Nouakchott s’éloigne de Rabat et se rapproche du Polisario et d’Alger

Nouakchott s’éloigne de Rabat et se rapproche du Polisario et d’Alger

roi-mohammed-vi-et-le-president-mohamed-ould-abdel-aziz-maroc-mauritanie-c-photomontage-20140310173013-500x250.jpgLes événements semblent s’accélérer dans la région du Maghreb où certains repositionnements laissent penser à l’imminence d’une recomposition des alliances stratégiques.

La présence remarquée d’une délégation officielle mauritanienne aux travaux du congrès extraordinaire du Polisario dans les camps des réfugiés sahraouis, a abasourdi le makhzen. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz semble être décidé à tirer le tapis sous les pieds du roi M6 qui pensait avoir en lui un allié fidèle.

Bien que ne reconnaissant pas officiellement la RASD, l’homme fort de Nouakchott, a décidé de dépêcher une délégation conduite par Sidi Ould Zine, membre du bureau politique du parti l’Union pour la république, au pouvoir actuellement, et ancien ministre de la Justice. Un signal fort d’un revirement spectaculaire dans sa position vis à vis de la question sahraouie, mais surtout à l’égard du Maroc avec lequel il entretenait des relations tout au moins correctes.

Apparemment, l’heure du changement à sonné puisque Ould Abdelaziz a tenu à ce que ses représentants soient bien «visibles» à Tindouf aux côtés des officiels algériens. Et pour cause, en plus de l’ancien ministre, M. Sidi Ould Zine, la mission mauritanienne était composée également du président de l’Union des forces du progrès ainsi que des députés membres du groupe d’amitié parlementaire entre la Mauritanie et le Polisario. Du coup, la conclusion semble presque évidente : entre Rabat et Nouakchott, c’est quasiment la rupture.

Une délégation officielle au congrès

Et cet alignement, voire ce soutien franc de la Mauritanie au Front Polisario est loin d’être un simple coup de tête. Faut-il rappeler que son président avait décrété trois jours de deuil à la suite du décès de Mohamed Abdelaziz et dépêché son ministre aux Affaires islamiques et à l’enseignement originel, Ahmed Ahl Ould Daoud, pour assister à la cérémonie d’inhumation de l’ancien chef du Polisario à Bir Lahlou. Autrement dit, la présence des officiels mauritaniens aux congrès du Polisario signifie clairement que ce pays s’apprêterait à reconnaitre la RASD et peut être même ouvrir des relations diplomatiques avec elle.

En tout cas le royaume est quelque peu ébranlé par ces «liaisons dangereuses» entre Nouakchott et le Polisario. La presse de sa majesté se fait largement l’écho de cette peur que la Mauritanie ne bascule dans le camp des soutiens de la région à l’autodétermination du peuple sahraoui.

Le Maroc perd gros

Un site électronique marocain souligne, s’appuyant sur une «source proches du dossier», que ce repositionnement de la Mauritanie serait une riposte à l’accord signé, le 2 mai dernier à Dakar en vertu duquel l’armée américaine a obtenu le droit d’installer une base miliaire à Dakar, au lieu de Nouakchott. Le président Abdelaziz serait ainsi convaincu que le royaume aurait intercédé auprès du pentagone en faveur du Sénégal. Les marocains craignaient aussi le rapprochement entre Alger et Nouakchott surtout après la visite, le 24 mai dernier, du ministre mauritanien des Affaires étrangères, Isselkou Ould Ahmed Izid Bih, à Alger après une année de brouille diplomatique.

Tous ces événements s’ajoutent d’après les médias du makhzen, au fait que les personnels marocains de Mauritel dont est actionnaire Maroc télécom, ainsi que ceux d’une banque du royaume (Ettijaria wafa) priés de quitter le pays, accréditent l’idée que la Mauritanie décidé de fausser les calculs du royaume. Au plan stratégique, c’est une grosse défaite diplomatique pour le Maroc qui perd un voisin et allié de taille.