Merah : la bande sonore était placée sous scellés

Merah : la bande sonore était placée sous scellés

A French policeman stands in front of a bank (Background-C) where four people have been taken hostage by a man claiming to be linked to al-Qaeda in the southern French city Toulouse on June 20, 2012. The man fired a gun and wants to talk to the RAID special police forces unit that shot dead Al-Qaeda-inspired gunman Mohamed Merah in March following a siege of his flat in the same city after he went on a killing spree, according to the police. AFP PHOTO / ERIC CABANISPlacé sous scellés et consultable uniquement au palais de justice de Paris, l’enregistrement diffusé dimanche soir par TF1 a sans doute «fuité» entre jeudi et dimanche, plus vraisemblablement avant le week-end.

Qui a livré à TF1 l’enregistrement de Mohamed Merah, diffusé dimanche soir? Cette bande fait, selon nos informations, l’objet de mesures de protection exceptionnelles. Une retranscription figure de longue date au dossier, mais le son originel, qui fait partie des pièces de la procédure, est soumis à un accès restreint. Des experts ont achevé récemment leurs travaux sur cette bande. Et l’ont renvoyée aux juges d’instruction qui œuvrent en cosaisine.

Ceux-ci, en milieu de semaine dernière, ont informé les avocats concernés qu’aucune copie ne serait délivrée, justement pour empêcher la divulgation de cette pièce – placée sous scellés et consultable uniquement au palais de justice de Paris – auprès du grand public.

Une décision qui a fait l’unanimité. La fuite a donc sans doute eu lieu entre jeudi et dimanche, plus vraisemblablement avant le week-end.

Une enquête pour violation du secret de l’instruction

Les parties civiles se sont immédiatement indignées de la diffusion d’extraits audio par TF1, à l’instar de Me Patrick Klugman, conseil des familles des trois enfants et du père de famille juifs assassinés le 19 mars à l’école Ozar Hatorah de Toulouse: «La parole de Mohamed Merah n’est rien d’autre que de la propagande. Il commente ses crimes, en fait l’apologie, professe son théorème salafiste et ment pour protéger on ne sait qui.»

Indignation, aussi, d’avoir été mises devant le fait accompli: «TF1 aurait pu prendre la peine de nous prévenir et de présenter le document autrement, avec, par exemple, un grand témoin sur le plateau», tempête Me Simon Cohen, l’un des pénalistes les plus réputés de Toulouse.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour violation du secret de l’instruction, confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la «police des polices», parallèlement chargée par le ministère de l’Intérieur d’une enquête administrative.

Les sources potentielles des journalistes de TF1 sont peu nombreuses: qui a jugé opportun de transmettre une bande hautement protégée à la presse? Faut-il y voir un contre-feu avant que l’avocate algérienne du père de Mohamed Merah ne produise, en principe jeudi prochain, la «preuve» que ce dernier a été sciemment «assassiné» par la police? «C’est une affaire d’État, ajoute Me Cohen. Il est positif que Manuel Valls se soit exprimé. Mais j’aurais aussi voulu entendre le garde des Sceaux.