Mali : Réconciliation pour stopper Al Qaida

Mali : Réconciliation pour stopper Al Qaida

02_535047027.jpgLe malheur des uns fait le bonheur des autres.

C’est à cela que ressemble la situation au nord du Mali, puisque la présence de plus en plus remarquée d’Al Qaïda dans cette zone pousse les différentes ethnies et communautés à enclencher un processus de «réconciliation», une initiative qui a démarré dès samedi dernier, à Tombouctou, et devait se terminer hier en fin de journée.

«C’est une réunion qui regroupe Touareg, Arabes, Songhaï, toutes les composantes des populations des trois régions du nord. Nous insistons tous sur la réconciliation, après des moments d’incompréhension», a affirmé à l’AFP l’un des modérateurs de la rencontre, Amed Ag Mahmoud, un notable du nord.

«C’est une réunion de réconciliation, une première depuis dix ans. Nous avons également décidé de soutenir la lutte du gouvernement malien contre Al Qaïda dans la bande sahélo-saharienne», a affirmé de son côté l’un des représentants de la région de Gao, Moussa Maïga.

Cette réunion, la première depuis une décennie, a regroupé des dizaines d’élus et de notables de la région.

Des guerres avaient souvent opposé les différentes communautés de cette région désertique du Nord du Mali, un des pays les plus pauvres de la planète.

Avant cette rencontre intercommunautaire, plusieurs autres rencontres de réconciliation ont eu lieu.

La plus connue est cella ayant regroupé, sous l’égide de l’Algérie, les rebelles touareg du nord et le gouvernement malien.

Regroupés autour d’un ancien officier, Ibrahim Ag Bahanga, ses rebelles, cantonnés essentiellement dans la ville de Kidal, dans le nord, demandent essentiellement des mesures économiques qui permettent un essor à une région, jugée trop pauvre et délaissée par le pouvoir central.

Ces groupes ont même attaqué à plusieurs reprises l’armée régulière et emprisonné des militaires.

Plusieurs rounds de négociations, supervisés par l’ambassadeur d’Algérie à Bamako, Abdelkrim Ghrieb, ont eu lieu et ont permis de libérer les otages et de signer un accord de paix.

Un accord, signé en juillet 2006 à Alger, a mis les balises d’une entente entre les deux parties.

En contrepartie d’un dépôt des armes par les rebelles, le gouvernement malien s’est engagé à débloquer des fonds pour le développement des régions objet de conflit.

Et pour mieux arranger les choses, l’Algérie a mis la main dans la poche en promettant de construire des infrastructures de base dans la région du Kidal.

Il s’agit essentiellement d’écoles, de centres de formation et de soins.

Sur le plan purement sécuritaire, l’Algérie, soucieuse de sécuriser ses zones frontalières, notamment après l’introduction de plusieurs groupes terroristes dans la zone sahélo-saharienne, a mis à la disposition du Mali d’importants moyens militaires.

Ceci en plus d’une coopération entre les armées des deux pays, conjointement avec l’armée libyenne.

C’est le président malien, Amadou Toumani Touré, qui avait confirmé cette information au début du mois de juillet, évoquant une rencontre avec ses homologues algérien et libyen.

Il faut dire que la situation dans la région du Nord du Mali s’est dégradée ces derniers mois.

Plusieurs otages, dont deux Autrichiens libérés, et un Britannique, exécuté au mois de mai, ont été cachés ou capturés dans les régions désertiques du Mali.

Ce qui confirme la présence de groupes terroristes liés à Al Qaïda au Maghreb islamique dans cette région.

Par manque de moyens, l’armée malienne ne peut, seule, faire face à des groupes extrêmement mobiles dans des zones très vastes.

Et le pari est loin d’être gagné, puisque ces groupes terroristes, qui agissent avec la complicité des réseaux de contrebande, étendent leur champ d’action jusqu’aux profondeurs du Sahel.

C’est pour coordonner les efforts des pays de la région -et écarter les velléités des Américains d’établir des bases militaires dans la bande sahélo saharienne- qu’un sommet a été programmé, puis reporté, à Bamako.

Cette rencontre au sommet est apparemment d’actualité ces derniers temps, même si aucune partie officielle n’a encore confirmé l’information.