L’interminable galère au consulat d’Algérie à Vitry

L’interminable galère au consulat d’Algérie à Vitry

4977533_ff2b74dc-353a-11e5-9151-001517810e22-1_545x460_autocrop.jpgVitry-sur-Seine. Hanane*, 28 ans, installée à Chelles (Seine-et-Marne), aura finalement passé un peu plus de 12 heures au consulat d’Algérie. (LP/F.D.)

« Vous savez ce que c’est ici ? Ici c’est la fin du monde ». Fatiah, les yeux grands ouverts, fait vraisemblablement partie de ceux qu’un passage par le consulat d’Algérie à Vitry a rendus « fou ». Depuis que celui de Melun (Seine-et-Marne) est fermé, le consulat de Vitry – que nous ne réussissons pas à joindre depuis des mois – doit absorber les demandes de 180 000 ressortissants, immatriculés sur cinq départements : Val-de-Marne, Seine-et-Marne, Essonne, Nièvre, Yonne.

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La «galère» ordinaire devant le consulat d’Algérie

Il y a trois mois, les services y ont été réorganisés, à l’arrivée d’un nouveau consul. Chaque service (état civil, juridique, social…) dispose désormais de sa propre caisse. Le but : « désengorger les salles d’attente et la salle de la caisse principale ». Quelles différences dans les faits ? Nous avons suivi une ressortissante une journée.

6 heures, bien placée dans la file d’attente. Comme tous les autres, avenue du Président-Salvador-Allende, Hanane*, 28 ans, essaie de ne pas flancher. Son départ de Chelles (Seine-et-Marne) à 4 heures avec son mari lui a assuré une bonne place dans la queue. Venue pour une demande de carte consulaire de passeport biométrique, cette étudiante a bon espoir de ne pas y passer la journée. Dans son dos, un jeune homme victime d’un malaise tôt le matin a été pris en charge par les pompiers.

9 h 15, la porte est passée ! Problème : Hanane se retrouve dans une nouvelle file, celle du photomaton. Elle obtient le ticket d’attente n° 89 pour sa demande de carte consulaire. Le temps presse. Hanane, qui ne dispose que d’un passeport temporaire, espère pouvoir partir en vacances en Algérie en octobre, une fois ses études terminées. Ses parents vivent à Tizi-Ouzou, en Kabylie, à une centaine de kilomètres d’Alger. La jeune femme y a vécu toute sa vie avant son arrivée à Paris, il y a un an et demi.

11 h 30, plus qu’à 47 personnes avant le guichet. « Mais j’ai enfin eu un rendez-vous pour le passeport », se réjouit l’étudiante. Il est fixé à 14 heures le 20 novembre 2015. Il lui faudra ensuite en prendre un autre, cette fois pour le retirer. À l’intérieur, les gens peuvent suivre leur « progression » sur de nouveaux écrans.

2 heures, le problème du déjeuner. Pas question de se faire doubler. Hanane a la chance d’avoir trouvé une place assise. « Il y a toujours autant de monde, beaucoup d’enfants, de personnes âgées », constate-t-elle. Des altercations, aussi. Elle a rendez-vous à un guichet en début d’après-midi pour déposer ses documents.

13 heures, retour à la case départ. Hanane est obligée de faire un aller-retour chez elle, à Chelles. L’agent lui apprend qu’il lui manque des pièces, comme son certificat de scolarité. « Ca n’apparaissait pas dans la liste qui figure sur le site du consulat », déplore la jeune femme.

16 h 45, la délivrance. « Épuisée », Hanane peut repartir, carte consulaire en main et rendez-vous pour le passeport fixé. À son départ, la dame au guichet l’aurait presque « félicitée ». « Elle m’a dit qu’elle n’aurait jamais le courage de venir à 4 heures du matin ». Entre-temps, Hanane a été obligée de prévenir l’entreprise où elle est en stage qu’elle ne pourrait pas être là l’après-midi. Elle a dit qu’elle allait, sans doute, avoir un « tout petit peu de retard ». Fanny Delporte