Makri : les attaques de Bouteflika visent des “parties” au sein du pouvoir et menacent la “stabilité”

Makri : les attaques de Bouteflika visent des “parties” au sein du pouvoir et menacent la “stabilité”

Abderrazak_Mokri_03_600_158691001.jpgLes divisions au sein du régime s’aiguisent a affirmé samedi, Abderrezak Makri, Président du Mouvement pour la Société de la Paix (MSP- Islamiste) en réaction au discours du président Bouteflika, lu en son nom le 19 mars à Ghardaïa, dans lequel il promet une riposte « ferme » contre les opposants accusés de mener une politique de la « terre brûlée ».

Le chef du MSP accuse avec force le président de la république de menacer ce « qui reste de libertés » en Algérie et de chercher à « bâillonner » les gens. Il lui demande de faire plutôt preuve de « fermeté » à l’égard de la corruption qui, dit-il, est enracinée dans le régime.

« Nous n’acceptons pas de vous des menaces contre les libertés » a-t-il ajouté. Abderrezak Makri a demandé à Bouteflika de faire preuve de fermeté en s’occupant des  » réseaux de corruption ». « Ramenez-nous Chakib Khelil et ceux qui sont avec lui ! Qui protégeait Khelil ? Ramenez-vous l’affaire Khalifa ? Qui a donné l’agrément à Khalifa (pour créer sa banque) ? Qui protégeait Khalifa » ?

Les réponses à ces questions paraissent évidentes pour le chef du MSP qui a ancré le mouvement dans l’opposition et se positionne comme le chef de file de la CNLTD.

« Tout le monde sait que c’est le président Bouteflika qui protégeait Khelil » a tonné le chef du MSP en appelant le chef de l’Etat à faire preuve de « fermeté » contre la corruption et « pour l’intérêt du pays ».

Bouteflika doit parler « directement » au peuple

La corruption est « devenue une culture « a-t-il dit et elle est devenue une menace pour l’avenir de l’Algérie. Le chef du MSP s’est livré un décryptage du message du 19 mars en le mettant sur le compte de l’exacerbation des divisions à l’intérieur du régime.

« Nous ressentons à travers ce ton inhabituel du président, si cela est vraiment de son fait, le signe d’une aggravation des luttes au sein des appareils de l’Etat. Ce ton prouve qu’il y a exacerbation des luttes au sein des appareils » et c’est une bataille de clans dans laquelle le MSP refuse de s’impliquer, a-t-il précisé.

Les attaques du président Bouteflika « sont destinées, à travers l’opposition, à des parties et des clans au sein du régime et des appareils d’Etat ». Makri a appelé le chef de l’Etat à s’adresser « directement » au peuple algérien afin que l’on puisse s’assurer de la « véracité des lettres écrites que lisent certains en son nom ».

Il l’invite à « se pencher sur les problèmes qui préoccupent les citoyens” et citant notamment la dégradation de l’enseignement, l’inflation… et les “menaces qui guettent la sécurité nationale”, à l’image de la corruption et les scandales de Sonatrach.

Pour Makri, les « attaques » du président Bouteflika sont « inquiétantes » et menacent la « stabilité du pays » et ne contribuent pas au  » renforcement de l’union nationale”.

Le chef de l’Etat, dans un message lu par son conseiller Benamar Zerhouni, a vivement attaqué des « pseudos hommes politiques » soutenus par une « presse sans éthique » qui œuvrent “matin et soir à effrayer et démoraliser les Algériens”.

Abderrezak Makri, a affirmé que l’Algérie est “chanceuse” d’avoir une opposition “mûre, sage et nationaliste”. “La CNLTD œuvre à la protection et la sauvegarde de l’union nationale, sa stabilité et la sécurité de ses enfants”, a-t-il rétorqué.

Benflis doute de l’orgine du message

L’ancien candidat au scrutin présidentiel du 14 avril 2014, Ali Benflis avait réagit autrement aux critiques du chef de l’Etat.

Dans un communiqué adressé à aux médias le 20 Mars, Benflis a affirmé qu' »outre tous les autres ravages qu’elle occasionne au pays, la vacance du pouvoir rend particulièrement difficile de savoir qui fait dire quoi au premier responsable du pays ».

En soulignant la vacance du pouvoir, il précisera que »on ne sait qui du titulaire nominal de la fonction présidentielle ou des cercles occultes qui se sont constitués à la faveur de la vacance du pouvoir est le véritable concepteur et l’instigateur réel de ces agressions politiques contre l’opposition nationale ».

La teneur du message, s’inquiète Ali Benflis, traduit la panique du régime » et cela n’augure rien de bon pour notre pays ».