Polémique sur la gestion du budget de l’Etat, Sellal entre paix sociale et prudence économique

Polémique sur la gestion du budget de l’Etat, Sellal entre paix sociale et prudence économique

les de2 (4).jpgLa sonnette d’alarme tirée par l’argentier du pays, Karim Djoudi, relative à la prudence dans la gestion des deniers publics, ne semble pas trouver un écho positif chez le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ni des formations politiques, comme le cas du parti des Travailleurs.

La gestion des dépenses publiques a été toujours un casse-tête pour le gouvernement et en l’absence d’une économie productive et la dépendance aux hydrocarbures, cette question revient à chaque fois que les prix de baril chutent. Cependant, au sein de l’Exécutif, l’avis de la prudence n’est pas partagé par tout le monde et même des partis politiques s’opposent à l’alerte lancée par le ministre des Finances, Karim Djoudi.

Jeudi dernier, l’argentier du pays dira que la tendance à la baisse que connaissent actuellement les prix mondiaux du pétrole, conduit l’Algérie à adopter  »plus de prudence » en matière de politique budgétaire, en avertissant contre l’effet d’une augmentation démesurée des salaires dans les prochaines années.

Cette sonnette d’alarme tirée par le ministre des Finances, ne semble pas freiner le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a choisi le chemin de la paix sociale. Dans ce cadre, des dépenses importantes seront allouées aux populations du Sud, généralisation de l’octroi des crédits sans intérêts aux jeunes, donc, le taux d’intérêt sera pris en charge par le trésor public, puisque le système bancaire en Algérie, fonctionne par des crédits sans intérêts.

Par ailleurs, des projets de nouvelles infrastructures sont annoncés lors des différentes visites effectuées dans sept wilayas, par le Premier ministre.

Il est à rappeler aussi que les entreprises dans le Sud, sont instruites pour ouvrir de nouveaux postes budgétaires, sachant que la sûreté nationale va recruter près de 12 000 jeunes, entre policiers et agents assimilés, dans les wilayas du Sud.

Du côté des partis politiques, si certains ne réagissent plus à la vie socio-économique du pays, la secrétaire générale du Parti des travailleurs n’apprécie pas du tout les récentes déclarations du ministre des Finances, Karim Djoudi, sur les salaires des travailleurs de la Fonction publique.

Dans une conférence de presse qu’elle animée dimanche dernier, Mme Hanoune a qualifié la déclaration de l’argentier du pays de « provocante et inacceptable face à la cherté de la vie ». Pour la Sg du PT : « le pays souffre encore du capitalisme ». A ce propos, elle a ajouté qu' »Il y a d’autres mesures à prendre pour améliorer le niveau de vie des Algériens », propose-t-elle, notamment le rapatriement des réserves de change de l’Algérie, estimées à 200 milliards de dollars, épargnées à l’étranger, afin de les investir dans des secteurs porteurs et créer des postes de travail pour absorber le taux de chômage élevé en Algérie. Elle appelle aussi à « instituer un impôt sur les fortunes ».

C’est vrai que le ministre des Finances a évoqué en plus le budget de fonctionnement comme handicap, mais en réalité le budget d’équipement pèse aussi lourd sur le budget de l’Etat avec notamment le phénomène de la réévaluation des projets du programme de soutien au développement économique, et les projets qui ont connu un retard considérable dans la réalisation.

En 2008, 40 milliards de dollars ont été consacrés à la réévaluation des projets du programme de soutien au développement économique, et les projets ont connu un retard considérable dans la réalisation. A l’époque, les initiateurs de la loi de finances 2008, avaient tiré la sonnette d’alarme sur ce phénomène. En 2010, un nouveau programme a été lancé avec plus de 250 milliards de dollars et à la fin de ce quinquennat, beaucoup de projets ne sont pas finalisés, notamment ceux concernant le logement et d’autres à l’arrêt, ce qui veut dire de nouvelles dépenses.

Par Nacera Bechar