Notre agriculture ne produit plus rien ? : Et voilà l’oignon espagnol !

Notre agriculture ne produit plus rien ? : Et voilà l’oignon espagnol !

istock_000005679193_extrasmall.jpgDe mémoire de ménagère, l’Algérie n’a jamais importé d’oignons. C’est désormais chose faite, puisque ce produit est maintenant sur les étals des détaillants. 

Il provient d’Espagne, alors que l’année dernière, il y avait chez nous une surproduction dont une grande partie était censée être stockée. Une preuve supplémentaire que notre agriculture est malade de plusieurs maux.

Un pays à vocation agricole qui importe de l’oignon, existerait-il ? Eh bien la réponse est oui, c’est le cas de l’Algérie, où on trouve depuis quelques jours dans les marchés des fruits et légumes de l’oignon importé d’Espagne.

Hier, lors d’une conférence de presse organisée sous le thème «Le marché des fruits», le président de la Commission nationale des représentants des marchés de gros de fruits et légumes, Mohamed Madjber, n’a pas caché son inquiétude à propos de cette situation qui menace la production locale, ainsi que le devenir de centaines de fellahs qui risquent d’être ruinés par la baisse de la demande sur leurs produits. M. Madjber, a indiqué qu’«il est temps d’arrêter ces importations anarchiques». Il évoque le contexte actuel  marqué par la  baisse des cours du pétrole pouvant impacter la facture des recettes des hydrocarbures de notre pays. L’importation coûte à l’Algérie des milliards de dollars ! Et puis, «Nous avons des fruits de qualité tels que les pommes, les oranges, les mandarines …je me demande donc pourquoi on continue à les importer», s’interroge-t-il. Pis encore, l’oignon importé est de mauvaise qualité. Rappelons que le prix de ce produit incontournable a doublé ces derniers temps (65 DA), alors qu’il était cédé à peine à 30 DA il y a quelques jours.  Abordant le problème de la pomme de terre, dont le prix a dépassé tout entendement, le mois dernier et qui a défrayé la chronique, le même intervenant a mis en cause le déstockage de ce tubercule, qui a semé le désordre sur le marché local et a été à l’origine de la hausse des prix. «De nombreux propriétaires de chambres froides ont imposé leur diktat en écoulant au compte-gouttes leurs produits, espérant tirer le plus de profit possible».

«C’est une pénurie provoquée» ! L’Algérie est incapable de produire les semences de pomme de terre, a-t-il regretté. Selon les prévisions établies par les responsables du secteur  «nous allons importer 120 000 qx de semences de Hollande, un pays qui détient le tiers de la surface agricole de l’Algérie», a-t-il déploré. Face à cette situation, les spécialistes ont appelé les ministères de l’Agriculture et du Commerce à «ouvrir une enquête pour connaître les vraies raisons qui empêchent le développement de la production agricole sachant que l’Algérie ne produit presque plus rien et dépend totalement des importations». Ils interpellent également les services de contrôle pour serrer certains importateurs, qui évitent le marché de gros pour écouler leurs marchandi-ses dans des circuits illicites, et ce, pour échapper éventuellement au fisc. Evoquant les prix des fruits et légumes, M. Madjber a demandé au ministère du Commerce de revoir le système de fixation des prix, citant l’exemple du marché de Rouïba où les prix sont exagérés. «Arrêtons d’accuser les mandataires, les seuls qui tirent profit de cette situation sont les détaillants, qui prennent une grande marge bénéficiaire sur les produits agricoles». l’UGCAA a mis en garde contre certains opérateurs  à «double casquette», allusion faite aux pseudo-fellahs, qui bénéficient des subventions et du soutien de l’Etat, mais qui, en réalité, activent dans le créneau de l’importation.

Samia Lounes