L’impérative maîtrise des dépenses: Le « tout-import » n’est pas une fatalité.

L’impérative maîtrise des dépenses: Le « tout-import » n’est pas une fatalité.

Le premier ministre, Abdelmalek Sellal présidera, le lundi 13 février, une réunion interministérielle consacrée à la limitation des quotas d’importation. Une limitation destinée à juguler la baisse drastique des revenus pétroliers.

Plusieurs ministères sont appelés à prendre part à cette réunion dont celui de l’habitat et du commerce, le ministère de l’industrie et des mines, celui de l’agriculture et autres.

« C’est une nécessité »,   clame le président de la confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) Abdelaziz Mehenni. La question est au centre des préoccupations de tous les  producteurs algériens qui attendent, du gouvernement, la poursuite de l’application des «mesures de protection de la production nationale» et «l’encouragement de l’exportation» de l’excèdent de production.

Après l’instauration des quotas pour le secteur automobile et les matériaux de construction, la démarche  du gouvernement doit également toucher,  selon le président de la Cipa, la filière de transformation des déchets ferreux et non ferreux.

«Nous exportons les huiles usées des voitures, le plomb des batteries non utilisées et d’autres produits que nous importons, quelques mois plus tard, sous formes de produits finis alors qu’ils ont été tout juste recyclés à l’étrangers»,  relève M. Mehenni, pour qui cette situation doit cesser car « ça provoque une véritable hémorragie de devise à notre pays». Il plaide pour la mise en place d’une «véritable politique de transformation de tous ces produits en Algérie».

Le président de la Cipa note également que si la facture des matériaux de construction a connu une baisse considérable en 2016, les chiffres communiqués par le centre des statistiques des douanes relève une «hausse sensible de l’importation des produits de céramique et de faïence ».

«Je pense qu’il y a suffisamment de producteurs publics et privés ayant investi dans ce créneau et dont le rendement, en terme de quantité et de qualité, n’est pas à remettre en cause. Ce créneau doit aussi faire objet de restriction à l’importation»,  souligne-t-il. De même pour les produits alimentaires qu’il faut « réguler avec la plus grande rigueur ». En un mot, Mehenni estime qu’il faut mettre un terme à cette politique qui a fait que l’Algérie «importe le chômage et exporte le travail».

Abondant dans le même sens, le président de l’association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) Mouloud Kheloufi,  qualifie la   décision du gouvernement de poursuivre le processus d’instauration des quotas de sage.  «C’est une très bonne chose. Cela permet aux responsables d’être au courant de la manière dont sont gérées les dépenses  publiques et de passer ainsi à la maitrise de l’importation», précise-t-il.

Outre les quotas, le contrôle de ce créneau s’avère « nécessaire » car il permet « une visibilité de l’organisation mise en place ». Pour lui, les opérateurs exerçants dans le domaine de l’importation « doivent œuvrer et travailler pour les intérêts de l’Algérie ».

Le président de l’AGEA se réjouit des premiers résultats de la fixation des quotas des matériaux de construction, ce qui a eu comme effet « la satisfaction de 85% des besoins exprimés par la production nationale en 2016 ». Il propose «d’arrêter l’importation des véhicules» et d’accorder des facilitations pour l’importation des «équipements  pour les secteurs industriel, agricole et le BTPH».

Ces importations « ne doivent pas se faire sur le compte du  trésor public mais plutôt aux frais des entreprises» qu’il faut laisser prospecter de bonnes occasions à l’étranger.

En ce qui concerne la facture de l’alimentation, Kheloufi appelle l’Etat à intervenir, plus fermement, pour la régulation. « Il faut laisser les gens importer sans impliquer le trésor public. Il est aussi nécessaire d’instaurer de lourdes taxes sur ces produits pour un effet dissuasif», a-t-il indiqué.

Farid Ait Ali, expert économique se dit « contre » la politique du quota étant donné que « les besoins de la population doivent être satisfaits » sans pour autant mettre en place des conditions. Il rappelle que l’importation de 600 000 véhicules à partir de 2014 est « une exception » intervenue suite à la révision de la grille des salaires dans le secteur public. « Autrement, les capacités d’absorption du marché local ne dépassent pas les 70 000 véhicules annuellement » a-t-il assuré, précisant que le quota va toucher « la liberté des choix des citoyens » et « la liberté de l’exercice commercial de l’entreprise ». Ait Ali estime que le but de fabriquer 500 000 véhicules annuellement, tracé par les pouvoirs publics « n’est pas facile à atteindre ».

Il est important, a-t-il suggéré, de mettre en place « une véritable industrie automobile » avec de grandes capacités de production des différents segments. Concernant les matériaux de construction, il précise que « la forte » hausse de l’importation du rond à béton et du ciment a été boosté par « la commande publique » à travers la réalisation de plusieurs projets d’équipements et d’infrastructures de base. « Une fois ces projets arrêtés, la production nationale suffira largement » a-t-il dit. Les perspectives d’exportation des matériaux de construction vers l’Afrique « restent approximatives » étant donné que « le cout de revient et de transport de ces matériaux sera très élevé ».

Farid Ait Ali regrette l’absence de « business plan » et de « structures d’accompagnement ».