de l’Energie est connu pour ses positions en faveur des énergies fossiles. Pour avoir pris la défense du gaz du schiste, il aura au moins le mérite d’avoir relancé un débat si sensible, à l’heure où la baisse des niveaux de production et des taux de récupération des gisements fait craindre des lendemains incertains sur l’amont gazier et pétrolier.

Dans son aval, le ministre reconnaît que l’Algérie est confrontée à une rude concurrence sur le marché international du gaz, une réalité face à laquelle « les contrats à long terme vont devenir très difficiles à maintenir vu l’évolution du commerce du gaz naturel liquéfié (GNL) ». Par ailleurs, Noureddine Bouterfa a levé le voile, à la même occasion, sur le projet de Sonatrach dans le domaine de la pétrochimie.

Selon lui, l’Algérie pourra transformer localement toute sa production de pétrole brut à l’horizon 2025 grâce aux projets de pétrochimie actuellement en réalisation ou à l’étude. Ces projets permettent d’entrevoir un « bond appréciable » dans le domaine de la diversification et de la substitution aux importations, selon le ministre qui a précisé que les quatre raffineries à venir (Tiaret, Hassi Messaoud, Biskra et Arzew) accroîtront la production de carburants de quelque 20 millions de tonnes. Ces quantités sont « largement suffisantes pour la consommation locale, avec un surplus qui sera destiné à l’exportation », avance M. Bouterfa, considérant que cette projection faite par le gouvernement est aussi « le grand défi de Sonatrach ». Décidément, le raffinage revient comme une option de taille parmi les choix du gouvernement après avoir été déclarée coûteuse. En témoigne l’accord conclu récemment par Sonatrach et Total pour l’examen de la faisabilité d’un méga-complexe de pétrochimie.